Au plus près d’une métha «pour de vrai»
L’opération «portes ouvertes» de l’unité de méthanisation de la SARL AEG Métha à Sailly-Flibeaucourt a été l’occasion pour les partenaires du projet de mettre
en avant un projet vertueux, tant sur le plan économique qu’environnemental.
L’opération «portes ouvertes» de l’unité de méthanisation de la SARL AEG Métha à Sailly-Flibeaucourt a été l’occasion pour les partenaires du projet de mettre
en avant un projet vertueux, tant sur le plan économique qu’environnemental.
La dernière fois que le préfet de la Somme, Étienne Stoskopf, était venu sur l’exploitation des Des-saux, c’était en septembre 2022. Lui comme le couple d’exploitants s’en souviennent comme si c’était hier puisqu’à l’époque, l’élevage de volailles d’Antoine et Marie-Hélène Dessaux venait de subir une contamination par le virus de l’influenza aviaire, impliquant l’abattage de 28 000 volailles. Quelques mois plus tard, ils ont trouvé la force de «rebondir», selon les mots du représentant de l’État. L’unité de méthanisation qu’ils ont mis en service il y a un an a désormais trouvé son rythme de croisière, au point qu’ils en ont ouvert les portes le vendredi 28 avril dernier, en présence du préfet de la Somme, de la société Agrikomp, de représentants de la profession agricole, mais aussi de simples curieux.
Exemplaire et vertueux
Comme bon nombre de visiteurs, lors de sa visite, Étienne Stoskopf s’est montré attentif au fonctionnement de l’unité de méthanisation, avant de confier son enthousiasme vis-à-vis de tels projets : «Ici, a-t-il dit, vous faites encore figure de pionniers puisque le biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel a permis de couvrir 1,6 % de la consommation totale de gaz naturel en France l’an dernier. Nous ne sommes pas en avance, au contraire, quand on voit ce qui se passe dans d’autres pays voisins, mais la démarche que vous avez engagée est exemplaire et vertueuse. Il faut l’expliquer et la mettre en valeur».
L’investissement d’un peu plus de 2 millions d’euros utilise les effluents d’élevage de l’exploitation de M. et Mme Dessaux – dont environ 50 % de fumier de bovins auquel on ajoute des pulpes de betteraves, des Cive, des issues de céréales et fientes de volailles –, sert à récupérer les eaux vertes de l’exploitation, et permet de produire de l’électricité et de la chaleur par un système de cogénération. D’une puissance de 250 kWel, l’unité de méthanisation de la famille Dessaux lui permet de réduire sa dépendance à l’achat de gaz, et de fournir de l’électricité pour un équivalent de 300 à 350 foyers. La chaleur produite permet aujourd’hui de couvrir environ 30 % des besoins des bâtiments d’élevage.
Valorisation du digestat
Le digestat, quant à lui, est valorisé localement comme matière fertilisante : «Cela s’épand assez bien», témoigne Antoine Dessaux. Et d’assurer que cette matière lui permet de réduire sa dépendance aux engrais chimiques. Pour Christophe Delommez (Agrikomp) qui a accompagné le couple Dessaux son projet, la boucle n’est pas loin d’être bouclée : «C’est une manière de rendre au sol ce qu’on lui a pris.» En matière de développement durable sur leur exploitation, Antoine et Marie-Hélène Dessaux ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin puisque des panneaux photovoltaïques pourraient venir équiper les toitures des bâtiments d’élevage de volailles. L’objectif ? «Être le plus indépendant possible», assure M. Dessaux.