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Semis de printemps
La plaine s’adapte aux réductions de surfaces de légumes et de betteraves

Avec le retour des beaux jours, les semoirs sont de sortie dans la Somme. Cette année est un peu différente, avec un assolement perturbé par des réductions de surfaces en betteraves et légumes d’industrie. Par quoi remplacer ces cultures à forte valeur ajoutée ? Le point avec la coopérative Sana Terra, implantée dans le Santerre.

Les semis d’orge de printemps et de pois sont réalisables jusque fin mars.
Les semis d’orge de printemps et de pois sont réalisables jusque fin mars.
© J.-C. Gutner

15 % de surface betteravière en moins pour la sucrerie Saint Louis Sucre de Roye, et environ 10 % de moins de légumes d’industrie. Cette année, la plaine Samarienne n’aura pas tout à fait le même visage qu’en 2024… Et les agriculteurs doivent s’adapter.

Pour le groupe sucrier, cette baisse de surface a été demandée aux producteurs pour «ajuster la production de sucre 2025 aux besoins du marché domestique», et ainsi «préserver la rémunération de la betterave». Concernant la filière légumes – oignons, petits pois, carottes, haricots, épinards –, un effet ciseau explique la baisse de surface. D’une part, la bonne récolte 2024 a permis de constituer des stocks et, d’autre part, elle fait face à une baisse de consommation. Selon Interfel, en 2024, les achats par ménage en volume de fruits et légumes ont reculé de 2 % par rapport à 2023, et les sommes dépensées pour les achats ont reculé d’1 %, passant de 485 € en 2023 à 481 €. Bonduelle aurait annoncé un maintien des prix, mais ce n’est pas le cas de tous les industriels.

«Nous constatons une forte demande de semences de printemps, en céréales et protéagineux, et de plants de pommes de terre», confie Grégoire Lesot, responsable technique de la coopérative Sana Terra, basée à Rosières-en-Santerre. Une augmentation de 5 % de la surface en pommes de terre est estimée pour 2025, tirée par la demande croissante. «Le frein, c’est la disponibilité en plants», rappelle Grégoire Lesot. Avec ses équipes, il essaie de conseiller au mieux ses adhérents. «Il faut mener une réflexion globale, à l’échelle de la rotation.»

L’atout protéagineux

Pour lui, les protéagineux, bien que moins rémunérateurs, ont de réels atouts. Selon les données Cerfrance 2024, la marge brute d’un pois protéagineux s’élève à 475 €/ha, contre 700 €/ha pour l’orge brassicole ou encore 4 500 €/ha en pommes de terre d’industrie. Mais plusieurs aspects positifs doivent être pris en compte. «5 % de la surface emblavée permettent de gratter un précieux point d’accès à l’éco-régime de la Pac.»

«L’intérêt azote est aussi indéniable, alors que l’engrais azoté a encore augmenté de 100 €/t depuis cet été», pointe le responsable technique. Or, les légumineuses offrent un relargage d'azote utile au démarrage de la culture. «Elles sont un excellent précédent blé, et permettent généralement d’augmenter la marge de la culture suivante.» Autre élément intéressant : «Les terres sont libérées tôt, et cela laisse la possibilité aux agriculteurs de réaliser des faux-semis pour gérer les adventices graminées et vivaces.» Un labour est aussi évité. Cette année, la coopérative a tablé sur Iconic, une nouvelle variété de pois protéagineux jaunes qui présente un beau potentiel de rendement et une bonne tolérance à la verse.

L’orge de printemps est également un choix intéressant. 10 % de la surface en céréales de printemps offrent un point d’accès à l’éco-régime de la Pac. Chez Sana Terra, on opte pour la variété RGT Planet. «C’est la plus demandée par les malteurs, et la plus cultivée au monde pour la fabrication de bière.» Pour les semis les plus tardifs, le choix s’orientera vers le maïs grain ou fourrage.

Soigner l’implantation

Quelle que soit la culture choisie, Grégoire Lesot insiste sur les conditions de réussite. «La base est un sol bien ressuyé pour une bonne implantation et une bonne qualité de levée.» Cette levée rapide et homogène permettra à la plante de mieux résister aux attaques de ravageurs, puisque le stade le plus sensible se situe entre le semis et le début du tallage. «La problématique limaces est toujours d’actualité. Il faut piéger pour évaluer le risque, réaliser des faux-semis pour réduire les populations si possible, et appliquer de l’anti-limaces en dernier recours.»

 

Des parcelles de blé retournées

Dans la Somme, quelques parcelles de blé sont retournées et remplacées par des cultures de printemps. «Les semis de blé se sont étalés pendant l’automne, et parfois, on peut presque dire que du “trop bon boulot“ a été fait», commente Grégoire Lesot, responsable technique chez Sana Terra. Un désherbage un peu trop fort et les pluies battantes qui ont suivi n’ont pas joué en faveur de la céréale. «Dans certaines parcelles, il manque un pied sur deux.» C’est notamment le cas d’une parcelle de multiplication de semences de la coopérative.

 

Résultats en berne chez Bonduelle, plombés par la conserve

Spécialiste français des légumes en conserve et surgelés, Bonduelle a publié le 5 février un chiffre d'affaires semestriel en baisse à 1,12 milliard d'euros, la chute des conserves n'étant pas compensé par la hausse du frais. Le recul sur le semestre est de presque 20 millions d'euros (-1,5 % à périmètre constant) comparé au premier semestre de l'exercice décalé 2023-2024. Et il s'accélère : au deuxième trimestre de l'exercice décalé, les ventes ont reflué de 2,6 %. La baisse est particulièrement forte en Europe, où le chiffre d'affaires recule de 5,8 % sur le semestre, et même de 9,5 % sur le deuxième trimestre, alors que le Vieux Continent représente plus de 60 % de l'activité du groupe. Une chute des ventes que Bonduelle explique, «pour une large part», par «la baisse significative des ventes à marques de distributeurs en conserve». Hors Europe, le chiffre d'affaires progresse de 5,8 % sur le semestre. «En Amérique du Nord, la croissance est alimentée par la progression solide des ventes en grande distribution de solutions de repas complets et de +salad kits+», note l'entreprise.  Mais cette croissance ne compense pas les baisses de ventes de la zone Europe, le chiffre d'affaires y étant bien moins important.

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