Alimentation animale
Après la moisson, il faut penser aux couverts !
Les récoltes précoces des maïs de l’année dernière et certainement plus tardives cette année, peuvent compromettre l’équilibre du bilan fourrager. Pour compenser, la culture de dérobées peut être une solution.
Les récoltes précoces des maïs de l’année dernière et certainement plus tardives cette année, peuvent compromettre l’équilibre du bilan fourrager. Pour compenser, la culture de dérobées peut être une solution.
Se tenir prêt
Les moissons de céréales achevées, ces surfaces disponibles pourront être semées avec des dérobées. N’attendez pas la pénurie de semences fourragères, inévitable en cette période de l’année. Prévoyez vos cultures : plutôt à base de graminées et de légumineuses pour des semis d’ici début août et plutôt à base de ray-grass italien à partir de mi-août pour une récolte à l’automne, voire au printemps prochain.
Quels fourrages, pour quels animaux ?
Les cultures dérobées peuvent être utilisées assez largement par tous les types d’animaux, néanmoins leur utilisation en production laitière est à raisonner en fonction des objectifs de production. Ainsi pour des élevages avec des objectifs soutenus de production, l’utilisation des dérobées en fourrage conservé doit être limitée dans la ration et trouve essentiellement un intérêt dans l’apport de fibres et cellulose, pour sécuriser la digestion. Par contre, les systèmes moins intensifs sur le lait trouveront là un bon moyen de sécuriser le bilan fourrager sans pénaliser les performances. Dans tous les cas, le pâturage lorsque cela est possible ou l’utilisation par les génisses l’hiver restent la valorisation adaptée.
Les valeurs sûres : RGI, trèfle incarnat, colza, avoine
Le ray-grass d’Italie
C’est la culture prioritaire s’il pleut suffisamment, car il peut apporter la totalité de la ration de base et être offert à volonté aux animaux. Il peut aussi être à nouveau pâturé en fin d’hiver, à condition de ne pas le détruire trop tard pour ne pas hypothéquer le rendement de la culture suivante. Avec suffisamment d’humidité, les façons culturales superficielles suffisent à la levée du jeune semis. Plus on sèmera tôt, et plus on aura de chances d’avoir du rendement.
Dose de semis : 20 kg/ha. Les variétés alternatives seront très productives dès cet automne.
Le trèfle incarnat
Sur un sol humide, il lèvera en quelques jours et poussera ensuite avec peu d’eau. Il apporte davantage de PDI dans le fourrage que le RGI. Il est non météorisant, mais doit être pâturé jeune si l’on souhaite avoir des repousses : dès que le bourgeon terminal est sectionné, il ne repousse plus.
Dose de semis : 18 à 20 kg/ha.
Le trèfle d’Alexandrie qui résiste au sec pourra être choisi pour les semis précoces, mais il craint les gelées.
Le colza fourrager
Le colza peut lever avec de faibles pluies. Sa richesse en énergie (jusqu’à 0,9 UFL) et en azote soluble en fait un bon complément des rations fibreuses ou à base de maïs. Il ne faut pas dépasser le tiers de la ration totale et ne pas l’utiliser pour les jeunes animaux. Des variétés de colza fourrager alternatif ont une croissance très rapide permettant de disposer de 2 tonnes de MS/ha, 45 jours après le semis.
Dose de semis : 8 à 10 kg/ha.
L’avoine diploïde ou avoine brésilienne a une bonne vigueur d’installation et de développement. C’est une bonne solution pour avoir du fourrage valorisable en pâturage ou enrubannage à l’automne, mais l’avoine brésilienne est une plante gélive.
Dose de semis : 35 à 40 kg/ha.
Des associations RGI + trèfle annuel type Alexandrie (10 kg RGI + 10 kg trèfle) ou incarnat (10 kg RGI + 12-15 kg trèfle) peuvent produire 2-3 tonnes de MS/ha d’ici le début de l’hiver.
Ces associations sont précoces, productives et présentent une bonne valeur alimentaire. On peut aussi associer l’avoine diploïde et le trèfle d’Alexandrie (ou trèfle incarnat) (25 - 12 kg/ha).
Bien réussir l’implantation
La date de semis de la dérobée est primordiale : semez rapidement après les récoltes de céréales pour profiter de l’humidité résiduelle. Apportez de l’attention au semis : enfouir légèrement en appuyant pour un bon contact graine-sol. Le semis avec un semoir à céréales est plus précis et indispensable pour les implantations de mélanges d’espèces. Des pluies au moment du semis et de la levée sont déterminantes pour la réussite de ces inter-cultures estivales. La fertilisation n’est pas nécessaire. Les reliquats après récolte devraient suffire au développement de la dérobée. L’azote non absorbé par la céréale et l’azote issu de la minéralisation des matières organiques sera valorisé par le fourrage d’été.
Ces fourrages permettront d’avoir des surfaces pâturables en fin d’été en complément des prairies habituellement pâturées, ou de réaliser des stocks afin de faire la jointure jusqu’aux ensilages de maïs.
Privilégier les associations
Les semis de dérobées d’été sont très tributaires des conditions météo. Les associations d’espèces et variétés offrent une réponse plus large au contexte. Ainsi l’incorporation de ray-grass italien dans les mélanges permet de bien profiter d’une fin d’été plus humide et plus fraîche. La réussite étant toujours aléatoire, privilégier les mélanges les moins chers et les semences de ferme.