Arboriculture : des équilibres à trouver dans le verger
Profitant du lancement de l’opération «Invitez les saveurs des Hauts-de-France à votre table» qui s’effectuait au Domaine de Moismont la semaine dernière, son responsable Bernard Nicolaï est revenu sur la réalité du métier de producteurs de pommes.
À Vron, au Domaine de Moismont, Bernard Nicolaï est la tête d’un verger de 72 hectares. Autant dire qu’en pleine période de récolte, l’exploitation prend rapidement des airs de rucher. Actuellement, le Domaine de Moismont emploie pas moins de 80 personnes pour la récolte. C’est cinquante de plus qu’à d’autres périodes de l’année, tous originaires de la région : «On ne fait pas appel à de la main-d’œuvre étrangère, explique M. Nicolaï. C’est un choix assumé. On préfère faire travailler des gens du coin avec une politique salariale attractive.» Chaque jour, il faut cueillir, amener les fruits dans des palox, puis les conduire vers un centre de tri où ils seront calibrés et emballés. La journée commence par un rituel, instauré depuis deux ans : une séance d’échauffement musculaire. «C’est un moment convivial, d’une dizaine de minutes, qui permet de se préparer à la journée de travail, mais aussi d’échanger.» Un «gros travail», dixit le chef d’entreprise a été réalisé pour rendre les vergers plus facilement exploitables. Le pomiculteur veut aussi faire de ses salariés des ambassadeurs de l’entreprise dans laquelle ils travaillent : «Je traite mes vergers. Cela se voit et je ne le cache pas. Mais j’explique pourquoi je le fais et notre façon de travailler, y compris aux salariés. Si chaque cueilleur parle de son métier à dix personnes autour de lui et de ses conditions, on avance...»
Des fruits pressés ou écrasés
En 2015, le chef d’entreprise prend un virage, en se lançant dans la transformation : «On s’est rendu compte que l’on jetait beaucoup de pommes, soit parce qu’elles n’étaient pas belles visuellement ou qu’elles étaient hors calibre. Mais qu’elles soient belles ou moches, elles coûtent le même prix à produire...» L’idée vient donc de les transformer en jus en partenariat avec une entreprise spécialisée dans le pressage, installée en Picardie. Quelques années plus tard, un autre projet intéresse Bernard Nicolaï : la fabrication de purées de fruits. La prochaine étape est de fabriquer elle-même ses produits, cela étant jusqu’à présent assuré par un prestataire.
Engagé dans des démarches qualité
Sur le plan agronomique, le Domaine de Moismont est engagé dans les démarches «Vergers écoresponsables», «agriculture biologique» et HVE de niveau 3. Chacun de ces engagements est synonyme d’engagements pour une production plus durable, à commencer par l’aménagement des vergers : quinze ruches, des haies champêtres et même quelques bandes fleuries. «C’est joli, admet M. Nicolaï, mais il faut de temps en temps rappeler que ce sont aussi des réservoirs pour certains ravageurs, dont le mulot qui se nourrit des racines des arbres...» Quant au tout-bio, le responsable du Domaine de Moismont n’y croit pas : «Je fais du bio parce qu’il y a un marché, mais il faut rester raisonnable. Il ne faudrait pas que la demande devienne supérieure à l’offre. C’est une production intéressante, mais elle n’est pas simple.» Et qui oblige à une certaine humilité.
Labellisés «vergers écoresponsables», les Vergers du Franc Picard ouvrent leurs portes
Dans le cadre de l’opération «Vergers ouverts», organisée par l’Association nationale pommes poires, trente-sept vergers écoresponsables accueillent cette année les visiteurs pour leur faire découvrir les secrets de la culture et de la récolte du fruit préféré des Français : la pomme. Après deux week-ends de festivités, qui se sont tenus depuis mi-septembre dans plus d’une trentaine de vergers à travers toute la France, c’est au tour des Vergers du Franc Picard, situés à Vron, d’ouvrir leurs portes le week-end du 3 et 4 octobre prochains et de clôturer cette dixième édition des «Vergers ouverts».
Au programme de ce week-end festif, des visites pédagogiques dans les vergers par le producteur seront proposées, ainsi que de la libre cueillette et de la vente.