Ce que la France propose pour la filière lait
Voici les différents dispositifs soumis par la France concernant le secteur laitier, à la veille du prochain Conseil des ministres de l’Agriculture européens prévu le 14 mars.
La France, à travers sa dernière version du mémorandum datant du 26 février dernier, établit un constat sans appel. Les prix dans la filière laitière, en poudre de lait, beurre et fromage (excepté l’emmental) n’ont cessé de baisser depuis ce début d’année. Le déséquilibre entre l’offre et la demande en est la principale cause. Conséquence directe, des prix payés aux producteurs en chute libre. Et ça n’est pas près de s’endiguer à en croire les prévisions communautaires.
Pour 2016, la Commission européenne anticipe ainsi une augmentation de près de 1 % en volume de lait collecté par rapport à 2015. Pour lutter contre cette surproduction, la France propose l’activation des articles 219, 221 et 222 prévus dans l’Organisation commune des marchés (OCM) afin de freiner la production des pays Etats membres. Première option avancée par la France : la méthode préventive. Le mémorandum français suggère d’utiliser l’article 221 avec une approche dissuasive. Si une réduction de la production de l’ordre de 3 % au niveau européen n’est pas constatée (sur une période de deux mois suggérée par la France), des pénalités financières seraient attribuées aux collecteurs ayant augmenté leurs approvisionnements chez les producteurs.
Une deuxième option ciblerait une réduction volontaire de la production de 3 % sur une période de cinq mois, allant de mai à septembre (période de pic traditionnelle). Cette réduction équivaudrait à un volume de 2 milliards de litres de lait non produits comparés à 2015. Ce volume représenterait 180 000 tonnes de poudre de lait écrémé et 90 000 tonnes de beurre. L’effet sur l’équilibre total serait donc non négligeable. Cette baisse de l’offre passerait par une incitation financière de 100 euros pour chaque 1 000 litres non produits. Pour cette mesure, la France prévoirait une enveloppe maximale jusqu’à 200 millions d’euros au niveau communautaire.
Une troisième voie consisterait à soutenir, par le biais de l’article 222, une réduction, elle aussi volontaire de la production, en permettant d’élargir à d’autres opérateurs tels que les coopératives ou les entreprises de lait, ainsi que les interprofessions, la possibilité de s’associer et de proposer de nouvelles configurations temporaires, afin d’établir des calendriers de production communs. Ce dispositif devrait s’accompagner d’incitations financières via des aides nationales et/ou européennes.
Augmenter le plafonnement et le prix de l’intervention
Le système d’intervention public concernant la poudre de lait écrémé s’opère désormais dans la plupart des pays membres de l’Union européenne. Le taux d’intervention a augmenté de manière significative depuis ce début d’année. Tandis que le volume total de l’intervention affichait près de 40 000 tonnes pour toute l’année 2015, près de 37 000 tonnes ont été utilisées en ce début d’année. Selon la délégation française, ce dispositif aura un rôle majeur à jouer dans les prochains mois pour empêcher les prix de s’effondrer davantage. Surtout dans un contexte où les prévisions de l’Union européenne anticipent une croissance de la collecte. Les plafonds risquent d’être atteints très rapidement.
Au-delà de ces seuils, les achats se font par appels d’offres et leurs prix restent inférieurs aux prix d’intervention de 1 698 euros la tonne. La France préconise donc d’augmenter le plafond de 109 000 tonnes pour la poudre de lait écrémé à 160 000 tonnes pour 2016 en s’appuyant sur les prévisions statistiques de l’organisme ZMB. Le mémorandum suggère également d’élever le prix d’intervention, considéré trop bas et insuffisant, pour compenser les coûts de production des producteurs.