Négociations commerciales : «loin du compte»
Le bilan du médiateur des relations commerciales est tombé : les négociations commerciales se sont achevées sur une déflation de 0,4%.
«Le compte n’y est pas du tout : la première année de négociations (sous la loi Egalim) n’a pas été satisfaisante», a constaté Didier Guillaume, le 16 avril, à l’issue d’une réunion du comité de suivi des relations commerciales réunissant producteurs, transformateurs et distributeurs à Bercy. Tous les acteurs ont affiché une volonté d’«aller plus loin» dans le sens d’une meilleure répartition de la valeur.
Le bilan du ministère de l’Agriculture était attendu, pour mettre fin à plusieurs semaines de bataille de chiffres entre industriels et distributeurs. «L’observatoire des négociations commerciales [...] entérine une diminution de 0,4 %
du prix d’achat des produits alimentaires vendus sous marque nationale pour l’année 2019 et confirme une nouvelle hausse pour les produits laitiers», a tranché le médiateur des relations commerciales agricoles, dans un communiqué, le 17 avril. S’agissant du frais, les produits laitiers (dont œufs) atteignent + 1,4 %, quand les produits non laitiers (viande, charcuterie, saurisserie, traiteur...) affichent - 0,7 %.
Pousser la contractualisation à trois
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a souhaité «qu’on tire enseignement de tout ce qui ne va pas bien, dans tous les autres produits que le lait, pour faire mieux l’année prochaine. Il reste encore une pression à la baisse exercée par certains distributeurs, et je dis bien certains, parce qu’il y en a de plus vertueux que d’autres». Face à un secteur de la distribution «challengé, notamment par les ventes en ligne», l’amont doit «être plus fort» via des organisations de producteurs, la structuration des filières, une contractualisation à trois (jusqu’à l’aval), selon elle.
Les entreprises alimentaires ont globalement subi des baisses de prix de 0,4 % malgré des demandes d’augmentation de 4 %, selon l’Ania. Pour Richard Girardot, président de l’association d’industriels, il convient toutefois d’«être indulgent» avec la loi Egalim. «Le lait a commencé sa contractualisation en 2013, pour des résultats en 2019.» Reste à «accélérer» la mise en œuvre du texte promulgué le 30 octobre. «J’ai bon espoir. Certains ont commencé à bouger», a-t-il déclaré. La loi Egalim est «une bonne loi», selon lui. «Nous avons un CDD, il faut le transformer en CDI», dit-il dans un communiqué en référence à la phase expérimentale prévue pour le SRP (Seuil de revente à perte) et l’encadrement des promotions.
Possibilité de sanctions
La secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, Agnès Pannier-Runacher, a expliqué qu’«aujourd’hui, les agriculteurs et les transformateurs disent “il faut que ça aille plus loin“ et les distributeurs disent “ok, mais on joue dans le cadre d’une grande transparence de chacun des acteurs : quand je rends du prix aux transformateurs, je veux être sûr que ça redescende jusqu’aux agriculteurs“». Pour ce haut fonctionnaire de métier, «notre rôle, c’est de faire en sorte que la négociation se passe, que les rencontres aient lieu, et que ceux qui voudraient faire en sorte de contourner le jeu de la négociation y rentrent à nouveau, car nous avons des outils que sont les contrôles de la DGCCRF qui vont examiner de très près ce qui s’est passé et s’il y a des franchissements de ligne rouge, prendront des sanctions», a-t-elle ajouté.
«On a encore beaucoup de marge pour que les agriculteurs vivent de leur travail, a reconnu le ministre de l’Agriculture. Mais nous sommes confiants, car tous ceux qui étaient autour de la table (le 16 avril, ndlr) avaient envie d’aller dans la même direction : la meilleure répartition de la valeur.»