Arboriculture : préparer le verger de demain
Pour réduire les coûts de production et de main-d’œuvre, s’adapter aux évolutions climatiques, humaines, règlementaires, des arboriculteurs mettent en œuvre une nouvelle conception de verger.
A quoi ressemblera le verger du futur ? La Sefra (Station expérimentale fruits Rhône-Alpes) mène des essais depuis 2015 sur ce qui définira peut-être le verger du futur : les formes palissées et les gobelets densifiés, en abricot comme en pêche. Parmi les avantages attendus, une réduction possible des intrants, un enherbement du rang moins préjudiciable ou encore une moindre fatigue des sols. Des expériences sont conduites dans le sud-est de la France sur les avantages du mur fruitier.
Ces expériences s’inspirent des plantations dans les zones géographiques du Piémont, en Italie. «Les Italiens ont planté des vergers en abricot sous la forme de palmette avec une couverture paragrêle. L’idée de cette démarche est de simplifier les consignes aux cueilleurs, de s’adapter aux évolutions climatiques (grêle plus fréquente), économiques, règlementaires, de réduire les coûts de production et d’économiser sur la main-d’œuvre. De surcroît, le retour sur investissement d’un mur fruitier est plus rapide», explique Christophe Mouiren, conseiller arboriculture au GRCETA (Groupement régional centre d’étude technique agricole) de Basse Durance à Saint-Rémy-de-Provence.
Le GRCETA est une association d’arboriculteurs, créée en 1962, dont l’objectif est d’aider ses adhérents dans le travail d’amélioration technique, économique et sociale dans leurs exploitations agricoles. L’association, grâce à ses cinq conseillers, assure le conseil et l’appui technique. Elle couvre les départements de la Drôme, du Vaucluse, du Gard, des Bouches-du-Rhône, de l’Hérault et de l’Aude. Elle est spécialisée dans les fruits à noyaux, pêches, abricots et cerises.
Les acquis de la palmette abricotier
En 2010, un groupe de producteurs d’abricotiers et de fruits à noyaux de l’association GRCETA de Basse Durance décide de faire un voyage en Italie dans le but de faire évoluer leur verger vers de nouvelles conceptions de conduite en pèches et en abricots : la plantation en palmette. «Notre volonté était de faire évoluer les vergers vers le mur fruitier en posant des filets paragrêles. Il fallait imaginer un verger plus facile à couvrir avec des filets et moins onéreux. Nous avons adapté nos méthodes vers la plantation en palmette pour l’abricotier», ajoute Christophe Mouiren, conseiller technique en arboriculture.
En 2012, quatre producteurs de fruits de l’association effectuent leurs premières plantations expérimentales d’abricotiers en palmette sur leurs parcelles propres. Vingt hectares d’abricotiers sont plantés en palmette. «La conception du verger en palmette doit permettre de faciliter la mécanisation et de réduire les temps de travaux. La haie fruitière doit être maintenue étroite, et la taille en vert est indispensable en pré ou post récolte», rappelle Laurent Roche du centre CTIFL de Lanxade.
Les quatre producteurs du sud-est de la France ont mis en œuvre une conception de plantations avec une densité de mille abricotiers par hectare, dont l’intérêt permet un comptage plus facile. La distance de plantation est de 4 m (inter-rang) x 2, 5 m (sur le rang) ou 3,5 m (inter-rang) x 3 (sur le rang). En porte greffes, les choix ont porté sur Montclar, Rubira, Myrobolan et Ishtara. «Ces choix restent les mêmes. En fonction de la vigueur de la variété, du risque bactériose, certains choix s’avèrent plus judicieux. Quant au palissage, trois fils de fer sont nécessaires 1 m, 2 m et 3 m. L’espacement entre les piquets est au maximum de 12 m pour accueillir la structure paragrêle», préconise Christophe Mouiren du GRCETA de Basse Durance. Les acquis de la palmette sont indéniables : intérêt de la forme pour faciliter la mécanisation, confirmation des entrées en production plus rapide, simplicité de la conduite, problèmes sanitaires moins impactants, optimisation du palissage.
Des écarts en termes de volume
L’expérimentation conduite par deux arboriculteurs du sud-est de la France qui ont planté la même année sur leurs propres parcelles la variété Sunny Cot, le premier en conception haie fruitière (en palmette) et le second exploitant, en gobelet révèle au bout de quatre ans des rendements cumulés différents. Ils sont plus importants en conception palmette, soit un rendement cumulé sur quatre ans, de 89,5 t/ha au lieu de 70 t/ha pour une plantation en gobelet avec la même variété Sunny Cot. Seule interrogation : avec le vieillissement du verger, va-t-on pouvoir maintenir les tonnages et les qualités sur la plantation en haie fruitière ?