Bilan économique de la région Hauts-de-France
Les Hauts-de-France connaissent une croissance à un rythme modéré à l’instar de la tendance nationale, même si certains indicateurs économiques marquent le pas.
Sur le front de l’emploi, il y a à la fois de bonnes et de mauvaises nouvelles. La bonne nouvelle, c’est que le taux de chômage atteint son plus bas niveau depuis dix ans, avec 11 % en moyenne régionale au quatrième trimestre 2018. La moins bonne nouvelle, c’est que, malgré une légère baisse (- 0,1 %),
l’emploi, tous secteurs confondus, reste au-dessus de la barre des deux millions de salariés fin 2018 dans la région, soit une perte nette de 2 400 emplois. Les gains d’emplois dans le tertiaire marchand hors intérim (+ 0,9 %) et la construction (+ 1,5 %) n’ont pas permis de compenser le recul de l’emploi dans l’industrie et le tertiaire hors marchand.
Sur le plan régional, le niveau d’emploi, tous secteurs confondus, a continué à progresser dans le Nord de 0,3 % alors qu’il est resté stable dans le Pas-de-Calais (- 0,2 %) et l’Oise (- 0,1 %). En revanche, il a diminué dans la Somme (- 0,9 %) et dans l’Aisne (- 1,4 %). Côté chômage, celui-ci diminue dans tous les départements (- 0,1 point pour le Nord, - 0,2 point pour le Pas-de-Calais, - 0,3 point pour l’Aisne et l’Oise), sauf dans la Somme, où il reste stable.
Hausse des créations d’entreprises
En 2018, près de 39 600 entreprises ont été créées dans les Hauts-de-France, soit 14,3 % de plus en un an. Portée par les micro-entreprises (+ 25,9 %), dont le régime a évolué depuis le 1er janvier 2018, l’augmentation concerne tous les départements, en particulier dans la Somme (+ 37,6 %) et, dans une moindre mesure, dans le Nord (+ 15,3 %) et l’Oise (+ 12 %). Une augmentation que l’on retrouve de façon similaire sous le régime du micro-entrepreneur, sauf dans la Somme où la hausse est plus prononcée (+ 56 %). Idem pour les créations d’entreprises individuelles, qui progressent dans tous les départements à l’exception de l’Aisne (- 4,4 %). A l’inverse, les créations de sociétés n’augmentent que dans la Somme (+ 6,1 %) et dans le Nord (+ 0,6 %).
Par ailleurs, ces hausses profitent à l’ensemble des secteurs d’activité. Comme en 2017, les services regroupent plus de la moitié des créations d’entreprises (52,3 %). En revanche, les défaillances d’entreprises sont en hausse de 3 % par rapport à 2017 alors qu’elles baissent au niveau national (- 0,9 %). C’est dans la Somme (+ 15,3 %) et dans le Pas-de-Calais (+ 9,6 %) que le nombre de défaillances augmente le plus. Le secteur le plus touché est celui du commerce, transport, hébergement et restauration, avec un peu plus de 1 800 défaillances. Une fois cela dit, les défaillances progressent essentiellement dans la construction (+ 18,4 %), et plus modéremment dans les services aux entreprises (+ 6,8 %) et dans l’agriculture (+ 3,6 %).
Agriculture : les filières pénalisées
Après une année 2017 record, le bilan 2018 est mitigé. Les conditions météorologiques, notamment la période de sécheresse estivale, ont entraîné des baisses de production, particulièrement pour les cultures phares des Hauts-de-France, à savoir la betterave, la pomme de terre et les céréales. Dans le détail, les productions de blé tendre et d’orge d’hiver ont baissé respectivement de 4 % et de 7 %. Les récoltes ont été aussi décevantes en quantité, puisque les rendements ne s’élèvent qu’à 84 q/ha en blé tendre d’hiver et à 76 q/ha en orge d’hiver. Sans compter que les surfaces pour ces deux cultures ont diminué de 7 000 ha pour le blé tendre d’hiver et de 4 000 ha pour l’orge d’hiver. Toutefois, la qualité des blés est satisfaisante et le contexte de sécheresse qui a sévi en Europe du Nord a été favorable au redressement des cours. Ainsi, la cotation du blé tendre rendu Rouen est passé de 165 e la tonne en juin à 208 e la tonne en août.
La production de betteraves n’a pas non plus échappé aux effets de la sécheresse. Sa production a baissé de 10 % par rapport à 2017 en raison des conditions météorologiques. Et si cela ne suffisait pas, la chute des cours du sucre a accentué les difficultés des agriculteurs. Les cours ont, en effet, avoisiné les 300 e la tonne alors qu’ils dépassaient les 500 e début 2017.
La culture des pommes de terre a également souffert de la sécheresse, particulièrement celles destinées à l’industrie féculière, enregistrant une baisse de 15 % par rapport à l’an passé. En revanche, si, comme pour la betterave, les cours étaient bas en début d’année, ils ont rebondi à partir de septembre et sont maintenus par la suite à ce niveau élevé.
L’élevage : du bon et du moins bon
La collecte de lait a enregistré une hausse, avec 2,3 milliards de litres de lait livrés, soit une hausse de 1 % par rapport à 2017. De plus, les cours du lait restent sensiblement supérieurs à ceux connus en 2016, soit autour de 330 e les 1 000 litres contre 290 e en 2016. Mais le manque de fourrage a conduit nombre d’éleveurs laitiers à entamer leur stock de foin dès l’été pour nourrir les animaux en pâture. De plus, les prix des aliments sont repartis à la hausse en raison des mauvaises récoltes dans de nombreux pays. Conséquence : les marges dégagées par les éleveurs se sont réduites.
Et, logiquement, le nombre de bovins abattus a augmenté de 1,8 % pour s’établir à 266 600 têtes. Dans ce contexte, l’indice des prix des gros bovins à la production s’est contracté en fin d’année. Avec une moyenne annuelle de 98,1, il perd 0,5 point par rapport à l’an passé. A contrario, l’indice des prix à la production de veaux de boucherie a augmenté de 0,7 point, avec un indice moyen annuel de 10,6.
Par ailleurs, si la filière porcine a accru son dynamisme de 4 % dans la région, avec 774 600 porcins abattus contre 744 400 en 2017, le cours du porc a enregistré une baisse de 10 %, en atteignant en moyenne 1,38 e/kg en 2018 contre 1,56 e/kg en 2017. A cela se sont ajoutées les inquiétudes suscitées par la peste porcine africaine à la frontière extérieure de la France et la crainte d’un embargo. De quoi désorganiser le marché en un clin d’œil. Dans ce contexte d’anxiété, la bonne nouvelle, c’est que les exportations vers la Chine ont repris au second semestre.
Un contexte favorable
Quelles que soient les productions, une constante se retrouve, soit la hausse des prix des moyens de production, notamment au second semestre 2018, liée principalement à la flambée du prix de l’énergie et, dans une moindre mesure, au coût plus élevé des engrais ou amendements, ainsi que des aliments pour le bétail.
«Mais la hausse de l’indice des prix d’achat des moyens de production agricoles (Ipampa) est compensée par l’augmentation du prix des produits agricoles. Le contexte reste ainsi favorable aux exploitations agricoles», conclut Sandra Delaby, de la Draaf Hauts-de-France.