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Les sénateurs plaident pour une méthanisation «maîtrisée»

La Mission d’information présidée par le sénateur Pierre Cuypers (LR, Seine-et-Marne) a présenté le 5 octobre son rapport intitulé : «La méthanisation dans le mix énergétique : enjeux et impacts ?». Les représentants de la Haute assemblée pousse au développement raisonné de ce procédé. 

Les sénateurs tentent de bâtir un modèle de méthanisation «à la française», privilégiant plutôt les petites et moyennes unités.
Les sénateurs tentent de bâtir un modèle de méthanisation «à la française», privilégiant plutôt les petites et moyennes unités.
© D. R.

De l’aveu même du rapporteur, Daniel Salmon (Écologiste, Bretagne) et de Pierre Cuypers (LR, Seine-et-Marne), le document présenté le 5 octobre par la Mission d’information est «prudentiel». Autrement dit, le sujet est aujourd’hui tellement sensible que l’équilibre et la mesure doivent gouverner le développement des futures installations, ont-ils dit, soulignant que l’esprit de ce rapport est également de proposer des pistes «pour renforcer notre indépendance et notre souveraineté énergétique».

Aujourd’hui, la France compte environ 1 000 méthaniseurs dont 800 agricoles de différentes tailles et plus de 1 100 dossiers ont été déposés pour construire des unités supplémentaires. La mission d’information se positionne clairement contre les grands sites comme ceux de Gramat (Lot) et de Corcoué-sur-Logne (Loire-Atlantique) qui portent, selon eux, préjudices à l’environnement, notamment sur les flux de transports. Le méthaniseur de Corcoué-sur-Logne, fort de huit digesteurs de vingt-quatre mètres de hauteur, ne nécessite pas moins de 170 passages de camions par jour pour traiter près de 500 000 tonnes de matières organiques par an. Cette unité qui engage 230 agriculteurs «a un caractère démesuré. C’est un cas d’école. C’est ce qu’il ne faut pas faire», a martelé Daniel Salmon qui demande à «lever les ambiguïtés manifestes qui existent entre l’économique et l’environnemental».

 

Renforcer les normes

Petit à petit, tout au long du rapport, les sénateurs tentent de fixer un modèle de méthanisation à la française, bâti sur des petites et moyennes unités, privilégiant la proximité, et souhaitant «éviter un scénario à l’allemande qui mise beaucoup sur le biogaz», a mentionné le rapporteur. Ce modèle français doit se développer autour de 61 propositions regroupées en cinq grands axes, a mentionné Pierre Cuypers : clarifier les politiques publiques ; structurer les filières de méthanisation ; territorialiser les projets ; améliorer les pratiques et, enfin, prévenir les risques. Sur ce dernier point, les membres de la mission d’information ont encore en tête l’incident de la centrale biogaz de Kastellin à Châteaulin (Finistère). Une cuve de digestat de cette unité avait débordé, privant 180 000 personnes d’eau potable pendant plus de trois semaines.

Les sénateurs ne veulent pas non plus que la méthanisation connaisse le sort du photovoltaïque dans lequel de nombreux agriculteurs ont investi avant de voir le tarif de rachat de l’électricité baisser de manière considérable ces dernières années. Pour pérenniser la rentabilité des projets actuels et futurs, les sénateurs demandent de «renforcer les normes, éviter les à-coups et réévaluer l’objectif de 10 % de gaz renouvelable d’ici 2030» dans le mix énergétique.

S’appuyant sur les données de Gaz réseau distribution France (GRDF), le rapport rappelle que la production de biogaz «contribue à réduire nos émissions de gaz à effet de serre» avec un bilan carbone du biométhane «cinq à dix fois moindre que celui du gaz naturel».

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