Résultats des exploitations : ce qu’il faut retenir des années 2010
Les résultats des exploitations françaises tiennent bon malgré la progression des importations en provenance de l’Union européenne et les aléas climatiques. Mais ils sont plus volatils et dispersés que dans les années 2000. Ce sont les grandes tendances à retenir de l’évolution des résultats des exploitations françaises durant les années 2010, après les récentes publications de l’Insee et du service de statistique du ministère de l’Agriculture.
La Commission des comptes de l’agriculture (CCAN) a publié, le 10 janvier, les résultats des exploitations agricoles pour les années 2018 (consolidé, Rica) et 2019 (prévisionnel provisoire, Insee). Ils sont marqués par un repli de 4,9 % en euros courants de l’équivalent agricole du PIB (valeur ajoutée brute au coût des facteurs). Au-delà du court terme, les analyses de l’Insee et du ministère de l’Agriculture permettent de tracer les grandes tendances qui furent à l’œuvre durant les années 2010.
Une valeur ajoutée qui tient bon
Il faut d’abord retenir que le résultat de la Ferme France semble tenir bon depuis 2010, malgré l’annus horribilis 2016, marquée par des récoltes céréalières catastrophiques. Même si elle est en recul par rapport à 2018, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de 2019 se situe symboliquement au même niveau qu’en 2010 (cf. graphique). Derrière ce chiffre, la Ferme France peine toutefois à profiter de la vigueur de son marché alimentaire.
L’économiste de l’Inra Vincent Chatellier remarquait, cet été, que la balance commerciale française avec l’UE est devenue négative en 2019 dans le secteur agricole et agroalimentaire, une première depuis les années 1970. Les importations en provenance d’Europe ont progressé, profitant d’une croissance du marché alimentaire français qui est restée stable sur quinze ans, selon un rythme qui suit de près l’évolution de la démographie – malgré une inflexion sur 2018-2019.
La volatilité gagne de nouvelles filières
Rapportés à l’actif, les résultats des exploitations restent en progression (+ 8 à 9 % entre 2010 et 2019), portés par la baisse constante du nombre d’actifs dans le secteur. Mais de plus en plus d’exploitations sont touchées par la volatilité. Les exploitations spécialisées en céréales, oléoprotéagineux ou cultures industrielles étaient déjà entrées dans un régime de volatilité depuis le milieu des années 2000. Il s’est poursuivi, voire accentué.
Avec les années 2010, ce sont les exploitations spécialisées en bovins lait qui ont vu leur résultat varier fortement, après la fin des quotas laitiers. L’amplitude des variations y reste toutefois plus faible qu’en grandes cultures, ou qu’en production porcine, qui connaît traditionnellement la plus forte volatilité (marché à faibles marges, sensible aux problèmes sanitaires et peu régulé). La volatilité reste la plus faible dans les exploitations spécialisées en ovins-caprins et bovins viandes.
La dispersion des résultats s’est stabilisée
Si la dispersion des résultats avait eu tendance à s’accroître dans les années 2000 (entre 2005 et 2007, puis en 2009 et 2012), elle s’est stabilisée depuis 2013. L’augmentation de la dispersion était liée aux «bonnes performances des orientations céréalières dans un contexte de forte hausse des prix», explique le service de statistique du ministère. En effet, poursuit-il, «la dispersion des résultats a tendance à augmenter en période de hausse des prix et à se contracter en période de baisse des prix.»