Un nouveau cycle pour la FDSEA de la Somme
Le conseil de la FDSEA s’est réuni ce jeudi 11 avril pour procéder au renouvellement de son bureau... mais pas que.
Comme elle l’avait annoncé au moment des élections à la chambre d’agriculture, Françoise Crété n’aura été que quelques temps présidente à la fois de la Chambre d’agriculture de la Somme et de la FDSEA. Lors du conseil électif, réuni jeudi dernier, elle a présenté sa démission et l’ensemble du bureau a été réélu. C’est ainsi que Denis Bully, alors secrétaire général, a proposé sa candidature aux membres du conseil, et qu’il a été élu à la présidence. Il constitue un binôme avec Marie-Françoise Lepers, qui a été élue secrétaire générale. Simon Catteau et Thibaut Hénocque sont respectivement premier vice-président et premier secrétaire général adjoint. Le reste du bureau est quasi inchangé. A noter de nouveaux membres invités : «Depuis janvier, nous avons ouvert à deux reprises le bureau aux membres du conseil qui souhaitaient s’investir. Certains se sont manifestés, et j’ai proposé à Pierre-Augustin de Caffarelli (SEA Avre Luce Noye), Xavier Palpied (SEC Chaulnes Rosières) et Benoit Vansteenkiste (SEA Montdidier Roye) de nous rejoindre en membres invités», a souligné Denis Bully. La composition du bureau figure dans l’encadré ci-dessous.
Premier conseil, premier dossier
Le volet électif étant clos, le conseil a débattu de la situation traversée par le monde de la betterave. Dominique Fiévez, président de CGB Somme, et membre de la FDSEA, a dressé un tableau complet sur lequel le conseil a débattu : «La situation groupe par groupe est la suivante : Cristal Union avaient en premier annoncé qu’ils ne tiendraient pas l’engagement de 27 €, et les planteurs sont effectivement payés 22 €/t. Le manque est fort, mais les planteurs avaient pu s’y préparer. Côté Tereos, l’acompte est de 19 €, mais le groupe s’est engagé à finir à 25 €. Ne nous voilons pas la face, il s’agira d’un prix “habillé“, avec des dividendes et d’autres lignes. Ce qui est inquiétant chez Tereos, c’est la crise de gouvernance que traverse le groupe ; ce qui est rassurant, c’est que la plainte pour “terrorisme“ a été classée sans suite. Nous avons gardé une position simple depuis bientôt neuf mois : au départ, réintégrer les planteurs exclus et assurer une représentation plus homogène au sein des instances et, depuis la semaine dernière, nous trouvons intolérable d’être ainsi pris au dépourvu, et même de devoir payer l’intégralité des factures. Tereos continue dans ses errements de relation avec les planteurs, et ils doivent corriger le tir au plus vite !»
Enfin vient Saint Louis Sucre : «C’est la double peine. Après l’annonce de la fermeture, les prix payés nous donnent la sensation que l’Allemagne au sens large veut faire baisser la production de sucre en France. Nous avons analysé à la CGB la rentabilité du sucre, la répartition des marges. Nous considérons que les cours actuels doivent permettre de valoriser des betteraves à hauteur de 22 €/t. Il y a des creux, et il y aura des mieux. A l’inverse de la filière lait, le déséquilibre mondial n’est pas dû à la seule Europe mais à plusieurs pays qui ont eu une récolte exceptionnelle l’an dernier. Nous devons adapter la production, mais pas de façon irréversible. Nous ne voulons pas de cette fermeture. Il y a d’ailleurs un front politique et institutionnel uni contre cette fermeture, et nous travaillons à plusieurs scénarios de reprise. La situation ne me satisfait pas chez les coopératives, mais force est de constater que, depuis deux ans, la relation avec Saint Louis Sucre et plus largement avec Sudzücker est dans l’impasse. Il faut peut être se préparer à continuer le bras de fer, tout en étant prêt à construire une nouvelle aventure. Mais à ce moment-là, il faudra aussi être capable de se compter : la fermeture d’Eppeville n’est pas absorbable par les autres usines de SLS, ni même par les autres groupes. On devra donc se prendre en main, comme certains y réfléchissent en Belgique».
Sur ce constat, et après discussion, le conseil FDSEA accompagne le schéma de défense pour les producteurs Saint Louis Sucre, et demande d’un côté la revalorisation immédiate des prix, et de l’autre une solution pour le site et les planteurs. Par ailleurs, pour les groupes coopératifs, une rencontre CGB-FDSEA avec les instances dirigeantes des coopératives est demandée pour apporter un meilleur accompagnement immédiat des planteurs et une visibilité sur le marché, tant sur le manque à gagner actuel sur le prix que sur la gestion des appros.
L’agriculture à la foire exposition
Dernier sujet du conseil : la foire exposition de Picardie qui se tiendra à Amiens, du 1er au 10 juin, et dont l’invité d’honneur sera l’agriculture. Le village agricole sera piloté par la chambre d’agriculture, et Marie-Françoise Lepers (également membre du bureau de la Chambre d’agriculture) en a présenté les enjeux. Elle a sollicité l’appui des différentes sections de la FDSEA pour permettre à des agriculteurs de témoigner du quotidien de leur métier, notamment sur les céréales, les légumes, le lait, la viande et les pommes de terre.
