Européennes : les programmes agricoles français décryptés
A quelques jours des élections européennes, qui se tiendront les 25 et 26 mai, décryptage et comparaison des différents programmes en lice.
Prenons les choses dans l’ordre, en commençant par le budget de la Pac. Face au coup de rabot proposé par Bruxelles, les principales listes appellent toutes à la défense de cette enveloppe, dont la France est le premier bénéficiaire. La liste Renaissance (LREM) veut «défendre le budget agricole», la France insoumise «refuse les coupes aveugles dans la Pac», la liste des Républicains (LR) «s’oppose à la baisse prévue», tout comme le Rassemblement national (RN) et Debout la France (DLF). Pour le Parti socialiste (PS), allié à Place publique, c’est même le «premier combat» à mener. Bref, c’est un front commun.
L’unanimité ne s’arrête pas là, mais presque. Dès que l’on aborde l’orientation générale de la réforme de la Pac en cours, des divisions se font sentir. Seule la liste LR se revendique franchement dans la continuité de la réforme en cours de la Pac, ce qui était attendu puisque son groupe parlementaire, le Parti populaire européen (PPE) dispose d’une majorité relative dans l’hémicycle actuel. Le travail de la commission agricole (Comagri) du Parlement, le 2 avril, «reprend les principales propositions de Michel Dantin», l’eurodéputé LR sortant, a expliqué sa probable successeure, Anne Sander (LR), lors de la présentation du programme devant le SNPar (Syndicat de la presse agricole et rurale), le 18 avril.
LREM veut réviser les plans stratégiques
De son côté, LREM veut revoir la copie de la Comagri. La cheffe de file de la liste Renaissance (soutenue par LREM) aux élections européennes veut «rouvrir» les discussions sur les plans stratégiques nationaux dans la future Pac, l’un des trois rapports adoptés par la commission agricole le 2 avril, et principal volet de la réforme de la Pac. Une déclaration faite le 14 mai en marge du Grand oral agricole, organisé par la FNSEA et les JA. Sur le fond, Jérémy Decerle expliquait, le 18 avril, que l’important était selon lui «de redonner des objectifs clairs» à la Pac. «Notre triptyque, c’est le revenu des agriculteurs, leur protection et la capacité à réussir la transition écologique», résume-t-il.
A gauche, le Parti socialiste ne souhaite pas revenir sur le travail de la Comagri, même s’il avait voté contre le rapport sur les plans stratégiques. Pour l’eurodéputé Eric Andrieu (PS), «les mêmes causes produiront les mêmes effets, c’est la proposition de Bruxelles qui est mauvaise», en particulier sur la question de la subsidiarité. Ce qu’aurait souhaité le PS, c’est une nouvelle proposition de la Commission européenne. Sur le fond, le PS souhaite une Pac plus «respectueuse de la qualité de l’aliment, de l’eau, de l’air, des sols».
Plus à gauche, les partis veulent réorienter la Pac dans la même direction que LREM et le PS, même si les termes et les ambitions varient : la Pac est jugée trop orientée vers «la productivité et la compétitivité» pour LFI. Dans la même veine, EELV veut orienter le budget de la Pac vers «une agriculture paysanne et biologique», utiliser «cet incroyable budget pour protéger la biodiversité, fournir un revenu décent à nos paysans et promouvoir une alimentation saine et des terroirs vivants», indique Yannick Jadot, la tête de liste.
Le RN veut une politique française avec un budget européen
A droite de LR, la critique porte davantage sur la gouvernance et la politique commerciale. Le RN plaide pour «instaurer une politique agricole française», qui doit «se substituer à la Pac». Si cette proposition laisse présager une suppression de la Politique agricole commune, il «n’en est rien», assure Hervé Juvin, référent agricole pour la liste du parti. «Nous voulons simplement que les Etats définissent leur propre stratégie de politique agricole et la mettent en œuvre avec l’argent de la Pac», précise-t-il.
Moins dure sur cette ligne, Debout la France menace de «rétablir une politique agricole nationale», si ces demandes («préférence communautaire, prix garantis, quotas de production») ne sont pas «entendues». En somme, les deux partis fixent l’horizon d’une renationalisation radicale de la Pac, qui les oppose à la plupart des principaux partis. En effet, de LR à EELV, tous se sont opposés à la plus grande subsidiarité qu’avait proposée Bruxelles dans sa proposition de réforme. Mais l