Blocage du lycée du Paraclet après le report des travaux par la Région
Le 19 avril, la veille des vacances scolaires, les élèves du Paraclet, soutenus par des professeurs et les parents d’élèves, bloquaient leur établissement. Les raisons de leur colère.
On prend les mêmes et on recommence. En apparence, oui. Comme l’an dernier, à la veille des vacances de printemps, les élèves du lycée agricole ont rejoué le même scénario alors que se tenait, dans la matinée, le conseil d’administration de l’établissement. Quel scénario ? Une manifestation de leur composition pour dire à la Région tout le mécontentement qui est le leur face à sa décision de reporter d’un an les travaux du bâtiment principal, qui abrite l’internat et des salles de classe. Un bâtiment vétuste, avec des chambres si peu isolées que les températures en hiver sont des plus basses de nuit, des installations électriques loin d’être au top, des douches aux dysfonctionnements multiples, des murs instables, etc., racontent les élèves.
Des travaux d’urgence et de maintenance, promis par la Région, à hauteur de 750 000 €, ont pourtant été entrepris, permettant la remise en état des douches et sanitaires, des murs et plafonds, la mise aux normes des installations électriques, la sécurisation des accès, la reconstruction de l’escalier du CDI, etc. Mais, pour Thibaut Dhierme, lycéen interne en 1re TPA, «ce qu’ils ont fait, c’est du cache-misère». «Ils ont posé des barrières de sécurité et des portails, puis rénové quelques chambres. On est loin du compte. Ils s’étaient engagés à lancer les travaux en juillet prochain pour le bâtiment central. Ils nous ont menti. Les paroles, ça suffit. On veut des actes», s’insurge Tom Descamps, élève de terminale en Bac pro et représentant des lycéens au conseil d’administration.
Les représentants des élèves et du Syndicat national de l’enseignement technique agricole public (Snetap - FSU) ont alors décidé de boycotter le conseil d’administration pour «enterrer les défuntes promesses du Conseil régional des Hauts-de-France au sujet des travaux de rénovation au Paraclet, pour faire part de nos doutes sur les nouvelles promesses de travaux pour l’été 2019, mais aussi pour montrer que tout nouveau mensonge ne pourra avoir que des conséquences délétères sur le climat de ces instances», rappelle Sylvain Guénard, enseignant en éducation socioculturelle et co-secrétaire régional du Snetap - FSU Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Et d’ajouter, en perdant son sang froid : «On a vraiment l’impression qu’ils nous prennent pour des cons avec leur histoire de délai reporté pour des questions de retards administratifs liés à la rédaction des appels d’offres. Quant au programme prévisionnel d’investissement (PPI) spécifique aux établissements agricoles, c’est que de la com’. D’ailleurs, aucun des travaux prévus dans les Hauts-de-France n’a été engagé. Il n’y a eu que des bidouillages.»
Même son de cloche du côté des parents d’élèves. «On se bat pour des conditions de salubrité et de sécurité meilleures dans cet établissement. Il y a des murs qui sont prêts à tomber. Dans la chambre de mon fils, les agents techniques sont intervenus pour abattre un mur branlant. Ce sont nos enfants que l’on met dans ce lycée. On attend qu’ils aient des conditions de vie correctes. Alors, oui, nous sommes à leurs côtés, car ils défendent leur avenir. Il ne faut pas oublier qu’ils sont notre avenir», commente Florence Szezur, présidente de l’association des parents d’élèves du Paraclet (FCPE). Et de considérer que tout cela est un «vrai gâchis», parce que «d’un côté, il y a des enfants plein d’enthousiasme pour leur lycée et, de l’autre, des instances qui regardent la situation de loin».
La direction croit la Région volontaire
Si la directrice du lycée agricole, Odile Souplet, se dit «déçue comme les élèves et les comprend», elle souhaite nuancer leurs propos. «J’ai le sentiment que la Région a vraiment la volonté de s’investir dans Le Paraclet. Manoëlle Martin, la vice-présidente en charge des lycées au Conseil régional des Hauts-de-France, est venue le 10 avril dernier au site et a réaffirmé son engagement pour les travaux du bâtiment principal», insiste-t-elle. Et de rappeler les travaux engagés à hauteur de 750 000 €, portant essentiellement sur la mise en sécurité de l’établissement, ainsi que ceux à venir d’ici la fin de l’année pour la réfection des toitures, la pose de portes de secours, l’installation de centrales incendie, la mise en conformité du lagunage, etc., le tout pour un montant de 250 000 €.
Certes, «ces travaux ne sont pas les gros chantiers que l’on attend, mais il est important cependant d’être accompagné tant sur le quotidien que sur les travaux de maintenance de l’établissement», indique-t-elle. Pour Hervé Drouvin, administrateur au conseil d’administration, «les choses sont claires. Les travaux seront faits. La seule question vraiment en suspens, c’est le délai de leur réalisation».
Tout le monde aimerait bien voir la «machine régionale» s’emballer pour accélérer les procédures. Reste que lancer une procédure d’appels d’offres, c’est très long, soit une bonne année. Aussi les explications de la Région sur la prise de retard dans le suivi administratif et le lancement des appels des offres passe-t-elle mal. Nombreux sont ceux à se demander de qui se moque-t-on alors que l’équipe régionale est à mi-mandat ? Autre question : y a-t-il encore des sous dans la caisse ? La Région répond que oui (cf. ci-dessous) et va bientôt revenir au lycée agricole pour présenter le programme des opérations. Comme il est d’usage de dire en politique, y a qu’à faut qu’on…