Une nouvelle FRSEA portée sur les fonts baptismaux
Une FRSEA à l’échelle de la future grande région, avec un nouveau projet politique.
de la nouvelle FRSEA dont le projet politique se décline autour de 3 grands axes majeurs : la performance économique
des secteurs agricoles et agroalimentaires, leur durabilité ainsi que l’évolution des métiers.
L’assemblée générale constitutive de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles Nord-Pas-de-Calais-Picardie s’est déroulée le 27 novembre à Amiens. Celle-ci a marqué la création de la nouvelle structure régionale, née de la fusion des anciennes FRSEA de Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Outre les aspects statutaires, cette réunion a permis de présenter un nouveau projet politique qui reprend les grandes orientations communes pour la future région. «L’élaboration de ce projet politique constitue une étape cruciale dans le rapprochement de nos structures, explique Laurent Verhaeghe, fraîchement élu président de la FRSEA Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Il s’inspire des Plans régionaux à l’agriculture durable du Nord-Pas- de-Calais et de Picardie (PRAD). Finalement, cela s’est fait assez facilement. Un groupe de travail a ainsi été chargé de mettre en musique ce nouveau projet politique pour la grande Région.»
Des enjeux et une vision partagés
«Nos deux régions historiques sont relativement proches au niveau agricole», rappelle Laurent Degenne, secrétaire général de la nouvelle FRSEA. Les défis à relever sont néanmoins nombreux tels la préservation du foncier agricole, le renouvellement des générations, l’évolution des pratiques agricoles. Aussi l’ensemble des responsables syndicaux de la nouvelle région partagent-ils une vision commune qui repose sur trois enjeux : travailler pour un revenu, développer des filières compétitives et diversifiées, ainsi que le rôle de l’agriculture et des agriculteurs sur le territoire.
La performance économique
Afin d’y répondre, trois axes stratégiques ont été identifiés. Le premier vise à «promouvoir une agriculture diversifiée, créatrice de valeur ajoutée et d’emplois, ainsi que génératrice de revenus, qui répond aux attentes des consommateurs, des transformateurs et des marchés d’export». En clair, l’idée est de défendre tous les types d’agriculture, en confortant et en continuant à développer les productions agricoles animales et végétales qui sont sources de valeur ajoutée. Les responsables syndicaux régionaux demandent notamment «qu’un peu de lest soit lâché sur les contraintes réglementaires pour favoriser la compétitivité des exploitations agricoles et des entreprises agroalimentaires». Ces derniers militent également pour le renforcement des filières agroalimentaires «pour créer et partager davantage la valeur ajoutée», en adaptant notamment l’offre à la demande du consommateur. «Il ne s’agit pas de produire des matières agricoles qui ne se vendent pas ou ne s’exportent pas, souligne Pierre Hannebique, président de la FDSEA du Pas-de-Calais. Nous avons aussi à réfléchir sur les évolutions de notre agriculture et de nos productions en lien avec les filières d’amont et d’aval.» Et d’ajouter : «Nous devons apprendre à anticiper ces mutations, et non rester de simples spectateurs.» Il insiste aussi sur l’amélioration du travail des agriculteurs au quotidien tant sur le plan du droit du travail que sur le plan technique. «Les aides du Feader doivent nous apporter cette notion de compétitivité», martèle-t-il. Sans oublier la nécessité de mieux valoriser la position géographique de notre région, «située au cœur de l’Europe», en rappelant notamment que 47 % des productions régionales sont commercialisées à l’export.
La durabilité
Le deuxième axe s’attache, quant à lui, à faire reconnaître l’activité agricole dans les enjeux d’aménagement du territoire et de la préservation de l’environnement. D’où la nécessité d’allier davantage agriculture et développement territorial : «Nous avons une grande diversité de systèmes de culture, qui contribuent à la grande diversité des paysages de nos régions», affirme Guillaume Chartier, président de la FDSEA de l’Oise. Et de poursuivre : «La terre est notre outil de travail, pas uniquement une variable d’ajustement des attentes sociétales.» Si la surface agricole utile (SAU) recouvre 67 % du territoire régional, les terres artificialisées, elles, en représentent 12 %. Dans ce contexte, il s’avère vital de préserver le foncier agricole. «Nous avons certes besoin d’infrastructures performantes, reconnaît Guillaume Chartier. Mais il ne faut pas faire de la compensation environnementale sur le dos de l’agriculture.» Il devient enfin primordial de favoriser le dialogue entre les agriculteurs et la société afin de porter «un projet agricole durable adapté à la diversité des exploitations et à leurs contextes socio-économiques.» Il s’agira donc de «s’appuyer sur l’expérience de chaque région de façon à conforter des systèmes d’exploitations viables, et qui soient cohérents et durables dans le temps». «Cela passera par la maîtrise de la consommation énergétique, et donc par un soutien très fort de la future grande région sur les orientations liées à la production d’énergies renouvelables et aux substituts du pétrole, indique Guillaume Chartier. Nous avons des pôles de recherche qui sont en place, les outils sont là.» L’innovation sera, selon lui, l’une des voies d’avenir importante et «le monde agricole tient absolument à être partie prenante sur ces dossiers». L’objectif étant d’éviter de voir «s’échapper de la valeur ajoutée que l’on pourrait garder à notre niveau».
La recherche et l’innovation
Justement, le troisième axe du projet politique régional revient sur la nécessité de «préparer l’avenir par la recherche, la formation et l’innovation», notamment en organisant et en promouvant le potentiel de recherche dans les domaines de la génétique, du machinisme et de l’agroalimentaire via les pôles de compétitivité, à l’instar du pôle IAR qui permet de trouver des solutions pour développer les agroressources. En assurant également le transfert des innovations agronomiques vers les exploitations agricoles, ou encore en anticipant les besoins de main-d’oeuvre des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire de demain. «Il est anormal que nos entreprises ne parviennent pas à trouver des salariés qualifiés pour répondre à leurs besoins», assure Laurent Verhaeghe. Il appelle à « adapter l’emploi aux exploitations de demain, ainsi qu’à valoriser la diversité de nos métiers». Et Laurent Degenne de prévenir : «La mobilisation de chacun, sera indispensable pour donner corps à ce projet politique ambitieux.»
Président : Laurent Verhaeghe
Secrétaire général : Laurent Degenne
Trésorier : Laurent Cardon
Secrétaire adjoint : Thierry Bourbier
Vice-président(e)s : Jean-Christophe Rufin, Pierre Hannebique, Jean-Yves Bricout, Guillaume Chartier, Françoise Crété
Membres : Christine Delefortrie, Christian Durlin, Francine Théret, Michel Lapointe, Bernadette Brehon, Denis Delattre, Hervé Davesne (membre de droit), Clément Cuvillier (membre de droit).
Une nouvelle directrice
C’est Stéphanie Doligez qui devient la directrice de la FRSEA Nord-Pas-de-Calais- Picardie. Celle-ci occupait jusqu’alors la fonction de directrice de la FRSEA de Picardie.
N.B. : Le président de la future Chambre régionale d’agriculture sera membre de droit à la fois du bureau et du conseil mais, les élections n’ayant pas encore eu lieu du côté des chambres, celui-ci rejoindra le CA et le bureau de la FRSEA dès son élection.