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Trouver l’équilibre financier d’une ferme laitière

Comme dans toute entreprise, le chef d’exploitation laitière a besoin d’un tableau de bord pour gérer sa trésorerie. Cet outil est indispensable à la tenue d’un équilibre financier.

© D. R.

Les producteurs de lait, chahutés depuis plusieurs années par des hausses et des baisses à répétition,  n’utilisent pas forcément le tableau de bord encore appelé budget de trésorerie, pour surveiller leurs flux financiers. C’est pourtant un allié indispensable à une bonne gestion. Il permet d’apprécier l’évolution de la trésorerie d’une exploitation ou d’une activité. Pour une ferme laitière, la recherche de l’équilibre correspond souvent au prix de vente de la tonne de lait nécessaire pour faire face aux frais liés à l’activité, aux échéances bancaires et aux besoins privés de l’exploitant.

Etablir un budget de trésorerie
C’est un instrument essentiel pour mesurer la capacité de l’exploitation à résister aux fluctuations du prix du lait. Il représente le seuil à partir duquel l’exploitation dégage de la trésorerie ou en perd. Dans le cas d’une situation tendue, le budget trésorerie permet d’identifier les périodes pendant lesquelles les besoins sont les plus importants. En fonction du déficit de trésorerie, il faudra envisager soit le recours à une ouverture de crédit (solution moins coûteuse que le crédit fournisseur), qui permettra de faire face à un éventuel aléa et d’attendre le versement d’acompte des aides Pac ou du solde, soit le recours à un emprunt court terme pour financer le cycle de production. Bien entendu, le recours au prêt de trésorerie doit permettre de «respirer», tout en veillant de ne pas «s’asphyxier».
Quand la situation devient plus difficile, en raison d’une chute importante de prix ou d’imprévu, il faudra certainement revoir la structure de l’exploitation : renégocier et allonger la durée des emprunts, financer par emprunt des investissements qui ont été autofinancés, ou encore reprendre par un emprunt à moyen terme des prêts à court terme. Dans tous les cas, le banquier est au cœur de la décision. Avant de le solliciter, il est impératif de préparer son argumentaire, car il faudra le convaincre, souvent cela se fait avec l’aide du conseiller d’entreprise ou encore le comptable. L’objectif premier est de démontrer que l’exploitation est structurellement viable, et que la demande de financement vise à remettre l’exploitation sur les rails.

Connaître et déterminer son EBE
Prenons l’exemple de Monsieur Picard, producteur laitier avec un quota de 360 000 litres, qu’il réalise avec un troupeau de cinquante vaches laitières, et opère des cultures de vente sur une cinquantaine d’hectares. Il souhaite connaître son équilibre financier prévisionnel afin de mieux piloter son exploitation en période de crise. Pour cela, il doit, dans un premier temps, déterminer et mesurer l’excédent brut d’exploitation (EBE) qu’il doit dégager pour faire face aux annuités, aux besoins de la famille et aux éventuels imprévus (réparation de matériel, petit investissement, acquisition de parts sociales…). A partir de là,  on peut définir l’objectif de production à atteindre.

Réaliser une simulation économique
Compte tenu des hypothèses retenues, l’équilibre financier de Monsieur Picard est de 340 € par mille litres. Pour réaliser ce calcul, il faut partir de l’objectif d’EBE auquel on ajoute les charges proportionnelles et de structure (excepté les amortissements et les frais financiers). Autrement dit, il s’agit de la somme à dépenser pour faire fonctionner la totalité de l’exploitation. Afin d’isoler la somme qu’il reste à couvrir par la seule vente de lait, il faut déduire du chiffre d’affaires de l’exploitation les ventes et les produits reçus autres que le lait.
Une fois établi ce tableau de simulation économique, Monsieur Picard doit «impérativement» produire son quota laitier à un prix moyen de 340 €/tonne pour trouver son équilibre financier. S’il ne peut obtenir ce niveau de prix, il devra faire appel à un découvert bancaire ou un court terme, afin de passer le «mauvais moment». Si le prix du lait stagne ou baisse encore, il faudra réduire ses charges, et limiter les investissements à venir.

