Du gel hydroalcoolique dans le café
La fabrication de gel hydroalcoolique par les industriels spécialisés habituellement dans la transformation de betteraves en sucre bouleverse les habitudes de certains consommateurs.
Depuis que les groupes sucriers Tereos et Cristal Union ont annoncé leur intention de réorienter le fonctionnement de leurs usines vers la fabrication de gel hydro-alcoolique, trouver un morceau de sucre devient de plus en plus compliqué. On file droit vers une pénurie qui inquiète les Agriculteurs en Herbe (AH) : « On a beau faire des vidéos pour expliquer d'où vient le sucre, bientôt nos enfants n'en connaîtront même plus le goût. Ils pourront seulement en voir en photos, et encore... A quoi bon semer encore des betteraves ? Si c'est pour faire de l'alcool, autant planter des bouteilles ! »
Les industriels, eux, se frottent les mains et assurent que leurs usines peuvent produire de l'alcool encore et encore. « En période de guerre, comme l'a dit le président de la République, on connait le poids de l'alcool. C'est notre façon à nous de participer à l'effort », témoignait il y a quelques jours l'un d'eux.
Gel ou gnole ?
Dans la campagne profonde, la situation ne fait pas que des malheureux. Au Café de l'agriculture de La Prune – on prononce « proane » -, un petit village d'on ne sait pas trop où, Maurice le patron du bistrot remplace depuis plusieurs jours le carré de sucre par deux-trois gouttes de gel. Et les clients fidèles ne s'en plaignent pas : « Ils sont fin contents. Ils ont l'impression de boire un petit coup de gnole ». « Bah oui, témoigne l'un d'eux qui en est déjà à son troisième café, il faut bien faire passer le goût et y paraît qu'ça tue les microbes... »