Aller au contenu principal

Politique
Annie Genevard : « L’heure est au soutien des industries agroalimentaires »

Dans un entretien à Agra le 26 octobre, la ministre de l’Agriculture met en garde contre les conséquences d’une hausse des taxes sur les produits sucrés, notamment sur l’amont agricole. À plus long terme, Annie Genevard prévoit un projet de loi Egalim « avant avril » et se dit favorable à revoir la réforme de la séparation vente/conseil des pesticides.

Annie Genevard SIA sucre taxe
La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, lors de sa visite au SIAL.
© Ministère de l'Agriculture

Des amendements au PLFSS prévoient des hausses de taxe sur les sodas, ainsi que sur d’autres produits sucrés et alcoolisés. Quelle est votre position sur ce sujet?

Au-delà des sodas, certains de ces amendements proposent de taxer le sucre en général.  La question est de savoir si c’est bien le moment d’en rajouter par une taxation directe qui n’est pas mesurée, pas calibrée, et qui peut mettre en péril des emplois. Il faut bien mesurer les conséquences de ces mesures qui peuvent se répercuter sur les fournisseurs c’est-à-dire les agriculteurs. J’appelle les parlementaires à penser également à l’avenir des filières agricoles et agroalimentaires, à notre souveraineté alimentaire et aux conséquences sur nos producteurs. Je crains que certains d’entre eux renoncent à poursuivre leur production, à cause de l’impact économique que pourraient avoir ces mesures.  Faisons confiance aux industriels de l’agroalimentaire pour innover et répondre aux demandes des consommateurs pour des produits plus sains.

De telles taxes seraient-elles acceptables si leur produit revenait aux secteurs agricole et agroalimentaire, comme vous sembliez le suggérer sur Sud Radio le 23 octobre ?

Au micro de Sud Radio, j’ai réagi à chaud sur les sodas, mais certains des amendements dont nous parlons aujourd’hui vont bien au-delà. Leur cible est extrêmement large, ils touchent de nombreuses productions, et cela me préoccupe, comme cela inquiète tout le secteur. Je ne me situe pas dans cette logique de taxer davantage en espérant un retour vers l’agriculture. Compenser une fragilisation que l’on aurait créée avec ces taxes n’est pas une politique dont le raisonnement me convient.

Le Sial vient de se clôturer. Dans quel état se situe l'agroalimentaire français, selon vous ?

Cette 60e édition du Sial a montré la force du secteur agroalimentaire dans un contexte difficile, avec 82 000 entreprises de toutes tailles, 960 000 emplois et un ancrage territorial remarquable. Les industries agroalimentaires sont une chance pour la France et, surtout, un élément essentiel de notre souveraineté. En tant qu’élue du Doubs tout autant que ministre je vois bien le rôle irremplaçable de ces entreprises dans les territoires ruraux. Toutes ces raisons me poussent à les encourager et à les défendre.

Êtes-vous inquiète de l’érosion des exportations agroalimentaires ?

En 2023, la balance commerciale est restée largement excédentaire pour les produits agricoles et agroalimentaires, à +5 Md€. Ces exportations sont un atout stratégique de poids pour notre économie. Mais notre présence sur les marchés mondiaux est menacée : en vingt ans, nous sommes passés de la deuxième place à la sixième – il paraît désormais que l’on tutoie la septième. Nous sommes de plus en plus concurrencés. C’est pour cela qu’il ne faut pas ajouter des boulets au pied de nos entreprises au moment où elles se battent pour défendre leur position sur les marchés mondiaux. L’heure est au soutien des industries agroalimentaires. C’est ma conviction.

Annie Genevard

Vous avez reçu le rapport des anciens députés Babault et Izard sur la réforme des relations commerciales. Quelles sont vos intentions dans ce dossier ?

Nous avons commencé à l’étudier. Je rappelle que ce n’est pas un rapport prêt à l’emploi, mais qu’il faut bien en évaluer chacune des propositions. J’ai aussi reçu les représentants des agriculteurs, des industriels et des distributeurs. Ce qui semble faire l’unanimité, c’est le maintien du SRP+10 (relèvement du seuil de revente à perte de 10 points, NDLR). Ce qui est sûr, c’est qu’il faut que le Parlement ouvre un débat avant avril, car l’expérimentation du SRP+10 s’achèvera à cette date.

Envisagez-vous un projet de loi ?

Oui, nous sommes investis dans les travaux sur le Budget 2025 mais sommes déjà en train de chercher un créneau parlementaire pour un projet de loi.  Il faut se donner le temps d’élaborer un texte qui soit vraiment utile au monde agricole. Des voies d’améliorations doivent être étudiées avec toutes les parties prenantes. Je vais travailler avec Laurence Garnier d’ici décembre sur ce dossier. Les lois Egalim ont été conçues pour protéger la matière première agricole, chaque maillon est essentiel.

Quid de la réforme de la séparation vente/conseil des pesticides ? Allez-vous répondre à la demande du sénateur Laurent Duplomb d’un texte avant la LOA ?

Il faut impérativement revenir sur ces dispositions qui compliquent beaucoup les choses dans l’exécution, et cela a recueilli un assentiment assez large. En tout état de cause, ça ne peut pas rentrer dans la loi d’orientation agricole (LOA), il faudra un autre véhicule législatif. Laurent Duplomb a une proposition de loi, qu’il pourrait présenter à l’occasion d’une semaine d’initiative sénatoriale, un peu avant la LOA. Concernant l’examen de la LOA, j’ai pris le premier créneau disponible pour le gouvernement au Sénat : l’examen commencera en commission à la mi-décembre et en séance publique en janvier.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Comment la Sotizerie a (re)propulsé le C15

Depuis les réseaux sociaux, La Sotizerie a largement contribué à faire sortir le C15 du bois en faisant de ce véhicule…

Morgan et Claire espèrent qualifier les deux juments Boulonnaises en attelage en paire, pour le prochain Salon de l’agriculture.
Morgan Robillard et Hagivale en quête d'un triplé historique

En février 2024, Morgan Robillard décrochait une première place dans l’épreuve montée du Salon de l’agriculture, avec sa Trait…

Notre appel pour le lancement d’un Citroën C15 en version bioéthanol (E85)

À l’occasion du 40e anniversaire du véhicule utilitaire emblématique de la marque Citroën, le C15, et à quelques…

Selon les auditeurs, financer la modernisation des équipements d’irrigation a pour conséquence une augmentation  des superficies irriguées.
L’irrigation dans le viseur de la Cour des comptes européenne

Dans un travail portant sur l’adaptation de l’UE aux phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, la Cour des…

Sana Terra veut dénicher la nouvelle variété reine de la chips

La coopérative Sana Terra (80) effectue des tests de variétés de pommes de terre chaque année. En 2024, l'essai était axé sur…

Au 25 septembre, 457 foyers sont recensés en Picardie, dont 52 dans la Somme.
FCO : en attendant les clarifications de l’État, la Région vient en aide aux éleveurs

Lors de la séance plénière du Conseil régional des Hauts-de-France du jeudi 3 octobre, ses élus devaient valider le plan d’…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde