Bruno Macron, le nouveau président des JA 80
Il a été élu le 1er février dernier à la présidence des Jeunes agriculteurs de la Somme. Installé depuis janvier 2015,
à Bernaville, ce jeune agriculteur de 28 ans veut croire en l’avenir de son métier.
Bruno Macron arrive à la tête des JA en pleine crise agricole. «On ne sait pas du tout où l’on va. Cette crise est la plus longue que l’on ait connu, mais il faut garder espoir. Pour ma part, je ferai de mon mieux au sein du syndicat pour défendre notre métier bec et ongles», dit Bruno Macron. Si le programme de sa mandature est en cours d’élaboration, son projet est «d’insuffler le désir d’entreprendre chez les jeunes, malgré la conjoncture difficile, d’animer au maximum les cantons et de recréer du lien, car c’est la base qui fait avancer le réseau, il ne faut pas l’oublier. Certes, la mobilisation des troupes n’est pas toujours aisée - «on ne peut pas contenter tout le monde dans les actions que l’on mène» -, mais il ne désespère pas pour autant, car le renouvellement des présidents des cantons, comme des membres du conseil départemental et du bureau des JA, a apporté un nouvel élan.
Quand il est entré au JA, à 18 ans, il n’imaginait pas encore tout ce qu’il allait apprendre. «Comme la plupart des jeunes, j’ai été d’abord attiré par le côté festif et toutes les animations qu’il y avait», raconte-t-il. Son canton de Bernaville vivotant, deux ans plus tard, il franchit un pas en en devenant son président, puis il entre au conseil d’administration et au bureau, avant de devenir secrétaire général. La présidence était donc la suite logique. «En s’investissant dans les JA, on apprend le fonctionnement du milieu agricole, des OPA, de toutes les instances gravitant autour du milieu agricole. C’est aussi l’occasion de rencontrer du monde, d’échanger sur nos pratiques et la profession. Cela permet d’avoir, en fait, une autre vision du monde agricole, de ses différentes réalités, même quand on est né dedans, comme c’est mon cas», souligne-t-il.
La réalité d’une exploitation, Bruno la découvre en effet dès le plus jeune âge. A huit ans, il aide son père au retour de l’école, conduisant même le tracteur au grand dam des gendarmes, qui n’ont de cesse de le houspiller. Il n’est pas rare non plus qu’il donne à manger aux bêtes avant d’aller en cours. Auprès des bêtes, comme dans la plaine, l’enfant est heureux. «Je n’imaginais pas faire un autre boulot», raconte-t-il. Comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père. Chez les Macron, la passion se transmet de génération en génération. Aussi dès son BPREA en poche, il devient salarié agricole de son père. Là encore, une suite logique.
L’installation
Et d’autant plus logique que le jeune homme n’aime rien tant que l’extérieur, le contact avec la nature, voir naître les veaux, les élever, semer, voir pousser les cultures et récolter. «Ce qui est passionnant c’est que tu ne travailles jamais la même chose, que l’on fait tout nous-mêmes, que tu peux toujours innover et que tu es ton propre patron», commente-t-il. Qu’importe si la nuit, il faut y retourner parce qu’il y a un vêlage, même compliqué comme l’avant-dernier, car ce sont «deux jumelles qui se sont présentées cul devant», dit-il. Et qu’au petit matin, un autre est arrivé, dans de meilleures conditions cette fois-ci, et qu’un nouveau se prépare déjà.
Outre les quatre-vingt-dix vaches laitières et la quarantaine de vaches allaitantes (Blonde d’Aquitaine et Aubrac) dont il s’occupe avec son père, il cultive aussi avec lui du blé, des betteraves, des escourgeons et du lin, pratiquant sur leurs terres une agriculture raisonnée. «L’élevage correspondant à 50 % de notre activité, nous avons pas mal d’effluents sur l’exploitation que l’on valorise dans nos plaines. En fait, on est autosuffisant», indique-t-il. La suite logique était donc son installation. Chose faite en janvier 2015, où il reprend 40 % des parts sociales, sans foncier, de la ferme familiale, l’Earl de la Ferme des Bornes. L’idée est de monter en puissance sur la production laitière de la ferme. Celui-ci passe de
600 000 litres à 889 000 litres de lait. Toujours dans l’idée de se développer, il vient de reprendre 15 ha de terre, à 5 km de l’exploitation familiale.
«Il faut se battre»
Même si les jours de l’agriculture sont sombres actuellement, et l’avenir incertain, Bruno veut y croire. «J’espère être agriculteur toute ma vie», confie-t-il. Pour que ce métier ait encore de l’avenir, particulièrement l’élevage, «il faut s’associer, sinon, ce sera la mort». Une association qui passe notamment par les Cuma pour avoir du matériel en commun et des investissements moins lourds. Sur son secteur, il travaille à la constitution de l’une d’elles avec deux autres JA, mais ce n’est pas gagné, «car les gens fonctionnent beaucoup ici de manière individualiste», ajoute-t-il.
Sur son exploitation, comme les mises aux normes ont été faites en 2006, il n’a pas d’emprunt sur le dos. Quand la conjoncture économique le permettra, il a, avec son père, le projet d’agrandir le bâtiment où sont logées les vaches laitières, ainsi que de monter un bâtiment de stockage de paille. De même, il aimerait bien aussi faire de la vente directe en démarchant chez les bouchers locaux pour trouver de nouveaux débouchés dans la vente de viande bovine. «Il faut entreprendre dès que l’on peut et gagner de la valeur ajoutée si l’on veut s’en sortir. Il faut se battre», insiste-t-il. Lui est prêt à en découdre.
Earl de la ferme des Bornes
- 165 ha et 25 ha loués à l'année : blé, betterave, escourgeon, lin
- 90 vaches laitières pour un contrat de 889 000 litres de laitière
- plus de 40 vaches allaitantes, essentiellement de race Blonde d'Aquitaine, mais aussi quelques Aubrac