Bâtir un projet politique agricole régional
La Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles de Picardie (Frsea) a tenu sa première assemblée générale le 29 octobre à Amiens.
Lundi 29 octobre à Amiens, la Frsea (Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles) Picardie était réuni en assemblée générale. Les conditions climatiques défavorables de ces dernières semaines ont joué en la défaveur du taux de participation, mais pour la Frsea Picardie, cette assemblée générale était une première.
Parmi ses nombreux dossiers, la Frsea est particulièrement investie dans le domaine de l’emploi. Les responsables des commissions emploi départementales travaillent de manière très constructive au niveau régional. Autre domaine où la Frsea doit intervenir : l’environnement. «Avec les schémas régionaux sur l’environnement, le prochain programme sur la directive nitrates, l’échelon régional est devenu incontournable en matière d’environnement », a déclaré Michel Lapointe, secrétaire général de la Frsea Picardie, qui présentait le rapport d’activité.
Deux intervenants se sont succédé pour lancer le débat sur les forces et faiblesses de l’agriculture picarde ainsi que sur le rôle des organisations professionnelles agricoles (OPA) pour relever les défis à venir.
Travailler collectivement
Les atouts et contraintes de l’agriculture picarde ont été balayés au travers de l’intervention de Jean-Michel Serres qui a présenté le rapport du conseil économique, social et environnemental (Ceser) sur l’agriculture (voir AAP du 21 septembre). Une présentation qui a suscité des réactions, notamment sur la problématique régionale de l’élevage. Selon Françoise Crété, secrétaire générale de la Fdsea de la Somme, «la profession ne peut pas faire que constater la déprise de l’élevage en Picardie. Il faut à présent passer au concret et se demander si l’on souhaite faire quelque chose pour l’élevage ou laisser partir cette valeur ajoutée ailleurs, dans les pays limitrophes par exemple». Lors de la discussion, les nombreux atouts de la Picardie au niveau agricole ont cependant bien été mis en évidence. «Nous avons la chance d’avoir une agriculture à fort potentiel, des agriculteurs bien formés et un tissu d’industries agro-alimentaires à proximité, a déclaré Luc Smessaert, président de la Fdsea de l’Oise. A nous aussi de travailler collectivement entre organisations professionnelles agricoles pour surmonter nos difficultés. La balle est dans notre camp !». Christian Bonnetier, ancien directeur de la chambre d’agriculture régionale d’Alsace, a expliqué comment la profession s’est organisée dans cette région pour bâtir un projet politique régional concerté et aboutir à des projets économiques concrets pour les filières locales. Il a montré que les organisations agricoles sont complémentaires et ont toutes un rôle à jouer dans la construction d’un projet commun. Ce sont les potentialités de chaque OPA qui ont été exploitées en Alsace pour aider les filières en difficulté. Les OPA avaient été fédérées au sein d’un conseil de l’agriculture régional qui était un espace de discussion et un outil logistique pour le montage de projets régionaux.
Défense de la valeur ajoutée
Marc Hossart, président des Jeunes Agriculteurs de la Somme, a appuyé ce type de démarche : «nous constatons des difficultés d’installation des jeunes dans certaines filières, porcine ou laitière par exemple. Nos OPA doivent se pencher collectivement sur la problématique du renouvellement des générations ». Selon Hubert Duez, président de la chambre régionale d’agriculture, les bases d’un projet agricole régional sont déjà établies, il faut poursuivre la démarche dans ce sens : «Les professionnels picards se retrouvent autour de la défense de la valeur ajoutée des exploitations et des filières, a-t-il déclaré. Il faut à présent structurer un projet politique agricole dans notre région». En conclusion, le président de la Frsea, Christophe Buisset a réaffirmé sa volonté de fédérer les OPA autour d’un projet politique régional, voire d’aboutir, à terme, à la création d’un conseil de l’agriculture picarde, comme outil logistique, support de projets économiques pour la région. «Je souhaiterais que cette volonté soit portée à la chambre régionale d’agriculture à l’occasion des prochaines élections», a-t-il d’ailleurs ajouté.