Syndicalisme
Au Sommet de l'élevage, FNSEA et JA militent « pour une agriculture forte et compétitive »
A l’occasion d’une visite au Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, accompagnée d’élus syndicaux nationaux et régionaux, s’est exprimée le 5 octobre sur les difficultés que traverse le monde agricole après la sécheresse historique de cette année. En ligne de mire : la future loi d’orientation qui doit voir le jour en 2023.
A l’occasion d’une visite au Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, accompagnée d’élus syndicaux nationaux et régionaux, s’est exprimée le 5 octobre sur les difficultés que traverse le monde agricole après la sécheresse historique de cette année. En ligne de mire : la future loi d’orientation qui doit voir le jour en 2023.
« Il faut sauver le soldat élevage » a affirmé Christiane Lambert, soulignant que ce secteur est particulièrement frappé par la canicule qui a ravagé les prairies et les productions de maïs fourrage. « Les éleveurs vivent dans la hantise de la grange vide, sans fourrage pour l’hiver » a-t-elle ajouté. Si les prix de vente ont augmenté, cette hausse n’est pas suffisante pour couvrir celle des charges qui s’élève à 26,7 %. A cela s’ajoute la flambée du prix des engrais, + 135 % en une année, celle du carburant et de l’énergie, +39 % et l’alimentation du bétail +33 %. Les agriculteurs mais aussi les industries agro-alimentaires sont touchées.
Pour Christiane Lambert « les répercussions sur les prix de vente devraient être une hausse de 16 à 17 %, au lieu du 7 % constatée ».Les conséquences de cette sécheresse se traduisent par une décapitalisation qui devrait être durable, de 3 % pour le troupeau allaitant et de 1,7 % pour le troupeau laitier. « Si l’on manque de production, il y aura moins de matière à transformer pour nos industries » a-t-elle souligné avant de rappeler que les importations repartent à la hausse, celle du poulet notamment, avec 122 % d’augmentation pour le premier trimestre de l’année en cours. A cela, il faut ajouter le retour de la grippe aviaire qui risque de priver les consommateurs de canards gras cet hiver.
Au chapitre des solutions, la présidente de la FNSEA s’est félicitée des avances de trésorerie et des aides PAC annoncées par les pouvoirs publics. Elle a incité les agriculteurs à se servir du levier des nouvelles procédures assurantielles pour se couvrir : « sans assurances, beaucoup ne passeront pas le cap. C’est un geste de bon gestionnaire que de prendre ces assurances ».
Syndrome du nucléaire
A l’occasion de cette rencontre avec la presse, Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, est revenu sur l’enjeu de la transmission des exploitations tout en regrettant que le Président de la République, Emmanuel Macron, reste « évasif » sur ce sujet. Le Pacte d’orientation et d’avenir de l’agriculture tarde à voir le jour. « Le temps est compté, estime Arnaud Gaillot. Nous souhaitons un travail conjoint, profession, régions, ministère, en tenant compte de la diversité des territoires. Il faut se mettre au travail, le gouvernement doit lancer le chantier. »
Christiane Lambert a alors insisté sur « le défi démographique historique que traverse le monde agricole ». Un défi similaire à celui des années soixante quand les États-Unis et le Canada se proposaient de nourrir l’Europe. « C’est un impératif d’attirer des jeunes vers l’agriculture car on observe une nécessité flagrante d’être indépendant au moment où Poutine utilise l’arme alimentaire » a-t-elle ajouté.
La patronne de la FNSEA a reproché leur naïveté aux pays européens : « s’ils n’avaient pas été aussi naïfs, ils n’auraient pas désarmé leur agriculture. C’est ce que l’on dit depuis des années. Il y a besoin d’une ambition pour une agriculture forte et compétitive. »
Répondant à une question sur les polémiques suscitées par le Varenne agricole de l’eau et du changement climatique, Christiane Lambert qui « condamne ceux des députés qui trouvent légitimes, sinon légal, de détruire des bassines », a déclaré : « Il ne faut pas reproduire le syndrome du nucléaire. Va-t-on laisser des militants dire du mal de l’irrigation et venir pleurer dans cinq ans que l’on n’a pas de solutions ? ».