Calira : la récolte 2012 fait oublier l’exercice précédent
La lucidité de ses dirigeants et sa solidité financière ont permis à la Calira de surmonter les pertes de l’exercice 2011-2012.
Près de 200 adhérents de la Calira (coopérative linière de la région d’Abbeville) se sont retrouvés en assemblée générale le 19 décembre à Sailly Flibeaucourt sous la présidence d’Antoine Berthe. Au vu des conditions de sécheresse des mois d’avril et mai 2011 avec à peine 10 millimètres de pluie chaque mois contre 50 habituellement, Vincent Delaporte, directeur de la coopérative, a réalisé que la récolte 2011 allait être problématique. Au final, avec 4 300 kilos de paille dont 12,85 % de filasse soit 551 kilos à l’hectare seulement contre 22 % en 2010 et 2012 (22,9 % sur les premiers 700 hectares teillés), jamais la récolte n’avait été aussi faible depuis 1976.
Quand on sait que c’est la valorisation de la filasse qui fait l’essentiel du résultat économique de la culture, on comprend mieux pourquoi la recette moyenne à l’hectare n’a été que de 950 euros contre 2 540 euros la campagne précédente. 210 adhérents n’ont pas dépassé les mille euros et 110 autres se sont situés entre mille et mille cinq cents euros. 60 % des volumes teillés n’ont pas atteint 15 % de richesse en fibres.
Un exercice négatif
La qualité n’était pas non plus au rendez-vous puisque les volumes notés 7, la meilleure note pour cette récolte dans la grille de classification, n’ont représenté que 6 % des 2 265 tonnes de filasse commercialisées. Comme l’avaient annoncé Antoine Berthe et Vincent Delaporte à l’assemblée générale de décembre 2011, il a fallu adapter le fonctionnement de l’outil à une activité quasiment réduite de moitié : 17 661 tonnes travaillées contre 30 000 en année normale. Fermeture des ateliers, réduction du nombre de postes de travail, recours au chômage partiel mais aussi du travail en prestation sur de la paille de lin oléagineux ont concouru à en réduire les effets sur le résultat économique de l’entreprise. Le résultat d’exploitation a lourdement pâti de cette baisse d’activité.
De très bonnes perspectives pour 2012
«Malgré ces évènements, vous avez maintenu votre confiance dans l’entreprise et dans cette culture en reconduisant vos surfaces en 2012», s’est félicité Antoine Berthe. Bien en a pris aux adhérents car les 8 100 kilos de paille de cette récolte 2012 flirtent avec le record de 8 194 kilos en 2008. La qualité des premiers teillages avec 22, 9 % de filasse laisse augurer une valorisation à la hauteur, d’autant que le marché est demandeur.
Pourtant, 2012 n’a pas été sans quelques émotions en raison des arrachages qui ont débuté au 17 juillet, bien plus tard que d’habitude, et qui se sont étalés jusqu’au 18 août, soit sur une période très longue.
L’orage du 21 juin qui a provoqué la verse de huit parcelles sur dix et un mois de juillet pluvieux ont décalé toutes les phases techniques et rendu les opérations de rouissage parfois délicates.
A la mi-septembre, il restait encore un gros volume à l’extérieur et l’enroulage a été rapidement entrepris pour le mettre à l’abri.
Il y a de la demande en lin de bonne qualité
La commercialisation de cette récolte se présente sous de bons auspices. Les teillages coopératifs français comme les négociants ont beaucoup déstocké ces derniers mois. Autre signe positif, le déstockage chez les filateurs. «La demande en lin de bonne qualité est supérieure à l’offre et nous ne vendrons pas notre filasse à moins de 1,5 euro le kilo au minimum pour des qualités standard», a prévenu Vincent Delaporte. Par ailleurs, les teilleurs ont décidé de reconstituer un stock outil à partir des volumes de la récolte 2012. Les espérances de recette à l’hectare sont difficiles à chiffrer puisque la campagne de commercialisation ne fait que commencer mais elles sont attendues à un niveau similaire à celle de la récolte 2010.
Enfin, Vincent Delaporte a rappelé l’intérêt de la Calira à produire ses propres besoins en semences. Pour la première année en 2012, elle en a couvert 25 % et elle met en place en 2013, 350 hectares en multiplication et six variétés pour atteindre un niveau de couverture de 50 %.
Elle entend ainsi profiter davantage des variétés créées par Linéa dont elle est partenaire et qui a classé cette année trois de ses obtentions parmi les sept meilleures.