Elle a insisté avec Françoise Crété sur l’importance de l’évènement : «Nous nous plaignons assez souvent d’un déficit de communication et de l’agribashing. Il y a déjà eu la foire de Poix-de-Picardie qui a été orchestrée de main de maître par les équipes locales, celle de Montdidier qui se tiendra le 22 avril, et le festival agricole de Picardie maritime les 18, 19 et 20 mai. C’est un printemps chargé pour l’agriculture, mais la foire exposition est un cadre parfait pour présenter nos métiers et nos contraintes. Nous allons ouvrir des plannings de présence, et proposer des séances de préparation pour les agriculteurs qui participerons. Le détail sera diffusé dans l’Action agricole picarde et sur les réseaux sociaux». Suite dans les prochaines éditions.
REACTION de Françoise Crété, présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme
«La FDSEA est la clé de voute de la dynamique agricole départementale»
La FDSEA est la clé de voute de la dynamique agricole départementale, et on ne peut avoir un collectif d’OPA fort et soudé que si chacun est lui-même bien en place. Je quitte la présidence de la FDSEA avec un petit pincement, mais c’était un engagement et même une évidence. Il fallait le temps de stabiliser l’ensemble des postes liés aux élections des chambres d’agriculture et, une fois que les dossiers ont été répartis et que les disponibilités et les motivations de chacun étaient connues, on pouvait engager la succession. Il n’y a pas eu de situation à problème au cours des dernières semaines, mais j’ai pu peser ô combien la situation aurait été ambigüe pour ne pas dire inconfortable si elle avait duré.
REACTION de Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme
«Collectif, c’est la vocation : il faut fédérer les Hommes, les filières»
Succéder à Françoise est un défi, une responsabilité, et un honneur. D’abord, il y a avant tout l’institution et les adhérents, dont il faut défendre les intérêts individuels et collectifs. Collectif, c’est la vocation : il faut fédérer les Hommes, les filières, et tous les dangers croissants qui nous menacent viennent du fait que sont cultivés partout des antagonismes : les bio contre les conventionnels, les circuits courts contre les filières longues, les bailleurs contre les fermiers, les exploitations individuelles contre les systèmes collectifs ou avec des salariés, les éleveurs contre les «grands culteurs». Tout est fait pour cristalliser des oppositions, et nous souffrons de cette situation. Le premier enjeu de cette mandature est donc de fédérer. Pour y parvenir, nous devrons reposer sur trois axes : l’animation de proximité, car ne l’oublions pas, sept agriculteurs sur dix nous ont témoigné leur confiance ; la relation au grand public, car le déficit de communication nous met tous dans le même paquet ; et la construction de projets économiques, qui sera un élément de la future Pac, dont les déclinaisons économiques sociales et réglementaires sont sur la table dès à présent, même si la Pac est repoussée. Enfin, succéder à Françoise n’est pas une mince affaire, tant elle a su fédérer autour d’elle avec une conviction et une générosité infaillible. Heureusement, le lien n’est pas rompu ; au contraire il est renforcé.
Le bureau de la FDSEA de la Somme
Président : Denis BULLY
Secrétaire générale : Marie-Françoise LEPERS
Vice-présidents : Simon CATTEAU, Xavier FLINOIS, Sylvie DAILLY, Denis DELATTRE, Olivier FAICT, Jean-Marie TURLOT
Secrétaires Généraux Adjoints : Thibaut HENOCQUE, Bertrand ROUCOU, Jean-François COLSON, Vincent DUCHEMIN
Trésorier : Marc DROY
Membres : Romain DUBOIS, Olivier THIBAUT, Luc VERMERSCH
Membres de droit : Isabelle BRUNET, présidente des agricultrices ; Edouard BRUNET, président des Jeunes Agriculteurs de la Somme
Membres invités : Christophe BUISSET, Françoise CRETE, Pierre-Augustin de CAFARELLI, Laurent DEGENNE, Christophe d’HALESCOURT, Dorothée EBERSBACH, Thierry FRANCOIS, Marc HOSSART, Fabien LEROUX, Xavier PALPIED, Benoît VANSTEENKISTE
Denis Bully est agriculteur à Heucourt-Croquoison, dans le Syndicat des exploitants agricoles de la Gamoise. A cinquante-trois ans, il est installé en EARL avec un salarié permanent sur 100 ha, en système polyculture-élevage laitier. Découvrez son profil sur la page Facebook de la FDSEA de la Somme (https://www.facebook.com/Fdsea80/).
Marie-Françoise Lepers est agricultrice à Argoules (SEA du Ponthieu), en EARL en système de polyculture élevage bovin ; son mari pour sa part est installé en Gaec avec son frère, à Belloy-sur-Somme, (SEA de Nièvre Somme).