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La France, leader mondial de la semence

Si la France est incontestablement la championne du monde de la semence, pour les acteurs de la filière, les freins, notamment réglementaires, ne manquent pas, et ils pourraient fragiliser la position de la France sur le podium.

La filière semencière française génère 3,3 milliards d’euros de chiffre.
La filière semencière française génère 3,3 milliards d’euros de chiffre.
© © Jean-Charles Gutner



«Vous êtes assis avec les champions du monde, la sélection nationale des semences françaises, une équipe expérimentée avec de très bons résultats, mais qui n’a pas le soutien plein et entier de ses concitoyens.» Ce sont avec ces mots que Guillaume Duboin, ancien directeur général adjoint d’Arterris, a accueilli les deux cents personnes venues assister au temps d’échanges clôturant l’assemblée générale de l’UFS (Union française des semenciers). Cette conférence, intitulée «La France, championne du monde des semences», s’est déroulée en trois tiers temps afin de décrire toutes les victoires de la filière, mais aussi les freins qui pourraient entacher ses performances et qui fragilisent sa position de leader.
La filière semencière française génère 3,3 milliards d’euros de chiffre. Avec 50 % de la production de semences exportée partout dans le monde, la France est le premier exportateur mondial. Mais, pour conserver cette vocation exportatrice, il faut, selon Jean-Marc Bouvier, directeur semences, légumes, investissements d’Arterris, être offensif. «Le secteur semences est brillant, et il faut l’être pour être encore champion du monde en dépit des handicaps exceptionnels que nous avons en France», ajoute-t-il.
Les bons résultats économiques de la filière ne sont pas les seuls à participer à la position de leader de la France. Il s’agit également d’une filière qui emploie douze mille personnes partout sur le territoire, dans des entreprises de tailles variées. Elle a donc un maillage territorial important. Pour Jean-Louis Chauzy, président du Ceser Occitanie, les semences, sont ainsi une affaire de ruralité et de terroir. Le modèle agricole français d’exploitation familiale de taille modérée a aussi permis d’avoir un haut niveau de technicité. «La France est leader dans le monde, car la qualité du flux génétique est excellente», précise François-Xavier Masson, chargé d’affaires au sein de la direction des investissements et du développement d’Unigrains.

«Un écosystème inédit et favorable»
Autre avantage de la France : son contexte pédoclimatique favorable à la recherche et au développement de semences. Pour Basil de Bary, directeur général de Sakata Vegetables Europe, entreprise japonaise implantée en France depuis plus de vingt ans, il s’agit, avec le crédit d’impôt recherche, d’un argument majeur qui pousse les entreprises étrangères à investir et à s’installer en France. La formation et le haut niveau de compétence des Français, ainsi que les organismes publics qui sont des relais pour la recherche, constituent un écosystème favorable et inédit pour les entreprises semencières françaises et internationales.
La France est également leader dans la recherche avec 71 entreprises qui sélectionnent plus de 70 espèces, 31 centres de recherche, et 600 nouvelles variétés inscrites au catalogue national. La France est aussi «championne» dans l’inscription de semences au catalogue européen. Cependant, des freins, notamment réglementaires pourraient entacher la réputation et la position de la France. «Les évolutions réglementaires tendent à faire perdre de la compétitivité à la filière», se désole Franck Berger, président de l’UFS.
Première inquiétude pour la filière : la loi issue des Etats généraux de l’alimentation, notamment l’article 83 qui interdit «à compter du 1er janvier 2022, la production, le stockage et la circulation de phytos contenant des substances actives non approuvées». L’UFS estime que cette mesure pourrait entraîner une perte de chiffre d’affaires de 450 MÄ, à compter de janvier 2022 pour les semences traitées. Face à l’incompréhension des semenciers vis-à-vis de cette mesure, Alain Tridon, de la sous-direction qualité santé et protection des végétaux à la DGAL, a rappelé que cette mesure ne figurait pas dans le projet de loi présenté par le gouvernement.

Mutagénèse : l’arrêt de la CJUE
Pour le président de l’UFS, l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur la mutagénèse risque de bloquer la recherche en édition de génome, et donc peser sur la filière française. Cet arrêt indique que les produits issus des nouvelles techniques de mutagenèse, au regard de la réglementation existante, répondent à la définition européenne des OGM, et doivent être encadrés au même titre, en respectant les obligations correspondantes en matière d’évaluation avant autorisation, de traçabilité, d’étiquetage des produits et de surveillance. Seules les techniques traditionnelles de mutagenèse développées antérieurement à l’adoption de la directive n° 2001/18 sur les OGM sont exclues de son champ d’application, ainsi que le prévoit explicitement la directive.
Alain Tridon estime que cet arrêté manque de clarté. Il a aussi noté le besoin de visibilité de la filière. Malgré ces freins, les entreprises semencières évoluent pour répondre aux attentes sociétales. Elles jouent notamment un rôle pour permettre aux agriculteurs d’avoir des productions rémunératrices, mais aussi pour atteindre l’autonomie protéique. Pour Denis David, directeur général de Joufray-Drillaud, le lupin, par exemple, va prendre une place majeure dans l’autonomie protéique de la France et des exploitations. En conclusion, le président de l’UFS a assuré que les entreprises des semences étaient engagées dans les transitions écologique et alimentaire pour répondre aux attentes sociétales. «Le secteur des semences a un rôle majeur pour permettre à l’agriculture de répondre aux attentes sociétales», confirme Alain Tridon.

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