Agritwittos des Hauts-de-France : quand le tweet est dans le pré !
Les agriculteurs sont de plus en plus adeptes de Twitter. Ils ont même créé leur propre groupe, France agri twittos. Parmi eux, des agritwittos de la région.
est de plus en plus présent sur Twitter.
La curiosité les a tous poussés à télécharger l’application au petit oiseau bleu. Premiers tweets à tâtons. Etonnement lorsque les premiers followers affluent. Le contenu partagé, en rapport avec l’agriculture, intéresse. Pour cause :
«Les agriculteurs sont précurseurs et très actifs sur Twitter», assure Damien Heurtaut, agriculteur en grandes cultures à Autheuil-en-Valois (60). La communauté des agritwittos, comprenez agriculteurs adeptes du réseau social, est même, depuis cet été, organisée en association sous le nom France agri twittos (Fragritwittos). 2 400 personnes sont abonnées au compte. Un hashtag pour les distinguer : #FrAgTw.
Damien Heurtaut est un jeune converti, puisqu’il a créé son compte en mars 2017. Lui qui n’était «pas très réseaux sociaux», et qui n’avait pas adhéré au célèbre Facebook, car trop intrusif, a tout de suite accroché à la formule. «Une image, 280 caractères. On va à l’essentiel.» Le polyculteur a même été surpris de l’ampleur de ce moyen de communication. «Les tweets rebondissent très vite. Il suffit de dire quelque chose de pertinent et d’y associer les bons hashtags. On peut aussi bien toucher le grand public que les journalistes ou les politiques.» Lui a su dégoter les informations qu’il cherchait sur l’agriculture de conservation. «J’ai échangé avec des agriculteurs du Centre et du Loiret, qui relayent bien ces infos, car ils sont des experts. Et puis d’un sujet technique, on finit par discuter d’autre chose. C’est aussi un réseau de rencontre.»
Incroyables rencontres
C’est cette ouverture d’esprit qui a poussé Hervé Gustin, enseignant en agro-équipement à Bapaume, à s’intéresser à Twitter. Lui est même devenu le référent des agritwittos des Hauts-de-France. «Bien souvent, les informations officielles arrivent sur Twitter avant les autres sources. C’est un excellent moyen de suivre les tendances agricoles», assure-t-il. Dans ses contacts, d’autres passionnés du milieu, mais aussi les sources officielles : @StTRAVERT, @N_Hulot ou encore @EmmanuelMacron, les alias respectifs des ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire, et du président. Mais surtout, Hervé Gustin a été séduit par la richesse que de tels échanges virtuels peuvent apporter. «Je suis entré en contact avec un agriculteur canadien. Il a fini par venir en France, et on lui a fait découvrir l’agriculture locale. Un super souvenir !»
Il essaie désormais de transmettre le virus à ses étudiants, plutôt attirés par Facebook. «Twitter est beaucoup plus professionnel. Il faut absolument investir ces milieux pour exposer notre situation.» Les discussions autour de l’interdiction du glyphosate, par exemple, ont suscité des centaines de tweets. «On essaie d’apporter des arguments et un éclairage sur l’actualité de notre métier.»
Le 360° de la communication
Luc Smessaert, éleveur laitier à Roy-Boissy (60), a saisi cette opportunité il y a déjà six ou sept ans. Depuis, le responsable de la communication pour la FNSEA dégaine tous les jours son smartphone pour «raconter la vraie histoire de la ferme». «Les agriculteurs ont un capital sympathie très fort. Il faut s’en servir pour renouer le dialogue.» Pour lui, il y a une vraie attente du consommateur sur la provenance des produits, comment ils sont faits… «Et pour expliquer cela, il faut être sur le 360° de la communication. Twitter en fait partie», assure-t-il. Pour qu’un tweet puisse effacer les craintes des consommateurs, Luc Smessaert dispense ses conseils : «Il faut être vrai. Une photo ou une petite vidéo améliore la visibilité. On peut faire de la communication positive, de l’humour, mais aussi des coups de gueule. Essayer de fournir des chiffres, des infographies, pour être crédible.» Pour s’informer, comme sur Internet, il s’agit «d’identifier les sources sûres».
S’il en est bien un qui a saisi le sens de la communication à 360°, c’est bien Thierry Baillet, polyculture et gérant d’une pension de chevaux à Loos-en-Gohelle (62). Lui tweete surtout ses vidéos, qu’il publie sur sa chaîne Youtube et son site www.agriculteurdaujourdhui.com. «Je me suis mis à filmer mon quotidien il y a quelques années, lorsque mon fils s’est fait insulté de bouseux à l’école. Je me suis dit qu’il fallait expliquer notre métier.» Depuis, ses vidéos totalisent jusqu’à 25 000 vues et touchent surtout des agriculteurs de 18 à 34 ans. «Mais 20 % des internautes sont tout de même extérieurs au monde agricole.» Presque une double activité, cependant, pour le geek agricole qui «ne se rend plus jamais au champ sans son trépied et sa caméra» et qui passe toutes ses soirées devant son logiciel de montage. Thierry Baillet édite même, désormais, des formations en ligne pour aider d’autres agriculteurs à partager virtuellement leur quotidien.
Tous ces agritwittos sont cependant d’accord : «Il faut savoir décrocher le week-end. Rien de tel qu’une soirée d’échanges autour d’un bon repas !»