Betteraves
Boîte à outils jaunisse 2023 : comment gérer le risque ?
À compter de 2023, les traitements de semences avec néonicotinoïdes ne sont plus disponibles. L'ITB accompagne les producteurs de betteraves dans la lutte contre les jaunisses virales avec un ensemble de fiches : conseils prophylactiques et de traitements, prévisions et suivi du risque, ainsi que recommandations aux agriculteurs volontaires pour implanter des plantes compagnes.
À compter de 2023, les traitements de semences avec néonicotinoïdes ne sont plus disponibles. L'ITB accompagne les producteurs de betteraves dans la lutte contre les jaunisses virales avec un ensemble de fiches : conseils prophylactiques et de traitements, prévisions et suivi du risque, ainsi que recommandations aux agriculteurs volontaires pour implanter des plantes compagnes.
Gérer les réservoirs viraux
Avant les semis, l'ITB conseille de détruire toutes repousses de betteraves : les virus de la jaunisse y sont conservés et les pucerons s'en nourrissent avant d'aller coloniser les parcelles au printemps. Agir sur les repousses dans les cordons de déterrage et dans les parcelles de céréales implantées après betteraves permet de réduire les nouveaux risques de contamination. Les résidus de racines avec déterrages sont en effet des réservoirs viraux qui peuvent émettre des feuilles qui seront sources de contamination.
Si ces résidus n'ont pas été épandus puis enfouis dans la parcelle à l'automne dernier, deux moyens de destruction sont recommandés : limiter la pression virale en retournant les andains de déterrage en période de gel ou lorsque la terre est suffisamment sèche et maniable ; appliquer du glyphosate à la dose maximale de 1 080 g/ha avec les produits Crédit Xtrem, Gallup 360-K, Krypt 540, Roundup Dynamic. La même attention doit être portée à la gestion des betteraves fourragères.
Les parcelles avec de la jaunisse dans les betteraves 2022 et non labourées avant l'implantation de céréales sont aussi considérées comme «situations à risque». Dans ces situations, il est recommandé de vérifier si des repousses de betteraves ont survécu aux températures froides de l'hiver et aux désherbages d'automne. En présence de repousses, appliquer fin mars/début avril un anti-dicotylédone. Des produits sont considérés comme étant «efficaces» sur repousses de betteraves : Aligator, Allie star SX, Harmony MSX, Pragma SX, Atlantis pro (HRAC 2), Bofix, Ariane new, starane 200, Chardol 600, Lonpar, Omnera LQM, Zypar (HRAC 4). Il n'est pas exclu que les adventices spontanées constituent également des réservoirs viraux. Des virus de la jaunisse ont par exemple été détectés dans des plantes de matricaire, fumeterre, laiteron, séneçon, arroche, lamier pourpre...
Prévoir le risque
Afin d'anticiper le risque, l'ITB met à disposition des agriculteurs une prévision de la date d'arrivée des pucerons et de leur abondance. Ces deux indicateurs permettent aux agriculteurs d’évaluer le rapport bénéfice/risque pour la mise en place de mesures de prévention qui pourraient avoir un impact sur le rendement. Ces prévisions les incitent à accroître leur vigilance à la période identifiée comme à risque, afin de positionner au mieux les traitements en végétation. En 2023, la date moyenne d’arrivée des pucerons au niveau national est le 2 mai 2023, comparativement au 6 mai en 2022, au 15 mai en 2021 et au 22 avril en 2020. Les estimations ont une erreur moyenne inférieure à
dix jours. La durée moyenne des vols de pucerons est un indicateur de la période pendant laquelle il faudra protéger la culture. Les estimations ont une erreur moyenne d’une quinzaine de jours.
Suivre le risque avec l'OAD Alerte pucerons
L'outil d'aide à la décision (OAD) «Alerte pucerons» informe en temps réel, tout au long du printemps, sur la présence de puceron vert dans chaque zone géographique. La carte interactive indique l’évolution du risque jaunisse autour de chaque exploitation et aide ainsi au positionnement des traitements aphicides.
Implanter des plantes compagnes
L'efficacité des plantes compagnes en alternative aux néonicotinoïdes est testée dans le cadre du PNRI. Les premiers résultats sont prometteurs mais l’itinéraire technique reste à affiner pour limiter la concurrence avec la betterave. La boite à outils indique, néanmoins, des conseils pour les agriculteurs volontaires pour leur mise en œuvre. En ce qui concerne le semis de ces plantes compagnes, l’ITB recommande un semis d'avoine rude ou d'orge de printemps à 75 grains/m2 maximum. Il est réalisé avec un combiné herse + semoir en ligne lors de la dernière préparation du sol avant le semis des betteraves. En sols très argileux, un semis à la volée avec un épandeur Delimbe juste avant la préparation du lit de semences peut permettre de préserver la structure du sol. Les plantes compagnes sont un complément pour freiner la dynamique des pucerons dans la parcelle. Une protection aphicide reste nécessaire selon les seuils recommandés par la filière. Les plantes compagnes réduisent l'attractivité de la betterave vis-à-vis des pucerons.
Plusieurs mécanismes, qui ne sont pas identifiés à ce jour, peuvent expliquer leur effet sur le comportement des pucerons : visuels ou olfactifs. L'utilisation de plantes compagnes peut être envisagée en situation à forte pression. En fonction des expérimentations de 2021 et 2022, on constate que l'avoine rude et l'orge de printemps ont permis de réduire le nombre de pucerons verts Myzus Persicae par betterave dans la moitié des 44 essais. L'efficacité moyenne est de 35 % de réduction du nombre de pucerons verts aptères sur l'ensemble des comptages réalisés d'avril à juin. Toutefois, les plantes compagnes concurrencent la betterave et doivent être détruites tôt pour limiter la perte de rendement. La destruction peut avoir débuter dès le stade 4 feuilles des betteraves avec un anti-graminées, ne pas dépasser le stade de 6 feuilles pour limiter la concurrence.
Traiter avec des aphicides
Pour contenir les populations de pucerons verts Myzus persicae, une protection aphicide adaptée est indispensable. Selon les essais ITB, seules deux matières actives, en mélange avec de l'huile, sont efficaces : la flonicamide, produit homologué et le spirotétramat, produit pour lequel l’ITB demande une dérogation d’usage pour 2023. Les produits à base de pyréthrinoides et de carbamates, bien qu’homologués pour cet usage, ne permettent pas de contenir les populations de Myzus persicae. La fiche dédiée précise les conditions d'utilisation de ces produits et les conseils d'application pour maximiser leur efficacité.