Alain Jumelle : «une compétition existentielle dans le monde du para-agricole élevage»
La coopérative Avenir Conseil Élevage a tenu le 21 février dernier son assemblée générale plénière à Cambrai.
Spécialisée dans le conseil en élevage, la coopérative Avenir Conseil Élevage (ACE) intervient auprès de 65 % des livreurs de lait de la région Nord-Picardie, qui détiennent 72 % des vaches laitières et réalisent 85 % de la production laitière du territoire. Cet acteur incontournable du paysage laitier régional (issu de la fusion des contrôles laitiers du Nord et de Picardie) doit s’adapter aux évolutions d’un secteur où la concurrence entre opérateurs s’accroît d’années en années au rythme de la restructuration des élevages laitiers.
Dernières étapes de la fusion
Dans ce contexte, ACE finalise aussi sa restructuration par la mise en œuvre du projet d’entreprise unifiée, avec «le souci de prendre en compte la dimension humaine de l’entreprise». La négociation du nouvel accord d’entreprise devrait prochainement aboutir : «Celui-ci permettra de contractualiser l’action de chaque salarié dans la sérénité, et de dynamiser l’engagement au service des éleveurs, lance Alain Jumelle, président d’ACE. La fusion a mobilisé de nouvelles adaptations de procédures, comme par exemple la fusion des bases de données éleveurs jusqu’alors cloisonnées Nord et Picardie».
Initialement prévue pour l’été 2013, l’installation définitive des équipes administratives dans les locaux du nouveau siège social situé à Cambrai n’a eu lieu que fin novembre. Toutefois, «Cette avancée matérielle constitue une étape structurante fondamentale du projet issu de notre regroupement “Aisne-Nord-Oise-Somme”. En effet, le rassemblement en un même lieu des moyens administratifs et de direction est incontournable afin de favoriser la cohérence et la dynamique d’une structure comme la nôtre», a indiqué le président.
Par ailleurs, les antennes d’Abbeville, de Grandvilliers, de Laon et de La Capelle sont également opérationnelles ; seule l’antenne des Flandres reste à créer (Hazebrouck). Ces cinq «lieux de vie» dans les bassins de production de la coopérative doivent parachever une organisation territoriale au plus proche des éleveurs. Une nécessité au moment où la restructuration des élevages s’accélèrent : «Ils sont de moins en moins nombreux et de plus en plus différents, constate Isabelle Holvoët, directrice d’ACE. Ce qui explique que les éleveurs aient des attentes de plus en plus larges».
Des services qui évoluent encore
ACE étoffe ainsi son offre de services avec les analyses acétone (Cétodétect), proposées à la carte en 2014, et la professionnalisation des interventions Lactocorder par un travail d’amélioration de la valorisation des contrôles grâce à l’outil Valolacto. L’objectif est d’accroître le nombre d’indicateurs produits à partir des échantillons de lait, ainsi que de mieux valoriser les données d’élevage existantes.
Le conseil d’administration de la coopérative a décidé de faire de la problématique «cellules mammites» le fil rouge de l’action technique dans les élevages pour la campagne en cours. «Nous souhaitons confirmer que la situation est encore maîtrisable et requiert une vigilance permanente dans la conduite du troupeau et des procédures de traite», souligne Isabelle Holvoët.
De nouveaux indicateurs doivent permettre aux éleveurs d’améliorer leur action comme l’indicateur cellules «Incidence globale en lactation» pour monitorer la progression de l’infection dans le troupeau.
Par ailleurs, une décision importante a été prise collégialement dans le cadre de l’AEI, elle concerne la mise à disposition de Synel+ à tous les adhérents ACE. Le logiciel Synel aide l’éleveur à mieux gérer son troupeau. Ce dernier a notamment accès aux données identification, contrôle laitier et insémination présents sur la base régionale, en consultation ou en transfert.
Cette évolution soutenue par l’AEI, avec le soutien du CIA Gènes Diffusion permet aux éleveurs du Nord-Pas de Calais-Picardie de bénéficier gratuitement du service, le solde du coût Synel+ étant pris en charge par les Ecel (ACE et Oxygen). «Il s’agit là d’une décision importante qui doit répondre aux attentes exprimées : rendre collaboratifs l’outil éleveur Synel et l’outil conseiller TG Lait, assure Alain Jumelle. L’objectif étant de favoriser l’échange technique entre éleveurs et conseillers, en le rendant plus réactif et donc plus pertinent. Nous attendons de l’AEI des concrétisations rapides sur la prévision de production, ainsi que le rationneur».
À noter qu’au regard de l’augmentation des charges annoncées (remise à niveau de la rémunération des agents de pesée), et le résultat d’exploitation du dernier exercice, le conseil d’administration de la coopérative a décidé d’une hausse de 4 % des tarifs pour 2014.
Concurrences accrues
Enfin, le président Jumelle a fait part «d’interrogations fortes sur l’évolution de l’environnement dans une ambiance d’élevage résignée dans la région». Ce dernier parle d’une «montée en puissance des concurrences dans le domaine des services», notamment pour le contrôle de performance officiel. L’État devrait ainsi lancer un appel d’offres fin 2014 voire début 2015 ; avec pour conséquence l’arrivée probable de nouveaux opérateurs (comme le laboratoire d’analyse du lait Lacteus) aux côtés des contrôles laitiers.
Plus largement, la diminution du nombre d’élevages entraîne selon lui une compétition existentielle dans le monde du para-agricole élevage. «Les relations traditionnelles entre organismes locaux en sont maintenant perturbées, observe-t-il. Il faut dès lors trouver les accords et les alliances nouvelles qui permettront de consolider notre position et notre action au service de nos adhérents et des éleveurs de nos territoires». Et d’ajouter : «C’est dans cet esprit que nous explorons les possibilités de relations “métier” Nord Est». En clair, une alliance avec Oxygen et Optival serait envisageable. Toujours est-il qu’un partenariat «renouvellement des troupeaux», doit voir le jour sur les 2 prochaines années avec les CIA, au premier rang desquels Gènes Diffusion.