Philippe Bloch veut redonner l'esprit d'entreprise
«Soyez optimistes, sachez innover, ayez envie d'entreprendre», c'est le message qu'a adressé Philippe Bloch aux chefs d'entreprise, agriculteurs, artisans, commerçants... réunis à Amiens le 22 janvier dernier à l'occasion de la journée organisée par CER France Somme.
Chroniqueur pour le magazine l'Entreprise et aux Echos, animateur sur BFM d'une émission sur l'entreprise, auteur de plusieurs livres sur le sujet, Philippe Bloch s'insurge contre le pessimisme caractéristique de l'état d'esprit français actuel. On a peur de tout, de décider, de perdre son job, de changer...
Il relève avec humour toutes sortes d'expressions ou de tics de langage révélatrices de cette déprime française : «ça ne marchera jamais», «on n'a jamais fait comme cela», le «parler petit» (petit café, petit mail, petit plan, petit job... ), c'est péjoratif ; ou l'habitude de se souhaiter bon courage à tout propos. «Mais bon courage, ça veut dire que l'on va en baver, en fait qu'on n'a pas de projet, qu'on ne veut pas prendre de risque», s'insurge-t-il. «On brise le rêve. En anglais, prendre un risque, se dit take a chance. En France on a le principe de précaution».
La réussite, c'est la vitesse
Philippe Bloch donne quelques pistes pour trouver ou retrouver les chemins de la réussite.
«La réussite, ce n'est pas la taille, c'est la vitesse. Il faut courir plus vite que les autres, c'est vous qui avez les clés du succès». Avec la révolution numérique en effet, tout va vite aujourd'hui, «nous sommes dans l'ère de la mobilité, tout se dématérialise». «C'est quand tout va bien qu'il faut changer», disait l'économiste Jean Boissonnat, avec lequel Philippe Bloch a travaillé et qu'il se plait à citer. Combien d'entreprises bien portantes et qui pensaient être assurées de leur pérennité sont mortes. Exemple type : Kodack qui forte de ses positions dans la photo n'a pas voulu développer l'appareil numérique. Ou l'Encyclopédia Universalis tuée par Wikipedia.
Le principal concurrent de la Sncf, c'est Google, disait Guillaume Pépy, le patron de l'entreprise nationale. Car aujourd'hui, il ne s'agit plus seulement de faire rouler des trains, mais de gérer le data mobilité incluant tous les moyens de déplacement y compris le vélo, le co-voiturage... C'est là qu'est la source de profit.
Le changement un excitant
Le changement ne doit pas nous déprimer. Au contraire, pour Philippe Bloch, ce doit être un excitant.
Il faut accepter que des activités disparaissent pour que d'autres renaissent, disait Schumpeter. Mais en France, on voit l'arbre qui tombe parce qu'il fait du bruit plutôt que la forêt qui pousse, comme le dit le proverbe africain.
Le rêve est une des clés de la réussite. David Douillet, voulait tout petit être champion du monde de judo et il l'est devenu.
Certes rien n'est facile, dans une entreprise on sait que l'on va en baver, mais on doit aussi y trouver du plaisir, aimer ce que l'on fait. Philippe Bloch insiste sur la capacité de l'entrepreneur à importer de l'angoisse et à exporter de l'enthousiasme.
Et puis il ne faut pas oublier le client. «Pour l'enthousiasmer, il faut faire plus que ce qu'il attend de vous». Ce n'est pas toujours évident car aujourd'hui le client en sait souvent plus que le vendeur ou le prestataire de service. Tout le monde peut s'informer de tout sur internet. «Ce qu'il faut donc, c'est bien traiter votre client, lui simplifier la vie, sachant que chacun de vos clients est unique».
Et quand il a des salariés, le chef d'entreprise doit donner l'exemple. Quand il embauche, qu'il prenne celui qui va le challenger, cela fera avancer l'entreprise.
«D'accord, c'est dur» reconnaît Philippe Bloch. «Mais quand l'enthousiasme est là ...». Et de citer à nouveau Jean Boissonnat qui disait : «en économie, quand on craint le pire on le fabrique, quand on compte sur le mieux on le façonne».