100 millions d’euros pour développer les protéines végétales
Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, a dévoilé le 1er décembre le plan protéines qui sera mis en application à partir du 1er janvier 2021. Il sera doté de 100 millions d’euros (100 M€) auxquels s’adjoindront des financements complémentaires.
«La crise sanitaire a montré la résilience de la production alimentaire française et aussi révélé sa vulnérabilité, sa dépendance vis-à-vis d’un certain nombre de denrées, dont les protéines», a d’emblée indiqué Julien Denormandie. En effet, la France importe la moitié de ses protéines, principalement celles à destination de l’alimentation animale, et cette situation, de l’avis du ministre, n’est plus tenable. C’est pourquoi, après une longue concertation avec les acteurs des différentes filières, le ministre ambitionne de «réduire notre dépendance aux importations des États-Unis et d’Amérique du Sud», avec l’objectif d’augmenter les surfaces en légumineuses de 40 % dans les trois prochaines années. Aujourd’hui, les surfaces dédiées à ces cultures représentent un million d’hectares. «L’objectif est de doubler cette surface d’ici 2030 et les + 40 % attendus d’ici 2023 représentent une étape intermédiaire», a précisé Julien Denormandie. «On essaie de rompre avec le système organisé, de créer une dynamique. Ce n’est pas le plus simple», a-t-il assuré. La moitié des 100 millions d’euros (M€) consacré au plan protéines iront à ce premier objectif qui pourra être complété par les aides couplées de la Pac, avec l’accord (déjà obtenu) de l’Union européenne.
«Créer de la valeur»
Par ailleurs, 20 M€ vont être consacrés à l’amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages avec 10 M€ dédiés à l’achat de semences pour augmenter le potentiel des prairies et 10 autres M€ notamment pour le matériel et le stockage. Enfin, une troisième enveloppe de 30 M€ sera affectée à la recherche et au développement, aussi bien sur les semences que sur les nouvelles formes de protéines, à l’image de celles à base d’insectes. «Ces 100 M€ pourront être abondés par des financements additionnels à travers le Plan d’investissement d’avenir et BPI France», a précisé Julien Denormandie. Au-delà de ce plan, le ministre ambitionne aussi de réduire l’empreinte carbone de ces protéines, en particulier l’importation de tourteaux de soja du continent américain et créer les conditions qui permettent à l’agriculture française d’éviter d’importer de la déforestation. Le ministre a, d’ailleurs, glissé que notre dépendance aux protéines était «organisée depuis une cinquantaine d’années à travers les différents accords internationaux, comme l’Uruguay Round, au cours desquels les Américains nous disaient : faites votre Pac… à condition que les protéines restent chez nous». Il souhaite aussi «créer de la valeur (…) afin d’améliorer le compte de résultat des agriculteurs».
«Rampe de lancement»
Le président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux (FOP), Arnaud Rousseau, est «prêt à relever le défi de la production pour accompagner la diversité des assolements, développer les filières et les productions locales avec des consommations locales». Il note cependant quelques points de vigilance comme la nécessité de préserver les moyens et les capacités de production, autrement dit, de continuer à accéder aux outils de protection des plantes. «Il ne faut pas non plus opposer alimentation animale et alimentation humaine», a-t-il indiqué souhaitant aussi préserver les débouchés non alimentaires. De son côté, le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (SNIA) a favorablement accueilli ce plan qui «renforce la dynamique des productions végétales françaises et valorise nos filières. C’est une véritable rampe de lancement, créatrice d’emplois, qui ne reste pas encore suffisante sur le long terme», a indiqué son président François Cholat.