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Aker veut doubler la progression des rendements sucriers d’ici 2020
Le programme d’amélioration des variétés de betteraves à sucre
est entré dans sa phase opérationnelle.
«L’objectif est de doubler le rythme de progression annuel des rendements sucriers de la betterave d’ici 2020», a déclaré François Desprez, président de Florimond Desprez, a propos du projet Aker. Annoncé comme bénéficiaire des «investissements d’avenir» en février 2012, le programme Aker, visant l’amélioration des variétés de betteraves sucrières, a démarré. Les premières avancées du programme ont ainsi été présentées chez Florimond Desprez, le 26 septembre à Cappelle-en-Pévèle.
Obtenir une large plage de variabilité génétique
«Les enjeux de ce programme sont d’identifier des gènes rares sur les betteraves grâce à des outils jamais utilisés en sélection sur cette espèce», a indiqué François Desprez. Grâce au décryptage, en 2012, du génome de la betterave à sucre, le repérage par génotypage des gènes d’intérêt sur une vaste collection de variétés a permis d’accélérer le processus de sélection. Une révolution permettant d’éviter le phénotypage, description physique des plantes et des interactions avec leur milieu, nécessitant un cycle complet de production pour être étudié. Si, auparavant, cette étape était la première du processus de sélection, elle intervient maintenant à la fin pour vérifier le comportement au champ d’une plante améliorée. Ainsi, une collection de référence de 15 variétés de betteraves, parfois sauvages, a été constituée afin d’obtenir une large plage de variabilité génétique, soit 60 à 80% de la variabilité de l’espèce. Cette variabilité concerne notamment l’adaptation des betteraves aux maladies, principalement la rhizomanie, ou aux conditions de culture. Une sélection réalisée à partir de 10 000 variétés.
Des objectifs multiples
Ainsi, d’ici 2020 la productivité des betteraves à sucre devrait s’améliorer afin de combler l’écart de compétitivité vis-à-vis de la canne à sucre et de conserver la culture dans les assolements, a souligné François Desprez. L’idée est aussi de produire plus et mieux dans un contexte où le recours aux intrants sera de plus en plus réglementé et l’accès aux ressources, en terres notamment, de plus en plus limité. Reste maintenant à croiser ces variétés de référence avec une variété productive, dite élite, pour espérer, après de nombreuses étapes de sélection, obtenir de nouvelles variétés de betteraves plus productives avec moins d’intrants. Pour Bruno Desprez, directeur général de Florimond Desprez, «le projet Aker permet à l’entreprise d’engager un investissement de rupture technique et technologique qu’il ne fallait pas louper». Si, pour Florimond Desprez, cet investissement est stratégique pour la sélection des variétés de betteraves, les techniques développées devraient servir à la sélection d’autres espèces. Il est d’ailleurs aussi question de développer de nouveaux outils pour automatiser le phénotypage des variétés, qui demande aujourd’hui beaucoup de main-d’œuvre. L’aéroponie, culture sans substrat permettant d’observer les racines sans manipulation, ou le développement de caméras d’observation automatique des racines, sont notamment à l’étude. Le programme, doté de 18,5 millions d’euros dont 5 millions au titre des investissements d’avenir, est conduit par onze partenaires publics et privés, parmi lesquels l’Inra, les instituts techniques et des universités.