Abattoir de Montdidier : il est urgent d'agir !
Lors de la session de la Chambre d’agriculture de la Somme,
le 27 novembre, un nouveau point a été présenté sur l’abattoir de Montdidier.
L’abattoir de Montdidier, on le sait tous, est sur une corde raide, qui risque de se rompre à tout moment. Et cela ne date pas d’hier, même si «l’on s’échine depuis deux ans à trouver une solution. Force est de constater que nous nous sentons seuls sur ce dossier, et que nous n’avons pas beaucoup d’aide de la part des professionnels et des filières», s’agace le préfet de la Somme, Philippe de Mester.
Ce dossier, qu’il qualifie d’«épique», est surtout un véritable casse-tête chinois. Sans coup d’accélérateur pour lancer un nouveau projet, il sera trop tard, et le département de la Somme s’expose à perdre le seul outil d’abattoir de proximité qu’il possède sur son territoire. Un comble à l’heure où les collectivités territoriales et les chambres d’agriculture prônent le développement des circuits courts.
2018 : l’année de tous les dangers
L’abattoir de Montdidier est passé sous les fourches caudines du tribunal correctionnel d’Amiens, en janvier dernier, pour des infractions en lien avec des risques d’insalubrité et de souffrance animale. Nouveau coup de semonce, cette fois-ci venant de la Direction départementale de la protection des populations, qui a tiré la sonnette d’alarme sur les conditions d’abattage des porcelets. Conséquence : le 13 novembre dernier, l’agrément de cet abattage a été suspendu.
Et, quelques semaines plus tôt, soit le 25 octobre, à force de cumuler les difficultés économiques, l’abattoir a été placé en redressement judiciaire. Un mandataire a été depuis désigné. Comme la liquidation judiciaire devrait être l’étape suivante, elle ouvre la voie à une offre de reprise. Là est sans doute la seule bonne nouvelle, car, «une fois les repreneurs engagés, les travaux pourront être entrepris rapidement», précise Laurent Somon, président du Département.
La course contre la montre est lancée
«Ce projet n’aura toutefois de sens que si l’on construit un nouvel abattoir, et ce, dans une échéance très proche à présent», rappelle le préfet. Comprenez : sans un coup d’accélérateur, dans les mois qui suivent, les services de l’Etat fermeront l’abattoir. Reste que le projet du nouvel abattoir multi-espèces dans la commune de Montdidier (la communauté de communes a repéré plusieurs terrains potentiels, ndlr), nécessitera bien trois ans de construction avant d’être opérationnel.
En attendant, l’outil actuel pourrait continuer à être exploité, mais à la condition sine qua non que les investisseurs engagent des travaux de mise aux normes tant sur le plan sanitaire qu’environnemental. Les travaux les plus urgents portent sur les équipements obsolètes, des aménagements pour l’abattage du petit bétail ou encore la gestion des eaux pluviales. Coût estimé : 300 000 €, «un peu surestimé par le cabinet d’étude», selon Laurent Somon. Et le président de rappeler qu’il «faut absolument tenir, d’une part, car l’abattoir perdra de la clientièle, et, d’autre part, parce qu’on ne peut pas parler de circuits courts sans transformation».
Un groupe de travail d’actionnaires, constitué par la SAS Sauvage Viande, les établissements Guy Lagache, la Coop micro-abattoir et Maxime Bruniaux planchent sur la reprise de l’abattoir, et la construction d’un nouvel abattoir multi-espèces (ovins, bovins et porcs) assurant des prestations de services, ainsi que le transport en amont et en aval. L’analyse économique de l’outil est en cours avec l’administrateur judiciaire. Quant à la reprise de l’abattoir, la décision définitive sera rendue fin janvier 2019.
Pour l’heure, les deux principaux repreneurs, que sont la SAS Sauvage et les établissements Guy Lagache, pourraient apporter 3 000 tonnes, soit le seuil critique de fonctionnement de l’abattoir. Les prévisions pour la viabilité économique de l’outil étaient autour de 3 500 à 4 000 tonnes. Inatteignable ? «On fait le pari qu’avec un outil moderne et fiable, on verra le projet se relancer. Une fois cela dit, il faut que les repreneurs fédèrent les éleveurs autour de ce projet et qu’ils aient une démarche commerciale», assure le préfet.
Coût du nouvel abattoir : entre quatre et six millions d’euros. Le Département et la Région apporteront leur soutien financier. Quant à la Chambre d’agriculture de la Somme, elle a reconduit dans son budget initial 2019 sa prise de participation à hauteur de 140 000 €.
Dernière session pour le président Daniel Roguet
«C’était la dernière séance», chantait Eddy Mitchell en son temps. «Itou» pour le président de la Chambre d’agriculture de la Somme, Daniel Roguet, lors de la session de la chambre, le 27 novembre dernier. Elus, représentants de l’Etat et politiques se sont donc succédé à la tribune pour rendre un dernier hommage à celui qui a présidé durant dix-sept ans la destinée de cette chambre d’agriculture. Le «bal» a été ouvert par le président de la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France, Christophe Buisset. Ce dernier rendait hommage à «l’énergie, la conviction et le pragmatisme» de ce Savoyard d’origine. Avant d’évoquer les avancées obtenues, grâce à lui : gestion de l’irrigation, développement des circuits courts, lancement de la Ferme agro-écologique 3.0…
Alain Gest, président d’Amiens Métropole, mettait en avant cet «homme de terrain, qui vient du terrain, toujours partout, et avec un sens du dialogue rare». Laurent Somon, président du Département, dans un discours fort chiadé - qui aurait fait rosir de plaisir le regretté Raymond Devos - évoquait ce «patron de la chambre, avec qui parler d’égal à égal» et de leur passion commune pour l’agriculture et l’élevage. Philippe de Mester, à qui revenait de clore les hommages, insistait, lui, sur les attaches viscérales de Daniel Roguet à cette terre samarienne pour laquelle il n’a eu de cesse d’œuvrer, avec l’investissement qu’on lui connaît.