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Abattoir et élevage dans la Somme : où en est-on ?

Au cours de la session de la Chambre d’agriculture de la Somme a été évoquée, entre autres, la problématique des abattoirs de proximité. Quelle est la solution pour les éleveurs de la Somme ?

L’élevage souffre, dans son ensemble, d’un problème d’organisation de travail récurrent, d’une baisse du nombre d’éleveurs, ainsi que des effets de l’agribashing à son encontre : tel est le constat du comité d’orientation élevage.
L’élevage souffre, dans son ensemble, d’un problème d’organisation de travail récurrent, d’une baisse du nombre d’éleveurs, ainsi que des effets de l’agribashing à son encontre : tel est le constat du comité d’orientation élevage.
© Costie Pruilh

Petit retour en arrière. Le 30 janvier dernier, le couperet tombait. Aussitôt la liquidation judiciaire de la Société nouvelle abattage de Montdidier (SNAM) prononcée ce jour-là, le dernier abattoir de la Somme fermait ses portes le soir même, laissant au passage sur le carreau ses vingt-trois salariés. Dès le lendemain, éleveurs et marchands de bestiaux venaient reprendre leurs animaux. Plusieurs réunions, sous l’égide de la préfecture, ont mis autour de la table organisations professionnelles agricoles, éleveurs et porteurs de projet potentiels. Le tout en vain. Une ultime enquête sur les besoins des agriculteurs de la Somme et de l’Oise en abattage a été lancée. Plusieurs pistes étaient soumises, parmi lesquelles un abattoir mobile en attendant qu’un ou plusieurs porteurs du projet d’un nouvel abattoir à Montdidier ne voit le jour ou un abattoir modulaire. Avec comme question sous-jacente : quelle mobilisation des éleveurs pour avoir de nouveau un abattoir dans le département de la Somme ?
Pour l’heure, les éleveurs qui faisaient abattre leurs bovins sur le site de Montdidier ont, comme option la plus proche, l’abattoir de  Formerie, dans l’Oise. Pour l’abattage des porcs, pas d’autre option que Saint-Pol-sur-Ternoise, dans le Pas-de-Calais, autrement dit, pas la porte d’à côté. Autre solution, Nouvion-en-Thiérache, dans l’Aisne, encore plus loin. Sauf que cet abattoir, qui peut aussi accueillir les bovins, sera confronté à un dilemme d’ici deux à trois ans, à savoir rester ouvert, mais à condition d’être réhabilité (aucun investissement n’a été fait depuis des années et l’outil est vétuste, ndlr), ou bien fermer. La Région Hauts-de-France pencherait plutôt pour sa fermeture et sa reconstruction à Saint-Quentin. La Scop de Nouvion, qui gère l’abattoir actuel, pourrait porter le nouveau projet. Voilà pour le panorama.

Quel projet d’abattoir dans la Somme ?
«Dans la Somme, on fait quoi ? On se contente de Saint-Quentin pour les porcs et de Formerie pour les bovins ?», s’interrogeait à haute voix Hervé Drouvin, élu de la Chambre d’agriculture de la Somme et référent du comité d’orientation entreprises et filières récemment mis en place, lors de la session de la chambre, le 13 juin. Une solution existe, celle d’un petit outil d’abattage dans notre département. Tout le monde en parle, mais force est de constater que personne ne veut s’impliquer.
Pourtant, «pour les bovins, on pourrait faire quelque chose en termes de volumes. En revanche, c’est plus compliqué pour les porcs, car cela concerne peu d’éleveurs dans le département, même si c’est un souci pour eux de ne plus avoir d’outil d’abattage», relève l’élu. Un micro-abattoir pour les porcs et les bovins serait la solution, mais pour quel financement et quel surcoût ? La question est ouverte. Une certitude cependant, les établissements Guy Lagache, qui faisaient partie des porteurs de projet pour un nouvel abattoir à Montdidier, ont fait savoir qu’ils ne mettraient aucun porc à abattre dans la Somme, préférant les envoyer sur le site de Nouvion ou Saint-Quentin.
Dans les pistes proposées, à savoir un abattoir mobile pour répondre aux besoins des éleveurs samariens  et isariens ou un abattoir modulaire, la première est d’ores et déjà passée aux oubliettes compte tenu de son coût trop élevé. Quant à la seconde option, «c’est oui ou c’est non, mais il faudra se prononcer dans quelques mois», prévient Hervé Drouvin. La date butoir a été donnée, ce sera le 30 septembre. Ce jour-là, soit les éleveurs se mobilisent, soit il en sera bel et bien fini d’un outil d’abattoir de proximité dans la Somme. Il ne faut pas être grand devin pour imaginer la réponse.

