Bigard : le site d’Ailly-sur-Somme est-il menacé de fermeture ?
Le 24 juin dernier, lors d’un comité central d’entreprise, les employés apprenaient que l’atelier viande hachée surgelée allait fermer. La réponse définitive sera donnée le 22 septembre.
Depuis fin juin, les rumeurs vont bon train tant au sein de l’usine que dans son environnement. Bigard envisagerait la fermeture du site. La baisse des effectifs, de 251 lors de la reprise de l’usine par le groupe, en 2008, à environ 130 aujourd’hui, la faiblesse des investissements sur l’outil de production, la non-réparation dernièrement du tunnel de production de viande hachée, des clients (Flunch, Auchan, Intermarché, des acheteurs grecs et allemands, etc.) peu à peu répartis sur d’autres sites du groupe ou encore le transfert du service qualité à Flixecourt sont autant de signaux avant-coureurs de la fin du site d’Ailly-sur-Somme, selon les syndicats.
Dernier coup de semonce, en juin dernier, lors du comité central d’entreprise (CCE), quand la direction annonce que l’atelier de viande hachée surgelée, qui tourne avec 15 à 20 personnes, risque de fermer. Selon les syndicats et Yannick Jeannin, commissaire au redressement productif, envoyé sur le site par la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), ce serait entre 25 et 30 personnes qui seraient touchées par la délocalisation de cet atelier.
«Pour moi, la fermeture du site est programmée depuis notre rachat par Bigard», ne doute pas un seul instant Stéphane Dormeval, délégué syndical CGT. «C’est vrai que depuis que ce groupe nous a rachetés, il a fait très peu d’investissements sur le site, ajoute Bruno Lejeune, délégué syndical FO. Or, aujourd’hui, on sert plus de tampons entre Bigard Feignies et Bigard Formerie, deux outils de production de moins de dix ans. Après l’annonce de juin dernier quant à la fermeture possible de l’atelier steack haché surgelé, on s’inquiète beaucoup du devenir du site. Est-ce le début de la fin ? Surtout qu’il semblerait que la question à l’ordre du jour du CCE du 22 septembre soit la fermeture partielle ou définitive du site. On veut rester positifs, mais on est tout de même inquiets. L’entreprise, on y tient. Certains d’entre nous y sont depuis 35 ans.»
Fermeture partielle ou définitive ?
Côté direction, le responsable du site, Xavier Lemaître, se veut rassurant. Non, la fermeture définitive du site n’est absolument pas programmée. «Il n’y a aucun projet de la sorte pour l’usine d’Ailly-sur-Somme. Mais s’il est vrai que l’atelier viande hachée surgelée sera arrêté, l’atelier découpe sera, lui, bel et bien maintenu sur le site. Au niveau du personnel, soit entre 15 et 20 personnes, sachez que des solutions seront apportées à chacun. Ils auront le choix entre un transfert à Flixecourt, un transfert à Formerie, dans l’Oise, ou un maintien sur place, avec, dans tous les cas, une continuité de leur contrat de travail», précise-t-il. Et, pour ceux pouvant rester sur place, «ils le seront sur des postes en adéquation avec leurs compétences», dit-il. Reste que l’atelier découpe étant au complet, se pose tout de même la question de leur reconversion.
Pourquoi une telle décision ? «C’est une décision au niveau du groupe, dans une logique de spécialisation des outils de production. Ailly-sur-Somme se recentrera désormais sur son métier d’origine, l’atelier de découpe de viande de bœuf», assure le responsable du site. Le site ne serait-il plus rentable, ne produisant pas assez ? «Là n’est pas la question, d’autant que si la consommation de bœuf diminue depuis plusieurs années, celle du steack haché surgelé est moins touchée», répond-il. Reste que le résultat net en valeur du site est passé de - 2 millions en 2014 contre - 1,7 million en 2012, malgré la baisse des effectifs et les 337 000 euros reçus par le groupe dans le cadre du Cice. Reste aussi que la production de steack haché, autour de 17 à 20 tonnes par jour il y a encore quelques années, est aujourd’hui entre 5 et 9 tonnes.
Quoi qu’il en soit, le transfert de l’atelier est donc programmé. Plusieurs hypothèses sont désormais à l’étude, selon Xavier Lemaître. «Ces pistes seront exposées lors du CCE du 22 septembre aux employés», dit-il. «Cuiseaux et Quimperlé sont de gros ateliers qu’il faut rentabiliser», note le délégué syndical CGT. Le transfert de l’outil de production se fera-t-il dans l’un ou l’autre de ces sites bien plus récents ? Réponse le 22 septembre prochain.