2020-2021 : une campagne à oublier pour la fécule
Avec 41 t/ha en moyenne, la campagne pomme de terre fécule s’est avérée «très mauvaise» pour la Coopérative féculière de Vecquemont.
Le manque d’eau a largement impacté la culture.
Avec 41 t/ha en moyenne, la campagne pomme de terre fécule s’est avérée «très mauvaise» pour la Coopérative féculière de Vecquemont.
Le manque d’eau a largement impacté la culture.
«Il manque 20 % du tonnage», résume Bruno Poutrain, directeur de la Coopérative féculière de Vecquemont, lorsqu’il évoque cette campagne 2020-2021. Avec 41 t/ha de moyenne, elle est «la deuxième plus mauvaise année depuis dix ans. En 2018, les résultats étaient similaires». Les premières livraisons à l’usine Roquette de la Somme ont eu lieu le 7 septembre et se sont poursuivies jusqu’au 19 janvier, soit une campagne assez courte. 45 000 t de pommes de terre de consommation, qui cherchaient un débouché à cause de la crise sanitaire, sont venues compléter les volumes.
La cause de ce résultat médiocre ? «Le climat très chaud et sec que nous avons subi dès le mois de mars. Certaines parcelles n’ont bénéficié que de 80 mm d’eau, de la plantation à la récolte», soulève Bruno Poutrain. Pour certaines exploitations, sous la moyenne de rendement, le bilan est catastrophique. La pomme de terre fécule est pourtant réputée pour supporter des conditions plus sèches par rapport à sa cousine de consommation. «Elle n’est pas ou très peu irriguée, et elle permet de valoriser des terres séchantes, dites de cranettes. Mais quand il n’y a pas d’eau du tout, rien ne peut pousser !»
Objectif 800 000 t
Pour autant, la coopérative croit en un avenir meilleur. Avec 14 150 ha en Hauts-de-France et en Normandie, elle compte développer ses volumes d’ici deux ans. «Ce ne sera pas possible pour la campagne à venir, car la ressource en plants est limitée. Mais les années suivantes, on pourrait augmenter de 100 000 t, soit environ 2 000 ha.»
L’ambition de la coopérative est de produire 800 000 t. Pour attirer de nouveaux producteurs, la filière a ses atouts. «La pomme de terre fécule subit jusqu’alors très peu la crise du Covid. Et avec l’arrêt des aides couplées en 2012, les prix ont été revalorisés.» La culture est spécifique plus que technique, avec un cahier des charges simple : pas d’irrigation, pas de déterrage car cette dernière opération est réalisée par la coopérative, très peu de stockage. La culture ne nécessite donc pas de gros investissements. Les charges sont moindres par rapport à la pomme de terre de consommation, car elle est moins exigeante en termes de traitements. «Parfois, deux fongicides peuvent suffire», indique Thibaut Ricour, ingénieur conseil et développement à la coopérative. Ceci s’est avéré vrai pour la campagne 2020 du fait de la sécheresse.
Des variétés prometteuses
En termes de panel variétal, celui-ci a bien progressé ces dernières années. «En 2012, 50 % des surfaces étaient de la Kardal. Aujourd’hui, cette variété n’est plus cultivée qu’à 15 % environ.» Amyla et Eris, par exemple, donnent des résultats satisfaisants par temps sec. Priam et Rackam sont aussi intéressantes. «Nous fondons également beaucoup d’espoirs sur LD17.» Cette dernière variété, demi-tardive à tardive, s’avère assez peu sensible à l’égermage. «Productive à très productive, donnant d’assez gros tubercules, à peau jaune. Elle est moyennement sensible au mildiou sur feuillage mais assez sensible sur tubercule», précise-t-on chez Arvalis-Institut du végétal. Des arguments qui pourraient séduire d’éventuels nouveaux producteurs.