Assurance climat : les acteurs régionaux insistent
Trop de pertes dues aux caprices de la météo, et trop peu d’exploitations assurées. La Région, la Chambre d’agriculture et la FRSEA ont souhaité alerté les agriculteurs.
Un million d’euros de chiffre d’affaires perdu pour la «ferme Hauts-de-France», en termes de récolte, en 2016, suite aux aléas climatiques. Parallèlement, seules 27 % des exploitations agricoles de la région ont souscrit à une assurance multirisques…
«On a vu des situations catastrophiques avec des agriculteurs qui ont tout perdu et qui n’étaient pas assurés», témoigne Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l’Agriculture pour la Région. C’est pourquoi l’élue, ainsi que Christophe Buisset, président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, et Laurent Degenne, président de la FRSEA, ont souhaité communiquer sur la «nécessité, pour les agriculteurs d’assurer leurs exploitations pour garantir leur revenu, quelles que soient les conditions climatiques.» Et l’urgence est là, puisque les contrats étant annuels, il ne reste plus que quelques petites semaines pour souscrire à un contrat 2018.
Christophe Buisset tenait à rappeler que «les catastrophes météorologiques seront de plus en plus fréquentes. Et l’agriculture est une usine à ciel ouvert». «De plus en plus d’exploitants deviennent spécialisés pour pouvoir être compétitifs sur le marché international, ajoute Laurent Degenne. Alors lorsque cette production en particulier est victime d’un aléa climatique, l’agriculteur peut perdre 80 % de son chiffre d’affaires en quelques minutes.» Le prix des assurances est souvent le frein. Mais les acteurs régionaux veulent alerter : «S’il y a une coupe dans le budget à faire, ce n’est sûrement pas celle-là.»
Quinze aléas couverts
Les assurances multirisques peuvent couvrir quinze aléas et plus de soixante-dix cultures sont assurables. Elles garantissent la perte de rendement et les frais supplémentaires (re-semis). L’exploitant choisit un rendement assuré à l’hectare sur la base de son rendement historique, un prix en cohérence avec son prix de vente réel qui couvre a minima ses coûts de production et une franchise. Autre avantage : dans le second pilier de la Pac, il existe une aide à l’assurance. C’est une mesure du cadre national, cofinancée par l’Union européenne jusqu’à 65 %.
Un exemple concret : pour son exploitation de 60 ha, avec élevage laitier, un agriculteur a souscrit à une assurance climatique MRC pour du blé tendre, de l’escourgeon et du maïs à destination ensilage. La franchise était de 25 % à la culture pour les aléas climatiques et de 5 % à la parcelle sinistrée pour la grêle. Montant de la cotisation avant subvention : 1 337 €. La subvention est estimée à 387 €, soit un coût de revient de 950 €. Une grêle violente au début du mois de juillet a touché la totalité des parcelles de blé et de maïs. L’expert a estimé une perte de 2,7 t/ha pour le maïs et de 2,2 t/ha pour le blé tendre. Au total, franchise soustraite, l’exploitant a perçu 10 635 €.
«L’agriculteur doit aussi veiller à s’assurer correctement lui-même. Car, sans lui, l’exploitation ne peut pas tourner», soutient Christophe Buisset.