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Betteraves et NNI, c’est reparti pour une saison

Le gouvernement a publié au Journal officiel du 1er février un arrêté permettant de poursuivre pour l’année 2022 l’usage des néonicotinoïdes pour le traitement des semences de betteraves sucrières. 

Pour la CGB, la publication de cet arrêté autorisant de manière dérogatoire les NNI pour la campagne 2022 devrait «permettre d’aborder plus sereinement la nouvelle récolte».
Pour la CGB, la publication de cet arrêté autorisant de manière dérogatoire les NNI pour la campagne 2022 devrait «permettre d’aborder plus sereinement la nouvelle récolte».
© Pixabay

Dans les starting-blocks, les semenciers vont pouvoir débuter l’enrobage des semences de betteraves prévues pour la prochaine campagne avec des substances à base de néonicotinoïdes pour les protéger de la jaunisse virale. Comme il s’y était engagé, le gouvernement a en effet publié le 1er février au Journal officiel l’arrêté mettant un place une dérogation à l’interdiction des NNI, pour la seule betterave à sucre, et pour une durée de trois ans. Dans une note technique du même jour, l’Institut technique de la betterave (ITB) rappelle que les deux produits concernés par cette dérogation sont le Cruiser SB à base de thiaméthoxame et le Gaucho 600 FS à base d’imidaclopride à la dose de 75 % de la dose d’autorisation de mise en marché.

Le «pourquoi» d’une dérogation

Dans un communiqué commun du 1er février, ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture soulignent «qu’en l’absence de solution alternative efficace mobilisable à grande échelle dès 2022, cette dérogation est fondée sur des critères scientifiques et a fait l’objet d’un avis favorable du Conseil de surveillance institué par la loi. Elle est temporaire et strictement encadrée». Témoin de cette volonté de limiter la portée de la dérogation, et conformément aux avis de l’Anses, l’arrêté dérogatoire «encadre strictement les cultures implantées à la suite d’une culture de betteraves traitées aux néonicotinoïdes, afin de préserver les pollinisateurs. Toute autre utilisation de néonicotinoïdes est et restera interdite en France».  

 

Se passer des NNI en 2024

La publication de cet arrêté a ensuite donné l’occasion aux deux ministères en lutte sur le sujet de faire un point d’étape sur la recherche d’alternatives aux néonicotinoïdes. Après avoir lancé en décembre 2020, un plan national de recherche et d’innovation (PNRI) visant à préparer la sortie définitive des néonicotinoïdes grâce à l’identification et au déploiement d’alternatives aux semences enrobées, le gouvernement semble se réjouir qu’un certain nombre de ces alternatives soient aujourd’hui identifiées. «Plusieurs solutions émergent pour permettre aux betteraviers de se passer au plus tard en 2024 des néonicotinoïdes face au risque de jaunisse», indiquent ainsi les ministères. Ces alternatives, de quoi s’agit-il ? En vrac, on peut citer «l’utilisation de cultures auxiliaires qui repoussent les pucerons, mise en place d’infrastructures agro-écologiques à proximité des champs de betteraves, sélection variétale, biocontrôle avec l’utilisation de médiateurs chimiques ou encore recours à des prédateurs naturels des pucerons...» Ces solutions sont en cours d’expérimentation dans les 500 ha de fermes-pilotes prévues par le programme de recherche auxquelles s’ajoutent, dès 2022, 250 ha de fermes de démonstration gérées par l’interprofession pour tester des solutions en condition réelle au champ. 

L’État, qui y a déjà consacré 7 millions d’euros, annonce qu’il envisage de «compléter ces crédits pour financer de nouveaux projets identifiés comme prometteurs, donnant un maximum de chances au développement d’alternatives aux néonicotinoïdes». 

L’objectif de ces essais est de valider ces nouvelles pratiques afin de «se passer définitivement des néonicotinoïdes au plus tard à partir de la saison 2024 dans la conduite des cultures betteravières», rappellent les pouvoirs publics. La filière betteravière s’est, par ailleurs, engagée à accélérer encore la mise en place de bandes mellifères à destination des pollinisateurs pour atteindre, dès fin 2022, le chiffre de 4 000 ha. 

 

Outil de sécurisation de la rentabilité

Pour la CGB, la publication de cet arrêté devrait «permettre d’aborder plus sereinement la nouvelle récolte». Alors que la récolte 2021-2022 touche à sa fin, le syndicat betteravier constate un rendement national qui devrait être «légèrement inférieur à la moyenne quinquennale». Toujours selon la CGB, «alors que les marchés sont porteurs, que les coûts de production connaissent une forte inflation tant pour l’amont que pour l’aval, il est indispensable de donner les moyens à la filière de poursuivre son redressement économique, ce qui passe par la prévention des risques sanitaires pesant sur sa culture». 

Le syndicat se montre toutefois critique sur la liste des cultures autorisées après une betterave sucrière traitée avec des néonicotinoïdes (lire encadré ci-dessous), regrettant «le maintien de fortes restrictions sur les cultures suivantes», ce qui pourrait engendrer «une baisse des surfaces de betteraves ou des modifications d’assolement synonymes d’appauvrissement du bol alimentaire des insectes pollinisateurs».

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