Accueillir des camping-cars sur ma ferme, est-ce pour moi ?
Voyager en restant sur sa ferme… Tel peut être l’un des avantages à accueillir des camping-cars sur votre exploitation. Si vous êtes en recherche d’une
activité d’accueil à développer, c’est peut être une piste à explorer. Quelles démarches suivre ? Quels sont les impacts sur la vie personnelle et professionnelle ? Delphine et Fabien Lesaffre de Comines témoignent de leurs cinq ans d’expérience.
c’est le bouche à oreille et la présence sur les applications qu’utilisent les camping-caristes, avec les avis clients
ça augmente notre visibilité.
Pourquoi avoir choisi cette activité d’accueil de camping-cars à la ferme ?
Delphine Lesaffre : Mon mari est installé depuis vingt-cinq ans sur une ferme hélicicole (élevage d’escargots comestibles) avec de la vente directe. En 2015, nous réfléchissions à développer une activité supplémentaire, notamment pour me permettre de rejoindre l’exploitation. Avec l’aide d’une conseillère diversification de la Chambre d’agriculture, nous envisageons plusieurs possibilités. Nous sommes conseillés sur les démarches et orientés vers les contacts utiles. L’idée chemine et nous arrêtons notre choix sur l’accueil de camping-car.
Comment le projet a pris forme ? Cela vous a-t-il demandé beaucoup de temps ?
Delphine et Fabien Lesaffre : Les démarches administratives prennent du temps. En parallèle, nous nous renseignons sur les aires d’accueil à proximité et vérifions que notre secteur soit porteur. Après validation de la faisabilité de notre projet, nous nous lançons dans l’aménagement d’une aire de services pour accueillir des camping-cars. Notre environnement s’y prête bien, les emplacements d’accueil se trouvent dans un espace calme, ombragé, sur un sol plat et stabilisé, facile d’accès, dégagé, tout en respectant les normes accessibilité. Nous ajoutons des conteneurs pour les déchets et implantons un panneau d’indications avec numéros d’urgence, tarifs et informations locales. L’aire de services nécessite des compartiments techniques (voir encadré ci-dessous), dont le coût n’est pas négligeable. Notre projet s’est chiffré au total à 25 000 € d’investissements. À l’époque, nous avions pu avoir une subvention du Conseil général de 9 250 €.
Quels ont été les impacts économiques sur votre exploitation ?
Pour l’utilisation de l’aire de services, nous demandons 5 € par nuit, 3 € pour le branchement électrique pour 24h et 2 € pour la borne de service (rechargement en eau). Nous avons été positivement surpris de l’impact économique sur les ventes au magasin. Le panier moyen des camping-caristes est autour de 20 €. Cela représente un supplément intéressant quand l’accueil tourne bien.
Il ne faut pas négliger le temps de travail que cette activité implique...
C’est très aléatoire et dépend beaucoup des personnes : certaines sont bavardes, d’autres préfèrent rester discrètes. Il faut se rendre disponible le soir ou le matin. Au-delà du temps passé à accueillir, il faut également être joignable par téléphone pour gérer les arrivées de dernières minutes, les soucis techniques qui peuvent survenir et aussi le temps des visites de la ferme ou de présence dans le point de vente. Cette activité a des répercussions sur la vie personnelle. Nous nous sommes lancés quand nos enfants étaient relativement autonomes, avec des enfants encore petits, cette activité peut représenter de grandes contraintes et devenir difficilement gérable.
Mais en plus d’accueillir des voyageurs au sein de notre ferme, cette activité permet de faire découvrir notre élevage, de parler de notre métier à tout type de public, de sensibiliser les consommateurs. Accueillir, c’est aussi conseiller et orienter les visiteurs vers les points d’intérêts du secteur, les sites remarquables à proximité, les bonnes adresses à ne pas manquer...
De quelle manière communiquez-vous pour faire connaître votre activité ?
Une fois l’activité en place, il faut que notre aire soit connue, notamment par les utilisateurs de camping-cars. Présenter l’offre auprès des offices de tourisme du secteur peut être un moyen, mais ce qui fonctionne le mieux c’est le bouche à oreille et la présence sur les applications qu’utilisent les camping-caristes, avec les avis clients ça augmente notre visibilité. À côté, il faut pouvoir nous trouver facilement, d’où l’importance de la signalétique indiquant la direction de l’aire sur les axes stratégiques à proximité. Les règles sont variables selon les communes, nous nous étions rapprochés de notre mairie.
Quel type de clientèle s’arrête sur votre aire de services ?
Nous accueillons des familles ou des jeunes couples, mais ce sont en majorité les 55 à 70 ans et les retraités qui fréquentent notre aire de camping-cars. Des liens se créent avec certains habitués du lieu. Étant situés dans le Nord, à la frontière, ce sont des Belges, des Anglais, des Néerlandais qui passent régulièrement. L’occupation des emplacements est variable et fluctue selon la météo. Cette année est calme par rapport aux années précédentes à la même période (en raison du contexte particulier lié à la crise sanitaire). En moyenne, quatre emplacements sur
six sont réservés au long de la saison. Pendant les vacances, ce sont surtout des familles qui séjournent sur notre ferme. Noël est aussi une période chargée. Hors vacances, les emplacements sont occupés aussi bien les week-ends qu’en semaine. Il est important de mesurer les impacts de cette activité d’accueil sur le rythme professionnel et personnel. Il faut aimer le contact avec le public et savoir se rendre disponible. Avoir un produit à présenter est un vrai plus.
Quelles distinctions selon l’usage de l’aire ?
L’aire de services est un emplacement aménagé où il est possible de réaliser les opérations techniques liées à l’autonomie et la propreté : remplissage des réservoirs en eau potable, vidange des eaux usées (eaux grises) et vidanges des eaux noires (WC chimiques). L’aire de stationnement (ou d’accueil) est un emplacement ou simple parking sans aménagements techniques particuliers.
Réglementation : quelles sont les principales démarches avant de se lancer ?
- Consultez le document d’urbanisme auprès de votre mairie pour étudier la faisabilité ou non du projet
- Selon le nombre d’emplacements, il faudra une autorisation d’aménager ou une déclaration préalable
- Selon les aménagements que vous prévoyez, il faudra soit un permis de construire, soit une déclaration de travaux.
Bénéficiez de la force du réseau Bienvenue à la ferme
L’accueil de camping-cars est une activité «Vivez fermier» labellisée par la marque. En Hauts-de-France, cinq fermes proposent cette forme d’accueil (dont trois aires de services). Retrouvez les informations supplémentaires sur https://www.bienvenue-a-la-ferme.com/hautsdefrance
Dans le département de la Somme, chez Dominique et Xavier Delorme - les Canards de la Germaine, à Sancourt - le couple d’exploitants dispose d’une aire d’accueil aménagée au sein de leur exploitation agricole. Deux camping-cars peuvent ainsi être accueillis simultanément «qu’ils soient adhérents ou non à un club de camping-cariste», avec une réponse aux «besoins primaires» : stationner de jour comme de nuit et accéder à une aire de service sans contraintes. Pour des étapes en camping-car de jour et de nuit, une formule «invitations» existe. Elle permet ainsi aux camping-caristes de stationner librement sur le site sans aucune contrainte financière ou commerciale pour une durée limitée à 24h par étape. Et de donner l’occasion de découvrir la ferme.
Si vous êtes agriculteurs et que vous souhaitez approfondir votre réflexion sur l’accueil de camping-cars à la ferme ou une autre activité de diversification, rendez-vous sur le site du Point Info Diversification : https://hdf.diversificationagricole.fr/