Barbara Pompili en avocate des néonicotinoïdes
Sur le réseau social Twitter, la ministre de la Transition écologique défend l'utilisation dérogatoire des néonicotinoïdes pour la culture de betteraves, assurant néanmoins qu'il s'agit d'une décision « temporaire et très encadrée ».
Cela peut paraître improbable, et pourtant. Après avoir donné son nom à la Loi Biodiversité de 2016 qui a mis fin à l'utilisation des néonicotinoïdes à partir de 2018, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique dans le gouvernement Castex se livre depuis cet après-midi, lundi 10 août, sur le réseau social Twitter à un drôle d'exercice - on l'image assez bien pour elle : défendre la dérogation des néonicotinoïdes pour la culture de betteraves.
En langage « Twitter », on appelle cela un « thread », ou autrement dit « un fil ». Compte tenu du nombre limité de caractères que l'on peut utiliser sur Twitter pour exprimer une réflexion, l'utilisateur n'a alors d'autre solution que de réaliser un enchaînement de Tweets, reliés les uns aux autres. Pour Barbara Pompili, cet après-midi, son thread sur les NNI comportait pas moins de 13 messages. Lesquels n'ont pas manqué de faire réagir abondamment ses followers.
« Autoriser par dérogation un usage des néonicotinoïdes n'est pas une décision facile », a ainsi écrit la ministre, en préambule d'une longue liste de messages dans lesquels elle revient sur la mesure phare du plan de soutien à la filière betteravière annoncé la semaine dernière par Julien Denormandie. « Cette dérogation, ajoute-t-elle, temporaire et très encadrée, est la seule solution possible à court terme pour éviter l'effondrement de la filière sucrière en France ».
Puis la ministre en vient à expliquer les raisons de ce retournement de situation en citant d'abord des conditions climatiques « exceptionnelles » : « Un hiver exceptionnellement doux et un mois d'avril chaud ont entraîné une prolifération inédite de pucerons porteurs du virus de la jaunisse pouvant détruire jusqu'à 50% de la production nationale (...) Face à cette crise, les alternatives aux néonicotinoïdes pour la betteraves se sont avérées inefficaces pour l'instant. Les néonicotinoïdes sont donc la seule solution de court terme pour sauver la filière ».
Craignant le procès « en abandon de convictions » par des associations environnementalistes et autres ONG, ou encore d'avoir perdu la face en ayant cédé aux arguments de la profession agricole, Barbara Pompili ajoute ensuite que la dérogation concernant la production betteravière est « limitée » puisque « 90% des usages des néonicotinoïdes restent bien sûr interdits (...) Le coeur de la loi n'est pas remis en question et l'interdiction reste la règle (...) Il s'agit de lutter contre une crise exceptionnelle, pas d'installer une pratique pérenne ».
Le thread ministériel se conclut enfin par une promesse : « Ne laisser aucun acteur sans solution », après avoir évoqué la mise en place d'un comité de suivi spécifique chargé de suivre les efforts demandés au secteur de la recherche pour trouver des solutions alternatives aux néonicotinoïdes pour la filière betteraves.