Biodiversité
Bords de champs : méfiez-vous des idées reçues
Avec 2 000 insectes/m², les bordures de champs sont partout et offrent une palette de services sous-estimés et parfois méconnus. Avec la Chambre d’agriculture de la Somme, faisons toute la lumière sur les services rendus par les bords de champs aux agriculteurs.
Avec 2 000 insectes/m², les bordures de champs sont partout et offrent une palette de services sous-estimés et parfois méconnus. Avec la Chambre d’agriculture de la Somme, faisons toute la lumière sur les services rendus par les bords de champs aux agriculteurs.
Tous les agriculteurs sont concernés par les bords de champs. Se trouvant entre une terre agricole travaillée et un autre milieu, ils ressemblent à des bordures herbacées, des bandes enherbées, ou encore des fossés et talus.
Les bords de champs hébergent les ravageurs
Faux. De nombreuses espèces de la faune et flore locale dont les pollinisateurs et les auxiliaires trouvent refuge dans les bordures de champs. On compte 2 000 insectes/m2 et seulement 16 % d’entre eux sont des ravageurs. Les comptages indiquent un auxiliaire pour un ravageur. Un arthropode sur sept est un auxiliaire ; leur potentiel de prédation varie de un à cent pucerons/jour. Au total, le potentiel de régulation d’un bord de champ peut avoisiner les deux milles pucerons consommés/m2/jour grâce à ses auxiliaires. Les chaleurs et la sécheresse de juillet 2022 ont causé la disparition de plus de la moitié des arthropodes.
Broyer les bords de champs a une incidence sur la biodiversité
Vrai. Suite à un broyage, la quantité d’insectes et d’auxiliaires est divisée par quatre en moyenne. Le potentiel de régulation du bord de champs est en moyenne divisé par huit. Broyer intensivement favorise le développement des adventices. À noter aussi qu’il y a plus d’insectes dans une bande fleurie que dans un bord de champs. Et c’est d’autant plus vrai pour les insectes pollinisateurs.
Les bords de champs, des zones de refuge et d’alimentation ?
Vrai. Aymeric de Wazières, exploitation grandes cultures à Beauval en témoigne : «En 2017, j’ai fait le choix de diviser de grands îlots en parcelles de six ha et de planter cinq km de haies pour bien découper les nouvelles parcelles. Je sème une bande de trois mètres de tournesol et maïs entre chaque parcelle au mois de mai. C’est un abri pour le petit gibier, en particulier les perdreaux». 75 % des nids de perdrix sont localisés à moins de vingt mètres des bordures extérieures de champs. En effet, les bordures de champs sont un refuge en toute saison ; en période de travaux agricoles l’été, pour la nidification du printemps et l’hivernage. Les auxiliaires de cultures tels que carabes, araignées, coccinelles, chrysopes, passereaux, alouettes et faisans les affectionnent en hiver. En plus du gîte, il y a le couvert. Les bordures de champs fournissent 20 % de la ressource alimentaire de la faune sauvage ; entre feuilles, graines, insectes et lombriciens, le menu est varié.
Les bords de champs,remparts naturels contre les inondations ?
Vrai. Les bords de champs reviennent au cœur des discussions au lendemain des épisodes dramatiques de coulées de boues et d’inondations des parcelles. La végétation qui les compose forme une barrière naturelle qui retient l’eau et les sédiments. La bonne structuration de ce couvert freine le ruissellement et favorise sédimentation et infiltration. Ce rôle est d’autant plus efficace si le bord de champs est composé de graminées. En effet, le chevelu racinaire des graminées crée une forte perméabilité, sans grosses fissures et accroît la résistance du sol à l’arrachement. L’eau s’infiltre, se séparant de charge en terre. Antoine Septier, exploitation polyculture-élevage à Maizicourt témoigne : «Chez moi, les bords de champs sont des talus dans lesquels beaucoup de monde se développe ! Ils sont un équilibre naturel à eux-seuls et sur mes parcelles, ils sont essentiels pour retenir les boues et favoriser l’infiltration de l’eau. Il ne faut pas négliger leur entretien, nous les taillons à l’aide d’une épareuse, attention à ne pas les retourner.»
Le bord de champ ramène des adventices dans ma parcelle ?
Faux mais… Dans les bords de champs, moins de 20 % de la végétation est constituée d’adventices. Lorsqu’on étudie la flore du bord de champs, on retrouve rarement des espèces communes avec la flore adventice présente dans les parcelles cultivées attenantes.
Cependant, des perturbations dans le bord de champ peuvent conduire à l’augmentation de la proportion d’adventices sur la bordure extérieure. Nos conseils pour les réduire :
• Maintenir une largeur de minimum 1 mètre
• Éviter les dérives de traitements et d’amendements
• Ne pas faucher trop souvent (maximum 1 fois/an)
• Lors de l’intervention, maintenir une hauteur de coupe > 10 cm
• Préférer la auche au broyage
• Exporter les résidus afin d’éviter de réenrichir le milieu
• Ne pas circuler dans la bordure !
Le bord de champ, mon allié Pac
Vrai. La protection des éléments favorables à la biodiversité constitue l’un des axes de renforcement de la nouvelle conditionnalité des aides Pac. Chaque agriculteur bénéficiaire des aides Pac est tenu de consacrer une part minimale des terres arables de l’exploitation aux infrastructures agroécologiques pour respecter la BCAE 8 (Bonnes conditions agricoles et environnementales). Parmi les infrastructures agroécologiques figurent les bords de champs, de bois ou de cours d’eau avec un coefficient multiplicateur d’équivalence à l’hectare de linéaire ou de surface engagée.
La bande est classée selon la catégorie à laquelle cette parcelle est rattachée (TA) :
• Bande le long des forêts sans production (BFS) : surface herbacée (végétation spontanée ou semée de 1 m de large minimum qui n'est pas utilisée pour la production agricole.
• Bords de champs (BOR) : surface herbacée de 5 m de large qui n'est pas utilisée pour la production agricole. La période de présence obligatoire des bordures de champs, se situe au moins en partie du 15 mars au 15 juillet.
• Bandes Tampon (BTA) : surface herbacée de 5 m de large présente toute l’année le long d'un cours d'eau BCAE. Le mélange d’espèces est conseillé mais non obligatoire à l’exception des légumineuses qui doivent être en mélange avec des graminées.
Vous êtes intéressés par le sujet et souhaitez recevoir de l’information, contactez Maryse Magniez au 06 35 57 01 07