Politique
Allô Paris, les agriculteurs de la Somme ont des demandes à faire remonter
La porte-parole du gouvernement Sophie Primas est venue écouter les attentes de la profession agricole de la Somme, vendredi 14 mars, dans une exploitation du Ponthieu.
La porte-parole du gouvernement Sophie Primas est venue écouter les attentes de la profession agricole de la Somme, vendredi 14 mars, dans une exploitation du Ponthieu.

Porte-parole du gouvernement et, à ce titre, porteuse d’une voix «descendante», l’ex-sénatrice des Yvelines et ex-ministre déléguée au Commerce extérieur, Sophie Primas, assure vouloir «faire autrement» en allant (par exemple) à la rencontre des territoires et de leurs acteurs. Dans le cadre de son «tour de France», elle a fait étape le vendredi 14 mars dernier dans la Somme. Après la visite de la fabrique de boutons fabrique Crépin-Petit à Bernaville, elle s’est ainsi rendue dans la matinée chez Antoine et Ingrid Septier, agriculteurs à Maizicourt, où les sujets abordés ont été nombreux.
FCO : besoin d’une visibilité vaccinale
Dans cette ferme de polyculture-élevage laitier, on attend d’abord de savoir comment continuer de protéger les animaux contre la FCO et la MHE : «Le meilleur scénario, ce serait d’avoir des vaccins disponibles avant la mise à l’herbe, a fait valoir Ingrid Septier. Une fois que les animaux sont sortis, il est plus compliqué d’inciter les éleveurs à vacciner…» Pour Sophie Primas, la réponse est à chercher du côté des Assises du sanitaire, portées par sa collègue à l’Agriculture, Annie Genevard. Outre le fait que ces Assises devraient aboutir d'ici à la fin d'année 2025 à la signature de contrats sanitaires de filières, «on va s’en servir pour anticiper les besoins et réaliser des commandes d’état pour avoir des stocks», a-t-elle défendu.
Une date pour la PPL «entraves»
Autre sujet tout autant d’actualité, évoqué avec Thibaut Henocque, représentant à la fois la FDSEA et la Chambre départementale d’agriculture, celui du calendrier d’adoption par le Parlement de la proposition de loi portée par le sénateur Laurent Duplomb, autrement connue sur le titre de PPL «entraves». «Nous sommes très attachés à cette proposition de loi», a soutenu Thibaut Henocque, partageant des inquiétudes sur le calendrier d’adoption. Rappelant que la PPL «entraves» a déjà été adoptée par le Sénat, la porte-parole du gouvernement assure que le texte sera bien inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale... une fois qu’un autre texte, celui sur la simplification, aura été adopté. La conséquence pour la PPL «entraves», c’est une inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale «pendant la troisième semaine de mai, en première position», tente de rassurer Mme Primas. Et d’indiquer ensuite que «si je sais comment elle va entrer à l’Assemblée, je ne sais pas comment elle va en sortir…» Pour autant, elle l’assure: «Avec ce texte, on devrait réussir à couvrir une grande partie des demandes.»
PAR : adapter les mesures au terrain
Pour rester dans le domaine calendaire, Lucas Septier a interrogé la ministre sur l’application des mesures du plan d’action régional contre les nitrates, déclinaison d’un plan national (PAN). Pour le jeune installé avec ses parents et secrétaire général adjoint des JA de la Somme, «le calendrier qui est donné par le cadre national en matière d’épandages de matières organiques n’est pas applicable chez nous…» La conséquence de cette réglementation, ce sont des dérogations à répétition pour des agriculteurs qui craignent de ne pas être dans les clous : «Être dans un régime de dérogations tout le temps, ce n’est pas tenable», affirme Lucas qui demande à la représentante du gouvernement de porter une demande «pour adapter le calendrier à notre contexte.» Cette demande, Thibaut Henocque veut la voir porter au nom de l’agronomie : «Il n’est pas logique de ne pas pouvoir intervenir quand les conditions sont favorables…» Si la ministre a affirmé «comprendre» la demande, elle conditionne sa réponse… au temps que durera le gouvernement dont elle fait partie : «Si on reste encore un peu au gouvernement, on pourra changer de philosophie dans la prise de décisions. La nôtre, c’est de donner un cadre national pour tout ce qui nous oblige et de donner plus de latitude aux préfets.»
Service après-vente de l’action publique
Lors d’un échange avec la presse, la porte-parole du gouvernement a aussi tenu à assurer une forme de «service après-vente» de l’action publique, notamment en ce qui concerne les lois Egalim : «Ces lois Egalim ont quand même permis de changer les mentalités et changer la manière de fixer les prix. C’est grâce à ces lois qu’on a pu mettre les agriculteurs à la table des négociations et que l’on y voit un peu plus clair. Globalement, cela a quand même fait du bien, mais si c’est perfectible.»
En ce qui concerne l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, «on continue chaque jour à se battre contre les conséquences de cet accord», a-t-elle assuré. Et d’ajouter que «si l’agriculture pouvait en être exclue, ça nous irait bien…»
«Besoin d’entendre la voix de la France»
Un accord pouvant en cacher un autre, Fabien Hamot a, quant à lui, évoqué auprès de la ministre deux autres sources d’inquiétude pour les betteraviers, en plus des craintes liées à l’accord UE-Mercosur. Le premier, c’est l’augmentation significative des importations de sucre ukrainien dans l'UE depuis le début du conflit russo-ukrainien. «Ce n’est pas à la filière betteravière française de supporter l’effort de guerre», a insisté le secrétaire général national de la CGB.
Quant au second, il s’agit des exportations d’alcool du Pakistan vers le marché européen (20 % en 2024) qui bénéficieraient, selon le représentant de la CGB, «de largesses de la part de la Commission européenne», au détriment de la production européenne d’éthanol. Rappelant à la ministre sa prise de position passée en faveur du retour temporaire de l’utilisation des néonicotinoïdes en traitement de semences - sénatrice, elle a été rapporteur au Sénat en 2020 d’un projet de loi allant dans ce sens -, Fabien Hamot a dit souhaité aujourd’hui un même engagement de sa part pour les autres sujets : «On a besoin d’entendre votre voix et celle de la France.»