Les défis de l’élevage dans la Somme
Si l’on enregistre une perte de vitesse de l’élevage, notamment laitier, dans le département, «les résultats économiques des élevages par hectare sont supérieurs à certaines cultures», relève Stéphane Verscheure, responsable équipe productions animales de la Chambre d’agriculture de la Somme, et référent technique du comité d’orientation élevage. Voilà pour la bonne nouvelle. En revanche, l’élevage souffre, dans son ensemble, d’un problème d’organisation de travail récurrent, d’une baisse du nombre des éleveurs, ainsi que d’une image souvent dégradée à la suite d’un agribashing exercé principalement par les anti-viande.
Aussi pour prendre tous ces problèmes à bras-le-corps, le comité d’orientation élevage, récemment mis en place à la chambre, a défini plusieurs axes de travail. Si le nerf de la guerre est l’argent, a-t-on coutume de dire, le nerf de la guerre au XXIe siècle est aussi la communication au vu de l’ampleur de diffusion de l’information sur les réseaux sociaux. Une campagne de communication positive de l’élevage s’impose donc pour démontrer la plus-value des exploitations comme la complémentarité qui existe entre l’élevage et les cultures.
Autre axe de travail : l’accompagnement des projets de développement et de valorisation de l’élevage tels que la méthanisation ou le photovoltaïque. Le comité se propose aussi de travailler sur l’accompagnement technique et réglementaire, ainsi que de plancher sur le soutien à l’investissement, comprenez qu’il est temps de préparer l’après PCAE 2020, comme de se prononcer sur un abattoir de proximité. Dernier défi à relever : le bien-être en élevage, qui englobe le bien-être animal et celui des éleveurs.
Et pour cause. Pas une semaine ne se passe sans qu’un scandale n’éclate sur la maltraitance animale. Fondées ou pas, les vidéos lancées sur le Net font le buzz et crispent les relations entre éleveurs et citoyens. En septembre 2017, la loi a donc imposé la création de cellules départementales opérationnelles de lutte contre la maltraitance animale. Elle a été portée sur les fonts baptismaux dans la Somme en février 2018. Ses missions se déclinent par un volet préventif, porté par la chambre d’agriculture, pour détecter les éleveurs en difficulté ; et un volet urgence intervention, porté par la DDPP, pour la maltraitance animale.
En un peu plus d’un an, quinze dossiers ont été traités concernant des éleveurs laitiers et bovins viande, la plupart de plus de cinquante ans et traversant des difficultés sociales et financières. Les problèmes soulevés portent soit ou à la fois sur des effectifs de bêtes supérieurs à la capacité du bâtiment, des défauts de soins, d’alimentation, de nettoyage, d’enlèvement d’animaux morts ou d’identification. «On constate un nombre de dossiers en augmentation. Plus de cas nous sont remontés, et l’on commence à avoir des dossiers portant sur des gros élevages, ce qui n’est pas facile à gérer, commente Stéphane Verscheure. Conclusion : les défis ne manquent pas.



Les priorités de la chambre

Dans son rapport, la présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme, Françoise Crété, a rappelé les six priorités définies au début de sa mandature : le renouvellement des générations dans le monde agricole, la formation desactifs agricoles, la santé économique des filières départementales, l’aménagement du territoire, la communication et l’innovation à la portée de tous. Et d’afficher la volonté de développer, en collaboration avec les autres chambres consulaires, la formation des actifs agricoles et l’emploi.
Sur le plan de l’actualité, outre la menace qui pèse sur la fermeture de la sucrerie d’Eppeville, la présidente a aussi regretté la difficulté à mobiliser autour d’un projet d’abattoir de proximité. Elle a donc fixé une date butoir, soit le 30 septembre. Si à cette date, aucune structure porteuse du projet n’a été trouvée, «il faudra se résigner à son abandon». Autre sujet sur le feu : la séparation des activités de  vente et de conseil phytos. «Celle-ci doit nous conduire à un nouveau modèle de conseil au service des agriculteurs

Pac : point des dossiers déposés

4 629 : c’est le nombre de dossiers déposés, avant instruction, pour les demandes d’aide à la surface, contre 4 682 en 2018, soit une baisse de 1,13 %.

650 : c’est le nombre de dossiers déposés, avant instruction, pour les demandes d’aide à la vache allaitante. Le chiffre est stable.

710 : c’est le nombre de dossiers déposés, avant instruction, pour les demandes d’aide à la vache laitière contre 749 en 2018, soit une baisse de 5,20 % imputable à la baisse des élevages laitiers dans le département.

575 : c’est le nombre de dossiers avec Maec déposés, avant instruction, contre 445 en 2018, soit une augmentation de 29 %, et le bio passe de 143 à 156, soit une augmentation de 9 %.

86,27 % : c’est le pourcentage des dossiers 2016 payés dans le cadre du second pilier au 10 juin dernier, soit 373 dossiers pour 1,6 million d’euros. Le pourcentage est de 61,90 pour 2017, soit 355 dossiers payés pour 1,35 million d’euros.
«L’objectif du ministère est d’avoir fini les paiements de 2016 à la fin du second trimestre, 2017 au cours du troisième, et 2018 au cours du quatrième, permettant ainsi de retrouver une année 2019 avec des paiements aux dates classiques», précise Jean-Luc Becel, responsable du service économie agricole à la DDTM de la Somme.
Pour la campagne 2018, 181 dossiers ont reçu 578 774,84 € au 6 juin, soit 26,27 %.

244 : c’est le nombre de dossiers déposés pour l’appel à projet PCAE 2019, soit plus du double des deux dernières années.

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