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Apiculteur : un agriculteur pas comme les autres

Recherche d’autonomie, sélection de races, vigilance sanitaire ou encore calcul de rentabilité sont le lot des apiculteurs professionnels réunis au sein d’une association spécialisée (APPNP).

La production de miel est très saisonnière (de mars à juillet), mais, le reste du temps, il y a aussi l’entretien des ruches, l’élevage des abeilles, la commercialisation…
La production de miel est très saisonnière (de mars à juillet), mais, le reste du temps, il y a aussi l’entretien des ruches, l’élevage des abeilles, la commercialisation…
© D. R.

Sur la trentaine d’adhérents que compte l’Association des apiculteurs professionnels en Pays Nord-Picardie (APPNP) - ou autrement dit dans les Hauts-de-France -, vingt-cinq ont répondu présent lors de la dernière journée technique organisée par l’association, à Wavrans-sur-l’Aa (62). Thème phare de la journée, l’élevage de reines a guidé les participants autour de quatre ateliers : du greffage à l’introduction de reines vierges dans les nucléis de fécondation, en passant par l’élevage et le marquage des reines.En travaillant et en échangeant ainsi sur la reine, les apiculteurs ont pu repartir de cette journée avec de nombreux conseils pour gagner en autonomie.

Elever ses reines pour être autonome
En règle générale, chez les professionnels, la durée de vie d’une reine est comprise entre «deux et trois ans», constate Grégory Dussenne. La pastille de couleur qu’on lui colle sur le dos, parfois marquée d’un numéro, sert à les identifier, «comme en élevage de ruminants, avec le système de boucles d’identification», poursuit le technicien apicole.
Les élever soi-même, c’est s’assurer d’une certaine traçabilité et intervenir dans la sélection. «Comme dans d’autres types d’élevage ou dans les productions végétales, on a des apiculteurs sélectionneurs, des multiplicateurs et d’autres qui produisent simplement du miel», explique Grégory Dussenne. Et de poursuivre : «En étant autonome dans l’élevage de reines, on peut en profiter quand on en a besoin.» Au niveau national, on estime néanmoins le nombre d’apiculteurs sélectionneurs autour d’une dizaine.
Le choix de la race des abeilles est important et dépend des attentes de l’apiculteur. S’il fallait décrire l’abeille idéale, on dirait qu’elle doit être à la fois docile, productive et ne pas avoir tendance à trop essaimer. Au sein de l’association des apiculteurs professionnels des Hauts-de-France, la production de miel se concentre autour de trois races : «L’abeille noire que peu d’apiculteurs utilisent, la Carnica, qui est une abeille douce, mais qui a tendance à essaimer, et la Buckfast, qui est à la fois douce et productive», détaille Grégory Dussenne.

Vivre de l’apiculture
La taille moyenne des ruchers des adhérents de l’APPNP est comprise «entre 250 et 300 ruches par UTH, selon Grégory Dussenne, ce qui permet d’en vivre». Deux cents ruches et un investissement autour de 100 000 Ä (hors bâtiments) semblent être un minimum pour s’installer. En parallèle à l’investissement financier, il faut tenir compte du temps à passer au-dessus des ruches.
«Pendant la saison, c’est un travail quotidien, même le week-end», explique le technicien, pour qui l’atelier apicole doit être considéré comme une activité principale, et seulement dans de très rares cas comme une piste de diversification. «Pour réussir en apiculture, il faut être bon techniquement. Les apiculteurs qui adhèrent à l’association ne font que cela. La production de miel est très saisonnière (de mars à juillet), mais, le reste du temps, il y a aussi l’entretien des ruches, l’élevage des abeilles, la commercialisation…»
Le revenu dépend ensuite forcément de la manière dont le miel est valorisé. «Avec un grand nombre de ruches, on peut viser des marchés de gros ou demi-gros. Certains apiculteurs vendent en vrac ou conditionnent eux-mêmes pour vendre en direct, sur les marchés, dans des points de vente de produits fermiers…», rapporte le technicien. Enfin, quelques apiculteurs se sont spécialisés dans la production de gelée royale, rare et techniquement exigeante, donc forcément plus rémunératrice. D’autres enfin, encore moins nombreux dans la région, sont producteurs d’essaims.

