Budget européen : l’accord renvoyé en janvier prochain
La réunion extraordinaire des dirigeants des vingt-sept sur le budget 2014-2020 n’a accouché de rien, enfin presque.
Les chefs d’États et de gouvernements de l’Union européenne (UE), réunis les 22 et 23 novembre, pour décider du budget de l’Union européenne pour la période 2014-2020 n’ont rien décidé du tout. Sauf du fait qu’ils n’étaient d’accord sur rien et de se revoir début 2013.
L’enjeu était cependant de toute première importance : il s’agissait, ni plus ni moins, de donner un cadre financier pour une période de sept ans et donc de donner de la visibilité, aux pays membres comme aux partenaires de l’UE.
Sans concession
Mais les intérêts particuliers des uns et des autres et l’intransigeance du Royaume-Uni ont balayé toutes les supposées bonnes volontés du moment. Tous les cas de figures sont apparus pendant ces deux jours, qui étaient finalement plus faits pour montrer ses muscles plutôt que de trouver un compromis. Certains pays membres souhaitent voir évoluer vers plus d’équilibre le rapport entre leur contribution et ce qu’ils reçoivent, d’autres veulent le statu quo. Enfin, quelques Etats sont entre les deux positions. Par ailleurs, il y a ceux qui estiment que ce budget est un gouffre alors que d’autres sont plus mesurés sur le sujet.
Pour donner une idée de ce que pèse le budget de l’UE, deux chiffres : il représente 1 % du PIB (la richesse créée) de ladite UE ; aux Etats-Unis, pourtant les rois du monde en matière de croisade anti budget national, le budget fédéral pèse 20 % des richesses créées par le pays.
Autre élément de comparaison : les Britanniques se battent comme des lions pour diminuer drastiquement ce budget à 1 000 milliards d’euros, soit. Mais il faut savoir que la masse salariale des fonctionnaires européens s’élève à 8 milliards d’euros par an. Une somme ? Certes, mais ceci est plus de 20 fois moins élevé que le budget servant à payer les fonctionnaires d’outre-Manche.
En fait, derrière ces affrontements connus de tous, des guerres de position sont menées. Et là, les clivages se font de manière différente. Certains pays membres souhaitent réorienter le budget de l’UE pour favoriser la recherche et développement par exemple ou encore l’économie verte. Avec la crise, des voix se sont élevées pour dire qu’il fallait mener des politiques volontaristes de réindustrialisation et de soutien à l’emploi. Et là encore, les compromis semblent difficiles. Ce qui est certain, c’est que toute réaffectation budgétaire toucherait la répartition actuelle et donc la part qui revient à la seule politique commune européenne, la PAC. La France, soutenue par plusieurs autres pays membres, s’efforce d’éviter au maximum tout coup de rabot dans ce domaine.
Deux choses ont particulièrement marqué les esprits pendant ces deux jours. D’une part, l’individualisme forcené et exacerbé de la quasi-totalité des pays membres a prévalu à tout moment. Jamais de déclaration commune, jamais de concession et jamais de prise de position au nom du bien collectif. D’autre part, cette impression, à la fin de la réunion, que finalement tout ceci n’est pas très important.
En cas d’échec
Après tout, il reste toute l’année 2013 pour négocier. Et donc, rendez-vous a été pris pour le mois de janvier. Rappelons tout d’abord que l’accord sur le budget global de l’UE nécessite l’unanimité de ses membres, une idée louable mais qui complexifie les négociations. Si, en dernier ressort, aucun accord n’était trouvé à la fin 2013, c’est le budget en vigueur en 2013 qui s’appliquerait, augmenté de l’inflation. Le budget 2013 ? Aïe, il n’est pas encore voté !
Les chiffres
Comme tout le monde n’est pas d’accord, beaucoup de chiffres circulent lorsqu’il s’agit des chiffres du budget de l’UE pour la période 2014-2020. En fait, ils varient en fonction de celui qui le présente. La Commission a proposé une enveloppe globale, pour les sept années, de 1 060 milliards d’euros. La présidence du Conseil avance le chiffre de 984 milliards. La France a retenu un montant de 960 milliards. Et c’est bien évidemment les Britanniques qui proposent l’hypothèse la plus basse : 886 milliards d’euros.