Adapter ses pratiques pour limiter l’érosion des sols
Avec l’évolution climatique vers des phénomènes orageux de plus en plus violents, les agriculteurs doivent s’adapter pour limiter les départs de terre fertile de leurs parcelles.
Avec l’évolution climatique vers des phénomènes orageux de plus en plus violents, les agriculteurs doivent s’adapter pour limiter les départs de terre fertile de leurs parcelles.
Le département de la Somme est confronté chaque année à des phénomènes de coulées de boue qui peuvent parfois être très importants. En effet, à l’échelle nationale, le département fait partie des dix territoires les plus touchés par cette problématique. Le risque érosif départemental sera plus ou moins élevé en fonction des caractéristiques de chaque territoire et de la couverture des sols (cf. carte).
Lors d’orages violents, l’érosion peut emporter jusqu’à 20 tonnes de terre par hectare dans les cas les plus extrêmes. Cela équivaut à la disparition définitive de 2 mm de sol fertile par hectare. À ce rythme, c’est l’épaisseur totale de l’horizon fertile qui risque de disparaître sur seulement deux générations d’agriculteurs.
Une année noire en 2018
75 mm en vingt minutes, c’est la quantité d’eau qui s’est abattue sur le secteur de Miraumont, Irles et Grandcourt, le 22 mai 2018. Cela a entraîné de gros dégâts et de nombreuses ravines dans les parcelles agricoles.
Lors de ce printemps 2018, les orages ont touché près d’une centaine de communes dans le département avec, pour la plupart d’entre-elles, des niveaux de précipitations au-delà de la fréquence centennale (fréquence centennale au poste d’Abbeville : 52 mm/h). Ces quantités d’eau deviennent de plus en plus la norme. Est-ce lié au changement climatique ? Toujours est-il que les aménagements réalisés dans les bassins versants pour des pluies d’occurrence décennale (27 mm/h) ne peuvent gérer la totalité de ces précipitations. Deux solutions peuvent être envisagées pour essayer de limiter l’impact de ces pluies exceptionnelles. Soit augmenter la capacité des aménagements pour gérer une pluie centennale, voire au-delà. Cela induit automatiquement des coûts très importants pour les aménagements, que la collectivité pourra difficilement supporter. Soit mettre en œuvre des pratiques culturales en vue de maximiser l’infiltration des précipitations dans les horizons inférieurs du sol. La seconde solution sera beaucoup moins onéreuse, car elle traite les causes plutôt que les conséquences de l’érosion. Sans prétendre éliminer tout risque en face de pluies si importantes, ce qui ne serait pas réaliste, il est possible néanmoins d’augmenter la résistance des territoires.
Remettre l’agronomie au centre des décisions
Comment ne pas être affecté quand on voit disparaître la meilleure terre de sa parcelle lors d’un seul orage !
Des solutions agronomiques existent pour limiter l’impact de ces phénomènes à l’échelle de la parcelle. On peut citer la couverture permanente des sols, la limitation des tassements, l’utilisation d’outils spécifiques (barbutte en pomme de terre), etc. Chaque type de réponse mérite d’être étudié en fonction du territoire, avec les agriculteurs présents.
À titre d’exemple, un sol avec une couverture permanente est en capacité d’infiltrer temporairement des précipitations d’une intensité de l’ordre de 200 mm/h.
Ces solutions à l’échelle de la parcelle doivent pouvoir être démultipliées à l’échelle du bassin versant pour maximiser leur efficacité. C’est pourquoi la Chambre d’agriculture de la Somme a souhaité engager une démarche pilote sur le développement de toutes ces techniques agronomiques à l’échelle du bassin versant de la Nièvre, en concertation avec les agriculteurs. Il s’agit d’un projet ambitieux sur plus de 27 000 hectares (cf. carte).
Cette initiative est accompagnée par l’Agence de l’eau Artois Picardie. Aussi, pour coller au plus près du terrain et adapter les pratiques au contexte local, les agriculteurs de ce territoire sont invités à apporter leur contribution dans l’élaboration d’un programme d’actions agronomiques pluriannuel. En effet, seuls les praticiens du territoire pourront faire émerger des solutions adaptées aux conditions locales. Pour ce faire, deux réunions sont prévues à Canaples, les 30 juin et 8 juillet, à 14h (cf. encadré). La participation de tous est importante pour débuter un programme qui peut s’étaler sur deux à trois ans afin d’en mesurer les résultats sur le terrain.
Réunions d’information sur le bassin de la Nièvre
La Chambre d’agriculture de la Somme, avec l’appui de Somea, vous invite à participer à une réflexion afin de maximiser l’infiltration des eaux dans les parcelles grâce aux pratiques culturales et ainsi éviter l’appauvrissement des sols agricoles.
Cette initiative est soutenue par l’Agence de l’eau Artois Picardie.