Sécheresse : le préfet visite une exploitation
Une délégation, emmenée par Michel Lalande, préfet des Hauts-de-France, s’est rendue dans une exploitation du Nord pour observer les effets de la sécheresse. La réflexion est engagée en région avec le monde agricole pour améliorer la gestion de la ressource en eau.
«Le monde agricole a vécu quarante-huit heures de crise dans un domaine qui, jusqu’alors, était inconnu de notre région», a déclaré Michel Lalande, préfet du Nord et des Hauts-de-France, en référence à l’alerte rouge canicule des 25 et 26 juillet derniers. Des mots forts et une situation qui l’ont amené à aller prendre le pouls sur le terrain. «Cet épisode, couplé à la sécheresse qui sévit, a eu un impact sur les cultures et la vie animalière, a-t-il indiqué lors de sa visite d’exploitation agricole à Bousbecque (59), le 1er août. Il nous oblige à définir des voies d’actions nouvelles pour se prémunir à l’avenir.»
Effets insoupçonnés de la chaleur sur les animaux
Si l’accueil des représentants de l’État à la ferme fut courtois, l’inquiétude était palpable du côté des agriculteurs. «Les pertes économiques liées à la sécheresse annuelle et aux incendies dans les champs vont être élevées, a souligné Laurent Verhaeghe, président de la FDSEA du Nord. Sans compter que des éleveurs ont perdu des animaux durant la canicule, des bovins notamment.» Fait rarissime.
Christine Delefortrie, qui accueillait la délégation sur son exploitation du val de Lys, a elle aussi bien cru que certaines de ses vaches allaient succomber : «Un ou deux jours de fortes chaleurs en plus et ça aurait pu arriver.» Les températures extrêmes ont usé ses quatre-vingt vaches laitières, comme l’indiquent les taux protéiques (TP) de leur lait. «La teneur en protéines moyenne a chuté de plusieurs grammes», déplorait-elle alors. Et Laurent Verhaeghe d’indiquer : «Pour les éleveurs, c’est le taux le plus difficile à obtenir et à faire grimper, fruit d’un travail de sélection sur plusieurs années. Il va falloir du temps pour revenir aux valeurs normales…»
Organisation d’assises de l’eau
Face à ces constats, et alors qu’une partie des Hauts-de-France est toujours en alerte sécheresse, la préfecture a voulu affirmer son soutien à la profession agricole. «En marge de la canicule, nous avions axé la vigilance sur les milieux urbains et les personnes âgées, peut-être pas assez sur le monde rural…», reconnaît Michel Lalande, évoquant les incidents survenus avec les feux de cultures. Désormais, le préfet souhaite engager une réflexion commune avec les agriculteurs. «Des discussions vont être organisées dès l’automne et cet hiver, a-t-il annoncé. Nous devons être dans l’anticipation sur la problématique de l’eau.»
La création d’un dispositif de prévention sera évoquée au cours de ces réunions, «pourquoi pas une application mobile comme pour la météo ou la pollution de l’air ?», pour se préparer à une sécheresse ; l’obtention d’aides pour inciter les éleveurs à s’équiper en ventilateurs et/ou brumisateurs ; ou encore la possibilité de mettre en place davantage de retenues d’eau sur le territoire. «La voie de salut réside dans le stockage de la ressource», estime Michel Lalande. Ce dernier a fait savoir que des assises régionales de l’eau allaient être organisées parallèlement aux échanges avec le monde agricole.
Fauche des jachères non autorisée en Nord et Pas-de-Calais
Une grande partie du département du Nord souffre du manque d’eau. Depuis le 2 août, le bassin de la Sambre est passé en «alerte» et le bassin de la Scarpe aval en «alerte renforcée». La vigilance est aussi de mise dans le Pas-de-Calais. L’état des prairies, parfois desséchées, sur le territoire témoigne de cette situation. Pour pallier la carence en fourrages, le ministère de l’Agriculture a étendu l’autorisation de fauche des jachères à soixante départements, le 29 juillet. Parmi eux, se trouvent la Somme et l’Oise, mais pas le Nord, ni le Pas-de-Calais. Antoine Lebel, directeur départemental adjoint des territoires et de la mer du Nord (DDTM 59), explique pourquoi. «La dérogation était basée sur des constats et critères datant d’avant le 20 juillet et les deux départements n’étaient pas éligibles à ce moment-là. Aujourd’hui, il y a une demande de la profession d’élargir cette autorisation à l’ensemble des Hauts-de-France.» La région compterait environ 1 000 ha en jachères.