Bruno Macron teste la station expérimentale d’Agrotescol
D’un côté, une jeune start-up, Agrotescol, de l’autre, un jeune agriculteur qui voulait s’engager dans une fertilisation raisonnée. Le tout ? Le début d’une aventure commune et un prix au concours Som’Innov’Agri.
Tout commence dans la tête d’un chercheur, Benjamin Mendou, dont le travail de recherche le conduit régulièrement dans les parcelles des agriculteurs pour faire des prélèvements et des analyses de sols. Plutôt que de perdre du temps à se déplacer systématiquement sur site, pourquoi ne pas imaginer un système permettant d’enregistrer toutes les données agronomiques à partir d’une station expérimentale, implantée dans les parcelles, et équipée de capteurs spécifiques ?
Ces données seraient ensuite traitées sur un serveur, avant d’être envoyées à l’agriculteur sur son smartphone ou sa tablette. «L’objectif est d’aider les agriculteurs à mettre en place une agriculture raisonnée et soutenable. Pour cela, un équilibre doit être trouvé entre les objectifs de productivité et de qualité de l’agriculture moderne conventionnelle et les contraintes d’une agriculture respectueuse de l’environnement», explique Benjamin Mendou. Pour mener son projet à bien, ne restait plus qu’à trouver, outre les fonds, un agriculteur prêt à tenter l’expérience.
En 2015, Benjamin Mendou rencontre Bruno Macron, polyculteur et éleveur à Bernaville. Ce dernier réfléchit depuis quelque temps à la façon de réduire les intrants chimiques dans ses terres. L’invention de Benjamin Mendou, premier lauréat du concours Eclosia en 2014 et dans les six premiers au concours
SmartAgriFood en 2015, retient toute son attention.
«Jusqu’à présent, je fractionnais les apports d’azote en trois ou quatre fois sur les céréales. Avec la station expérimentale, je pourrai fractionner au bon moment et dans les bonnes quantités. Ainsi, je saurai, jour par jour, ce que la plante a absorbé d’azote», explique Bruno Macron. L’apport de la juste dose au bon moment réunit plusieurs avantages. Le premier est d’ordre économique, soit réduire les coûts d’intrants dans les parcelles et obtenir une meilleure teneur en protéines des blés. Le second est d’ordre environnemental, soit éviter le lessivage de l’azote dans le sol et les nappes phréatiques.
Comment ça marche ?
La station d’expérimentation se compose d’un socle à la surface poreuse qui filtre les nutriments, et sur lequel est fixée une station métrologique avec deux sondes (terre et eau), équipées de capteurs spécifiques. Ce sont ces capteurs qui récupèrent les nutriments et analysent leur teneur. A la moindre modification des sols, les sondes s’auto-calibrent. Les données sont remontées plusieurs fois par jour. Autre avantage de cet outil d’aide à la décision : prévenir les maladies.
Cette station, d’un coût variant entre 2 500 et 3 000 €, peut être utilisée sur une surface allant jusqu’à 10 ha homogènes (même type de sol, ndlr). Et si vous décidez de changer de culture sur une parcelle, il suffit de changer les capteurs intégrés.
La première station expérimentale sera implantée, en février prochain, dans l’exploitation de Bruno Macron, sur une parcelle coupée en deux : l’une, de 2 ha, où sera placée la station, l’autre, de même superficie, mais traitée en amendement conventionnel, pour établir des comparatifs entre les deux systèmes. L’inauguration de la station expérimentale sur l’exploitation de Bruno Macron aura lieu le 19 avril.