Apiculteur, comment on s’installe ?
Pour s’installer apiculteur professionnel, il est nécessaire d’obtenir un Brevet de professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA), avec la spécialisation apiculture. Dans le Nord-Pas-de-Calais, cette formation est proposée par le lycée agroenvironnemental de Tilloy-les-Mofflaines. Pour les amateurs, des formations non diplômantes sont proposées dans des ruchers-école, le plus souvent animés par des apiculteurs bénévoles.
Si l’obtention d’un diplôme est nécessaire pour devenir professionnel, cela n’est en revanche pas suffisant : «Le diplôme donne des bases, mais il faut avoir déjà pratiqué avant ou faire une saison ou deux chez des apiculteurs déjà installés. L’accueil se passe en général très bien puisqu’il y a toujours chez les apiculteurs une volonté d’échanger et de transmettre », assure Grégory Dussenne.

Le varroa : l’ennemi numéro 1
Entre les disparitions (vols) de ruches, la prédation sur les abeilles, les fraudes constatées dans la production de miel, les exigences sanitaires, le métier d’apiculteur n’est pas toujours simple. «Si on fait bien le boulot, que l’on traite correctement contre le varroa et que l’on renouvelle ses reines, il n’y a pas de raison d’avoir peur de casse particulière», assure Grégory Dussenne convaincu comme d’autres que le varroa reste «l’ennemi numéro 1». Lancée en mars dernier, une enquête sur la mortalité des abeilles au sein des élevages adhérents de l’APPNP devrait prochainement permettre d’en savoir plus sur un sujet toujours sensible.

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Abeilles : l’Union européenne vient de voter l’interdiction de trois néonicotinoïdes néfaste pour les abeilles

Le 27 avril, les représentants des Etats membres de l’UE ont décidé d’interdire trois produits de cette famille d’insecticides jugés dangereux pour les abeilles sur toutes les cultures de plein air.

Les apiculteurs l’attendaient depuis longtemps. L’Europe s’est enfin décidée. Les trois néonicotinoïdes interdits, soit le clothianidine, le imidaclopride et le thiaméthoxame, déjà soumis à des restrictions d’usage dans l’Union européenne depuis 2013, mais contestées en justice par Syngenta et Bayer, vont être quasi totalement interdits après le vote de ce vendredi 27 avril d’une majorité d’Etats membres, soit 55 % des Etats membres représentant 65 % de la population totale de l’Union européenne. Si la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont voté en faveur de l’interdiction, le Danemark, la Hongrie, la République tchèque et la Roumanie ont voté contre. Et neuf pays se sont abstenus, dont la Belgique et la Pologne.
L’interdiction s’applique désormais à toutes les cultures en plein champ, avec pour seule exception les usages en serre, mais à la condition que les graines et les plantes ne quittent pas leur abri fermé.

La santé des abeilles est cruciale
«La Commission avait proposé ces mesures il y a des mois, sur la base de l’avis scientifique de l’Efsa. La santé des abeilles a toujours une importance cruciale pour moi, puisque cela concerne la biodiversité, la production alimentaire et l’environnement», a réagi le commissaire européen à la Santé et la sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis. Il s’agit d’un vote «essentiel pour l’avenir de la biodiversité et notre agriculture», s’est pour sa part félicité l’eurodéputé socialiste, Eric Andrieu, président de la commission pesticides du Parlement européen, créée à la suite de la controverse sur le glyphosate (principe actif du Roundup). L’association Pollinis salue «un pas en avant» avec cette décision. Mais, selon elle, «elle ne répond en réalité aucunement aux urgences sanitaires et environnementales liées à l’utilisation massive de ces pesticides dans l’agriculture». Et de pointer  six molécules néonicotinoïdes autorisées actuellement sur tout le territoire européen, et au moins deux nouveaux pesticides tueurs-d’abeilles, le sulfoxaflor et le flupyradifurone, dont le mode d’action sur les insectes est semblable à celui des néonicotinoïdes.


Tsunami dans la filière betterave
La CGB, l’interprofession de la filière betterave sucre, qualifie la décision de «véritable tsunami pour la filière betterave sucre française, avec de très graves conséquences économiques pour les agriculteurs et l’industrie sucrière». Et d’insister sur le fait que cette décision n’est pas du tout fondée sur la science, mettant en avant que «l’Efsa a récemment estimé qu’il n’existait pas de risque pour les pollinisateurs au travers de l’utilisation de néonicotinoïdes sur la culture de la betterave». Si les betteraviers l’ont aussi amer, c’est aussi parce qu’aucune alternative durable n’existe pour le moment. L’interprofession en appelle donc à la responsabilité des autorités françaises à accorder une dérogation pour l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences de betteraves.

Florence Guilhem

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