Les revenus 2018 des exploitations laitières sont pénalisés par la hausse des charges

D’après les estimations réalisées sur les fermes des réseaux d’élevage Inosys, presque tous les systèmes étudiés par l’Institut de l’élevage voient leur revenu baisser entre 2017 et 2018.
Après une hausse généralisée en 2016 et 2017, les revenus ont à nouveau baissé en 2018. C’est du côté des charges qu’on trouve la cause essentielle de cette inflexion. Elles sont en très nette hausse par rapport à 2017 pour deux raisons. La première est conjoncturelle, avec un Ipampa lait de vache (indice des prix d’achat des moyens de production) qui est en nette hausse en 2018, avec + 3,7 %. La deuxième raison est liée à la sécheresse de l’été-automne (et au printemps tardif et humide). Celle-ci a conduit de nombreux élevages à entamer, dès l’été, les stocks hivernaux, et à faire des achats coûteux pour éviter la décapitalisation des cheptels. Le prix du lait n’a, en revanche, pas eu d’impact majeur. La hausse ne devrait pas dépasser 4 €/1 000 l pour le lait conventionnel dans les zones de plaine et le Massif central, avec au final un prix payé très légèrement inférieur à 350 €/1 000 l. Elle devrait être limitée à 4 à 10 €/1 000 l en Savoie et Franche-Comté.

Excepté pour les systèmes de polyculture-élevage
Chez les laitiers spécialisés de plaine, la faible augmentation du produit lait ne compense pas la hausse des charges, générant une baisse de revenu(1) de 1 800 €/UMO ex (UMO exploitant). Le revenu reste toutefois comparable aux valeurs les plus élevées des dix dernières années. On note une légère hausse du volume moyen livré (+ 0,5 %), avec des variations régionales sensibles : + 2 à + 5 % dans le Grand Ouest alors que le Grand Est baisse (- 1 à - 2 %)
et que le Sud-Ouest chute encore plus fortement. Le revenu des laitiers de plaine mixtes bovins viande baisse davantage (- 3 500 €/UMO ex), tout en restant supérieur de 4 000 €/UMO ex à la moyenne des dix dernières années. La conjoncture de la viande bovine n’a pas connu d’amélioration en 2018 : les légères hausses de prix des jeunes bovins et des broutards n’ont pas compensé la baisse des prix de vente des femelles et la baisse des aides. Seuls les systèmes de polyculture-élevage voient leur revenu progresser de 3 100 €/UMO ex, grâce aux prix de vente des céréales. Les systèmes laitiers des montagnes et piémonts du Sud payent un lourd tribut à la hausse des charges et à la sécheresse (- 6 100 €/UMO ex) tandis que les revenus des systèmes de l’Est se tassent légèrement par rapport à 2017, qui avait été une excellente année fourragère (- 500 €/UMO ex). Ceci malgré la progression du prix du lait et des aides, du fait de la volonté de maintenir coûte que coûte la croissance des livraisons au prix d’approvisionnements complémentaires.

Les bios sont les plus impactés
Les systèmes bio de plaine voient leur revenu chuter de 8 900 €/UMO ex en lien avec des achats de fourrages particulièrement coûteux. Mais, sur le long terme, leurs résultats restent supérieurs à ceux des exploitations conventionnelles. Les écarts entre exploitations bio sont particulièrement importants ; ils sont liés au volume de lait livré par UMO exploitant et aux charges de mécanisation. Le prix du lait bio connaît un léger recul (- 2 €/1 000 l).

Réussir Lait

(1) Résultat courant : prend en compte les amortissements, les frais financiers et une évaluation des cotisations sociales calculées sur la moyenne triennale.

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