Agrikolis : des points relais de colis à la ferme
Le principe ? Proposer aux agriculteurs de devenir points relais de colis lourds et encombrants. La start-up Agrikolis recherche actuellement 150 à 200 partenaires dans les Hauts-de-France.
Qui d’entre nous n’a pas râlé maintes fois en attendant la livraison d’un colis, avec une plage horaire comprise entre 8h et 12h ou 14h et 18h ? De quoi «flinguer» toute une demi-journée de travail. Cédric Guyot, co-fondateur d’Agrikolis en sait quelque chose. Non pas que le quarantenaire soit un consommateur invétéré de la l’achat en ligne, mais parce que son parcours professionnel lui a donné matière à réflexion sur le sujet.
Ingénieur de formation, il a travaillé dans différentes entreprises de toutes tailles, où ses missions consistaient à organiser les flux logistiques en France et en Europe. «La livraison des clients sur des produits lourds et volumineux est compliquée, car ceux-ci doivent prendre généralement une demi-journée pour réceptionner, au final, en un quart d’heure, leur colis. Pour offrir une solution économique, proche et flexible, j’ai réfléchi à un autre système de livraison», raconte-t-il.
Mais le vrai déclic est venu, au début de l’année 2017, en échangeant avec son voisin agriculteur, Fabien Verscheure, installé à Argœuves. Ce dernier ayant arrêté le lait avait un bâtiment libre et du matériel de manutention pour déplacer et livrer des colis lourds. Pourquoi, imagine alors Cédric Guyot, ne pas unir leurs forces pour proposer un service de relais colis à la ferme ? De quoi assurer un revenu supplémentaire à l’agriculteur en recherche de diversification, et pour l’ingénieur mettre en route son idée de relais colis près des domiciles des clients (hors électro-ménager ou tout autre produit comprenant de l’électronique, ndlr), avec une flexilibilité pour la livraison. Bingo : la greffe prend.
Du projet à la réalité
Cédric Guyot se retrousse dès lors les manches et travaille sur son projet pour créer les outils nécessaires à la réalisation de son projet (informatique, Internet, assurances, etc.). Son projet, soutenu par la Région Hauts-de-France, lui permet d’intégrer l’incubateur de start-up EuraTechnologies et l’accélérateur de Rev 3 (programme de la troisième révolution industrielle de la Région), ainsi que d’obtenir un partenariat avec Groupama pour le volet assurance. Si les outils sont opérationnels depuis le 31 janvier dernier, il est en négociation avec des sites internet de commerce, des fabricants et des distributeurs livrant des colis volumineux.
Le fonctionnement de l’application est d’une simplicité biblique. Le client passe sa commande sur un site de commerce, puis choisit pour sa livraison, à partir de l’application Agrikolis, le point relais le plus proche de chez lui. A l’arrivée du colis à la ferme, l’agriculteur envoie un SMS au client final pour convenir avec lui d’un horaire de livraison. Deux options sont possibles : soit la réception de la livraison à la ferme, soit la réception chez soi assurée par l’agriculteur. Pas ou peu de papiers à remplir, flexibilité assurée et développement des circuits de proximité.
Pour devenir relais de colis, l’agriculteur doit posséder un smartphone, un espace de stockage couvert et sécurisé d’au moins 30 m2 et être capable d’assurer la manutention de palettes. «Le seul impératif pour l’agriculteur imposé par Agrikolis, est que celui-ci doit souscrire une assurance de quelques euros par mois pour protéger le matériel agricole pendant les livraisons», explique Cédric Guyot. La rémunération de l’agriculteur est calculée sur la base des palettes réceptionnées, stockées et mises à disposition. Une autre rémunération est prévue en cas de livraison à domicile. Chaque ferme relais livrera dans un rayon de 10 km maximum, et aura l’exclusivité dans les 5 km alentour.
A la conquête de l’Europe
Au 29 mars, soixante-cinq points de relais ont été ouverts dans les Hauts-de-France et cent soixante-dix à l’échelle de la France. Ses objectifs : trouver encore cent cinquante à deux cents agriculteurs dans les Hauts-de-France d’ici cet été, puis six cents à l’échelle de la France d’ici la fin de cette année, puis mille six cents fin 2019. Cedric Guyot vise aussi l’Europe, souhaitant lancer son application, d’ici fin 2010, d’abord en Espagne et au Benelux. «Nous avons une ambition européenne affichée. Nous sommes les premiers à proposer un tel service permettant à la fois de la flexibilité dans les livraisons de colis lourds et volumineux, mais aussi facilitant le lien social et permettant aux agriculteurs de rompre avec leur isolement», indique-t-il.
Pour développer encore plus son projet, il lancera un financement participatif mi-mai à partir de la plateforme Miimosa, puis une levée de fonds à compter du second semestre.
S’inscrire
Un formulaire d’inscription est en ligne sur www.agrikolis.com. Un contrat sera ensuite signé, engageant l’agriculteur à utiliser l’application Agrikolis et à livrer les colis reçus dans les trois jours. Aucune durée d’engagement n’est imposée. Pour sortir du dispositif, l’agriculteur doit déposer un préavis de deux mois.