Réglementation
Conseil stratégie phytosanitaire, pourquoi il ne faut pas attendre la dernière minute
Les exploitants agricoles de la Somme ont jusqu’au 31 décembre 2023 pour recevoir leur premier conseil stratégique à l’utilisation des produits phytosanitaires (CSP).
Les exploitants agricoles de la Somme ont jusqu’au 31 décembre 2023 pour recevoir leur premier conseil stratégique à l’utilisation des produits phytosanitaires (CSP).
En collectif ou de manière individuelle, l’important est d’y participer. C’est en substance le message envoyé par les élus de la Chambre d’agriculture de la Somme qui ont abordé le sujet du conseil stratégique phytosanitaire (CSP) lors de leur dernière session, le 14 mars dernier. À ce jour, 594 exploitations ont répondu, ce qui, aux yeux de la présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme, Françoise Crété, est «exceptionnel» : «En à peine quatre mois, les équipes de la chambre ont réalisé près de 600 CSP. J’en suis très heureuse parce que cela démontre la détermination et la mobilisation de nos équipes.» Malgré ce chiffre, elle a néanmoins profité de la présence du préfet de la Somme et des représentants de l’administration pour demander de la «souplesse» dans le calendrier. «Aujourd’hui, a souligné Mme Crété, 12 % des exploitations de la Somme ont suivi le CSP. Nous allons bientôt entrer dans des périodes intenses de travaux dans les champs, avec le semis de printemps, et nous savons bien que ce n’est pas une période favorable pour la formation… Nous ne voulons pas que des agriculteurs soient mis sur la touche parce que le délai pour rentrer dans les clous est trop court.»
Démarche individuelle ou collective
Pour inciter un plus grand nombre d’exploitants à participer, des partenariats avec les coopératives (Sana Terra, Natup, Noriap, Calipso) et négociant (Groupe Carré) ont été créés. Objectif ? Faire la promotion du CSP auprès de leurs adhérents et/ou clients, et proposer des plans d’actions. Pour les élus de la chambre d’agriculture, dont certains ont déjà répondu à l’obligation réglementaire, l’heure est aussi à dissiper les appréhensions. «Il y a encore des agriculteurs qui pensent que c’est quelque chose qui a été mis en place par la chambre d’agriculture, alors que c’est bien une obligation réglementaire…», a expliqué Laurent Degenne, président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France. L’obligation du CSP découle en effet de la loi Egalim dans le cadre de la séparation du conseil et de la vente des produits phytopharmaceutiques.
Agriculteur à Aveluy, Christophe Buisset a souhaité partager son expérience le 14 mars, pour «rassurer» : «J’ai suivi le CSP dans ma commune, en collectif. Cela prend une journée. Au départ, on peut trouver cela rébarbatif, j’y suis moi-même allé avec des pieds de plomb mais, au final, cela permet d’échanger. Je ne suis pas mécontent de l’utilité et des échanges qu’on a pu avoir avec les techniciens qui ont animé la séance et les autres participants.» Y participer en collectif offre aussi l’avantage de réduire le coût.
Identifier des alternatives au tout-chimique
D’une manière générale, à en croire la chambre d’agriculture, les retours de participants sont positifs : «On entend certaines voix dire que le CSP ne sert à rien et qu’il s’agit d’une perte de temps mais, manifestement, les opinions sont beaucoup plus nuancées en fin de formation ou au terme d’un accompagnement individuel», a dit Françoise Crété. Et d’ajouter : «Il est toujours compliqué d’accepter de passer du temps pour quelque chose qui n’est pas crucial pour l’entreprise et qui semble ne rien apporter dans l’immédiat. Mais il faut savoir se poser et réfléchir à une stratégie de protection des plantes qui ne soit pas que 100 % chimique (…) et être souples sur tout ce qui peut concourir à la réduction des doses utilisées.» En donnant l’occasion à chacun de faire un point sur ses pratiques, le CSP en est l’un des outils. Il est à noter que la législation prévoit néanmoins deux exemptions à l’obligation de réaliser un CSP : les exploitations certifiées Agriculture biologique ou en cours de conversion sur la totalité de leur surface, ainsi que les exploitations certifiées Haute valeur environnementale (HVE) de niveau 3.