Canal Seine-Nord Europe : vote du financement
Le 19 décembre, le Conseil départemental mettait au vote le protocole de financement et de gouvernance du CSNE.
Les jeux seraient-ils faits ? Les unes après les autres, les collectivités locales votent le protocole de financement et de gouvernance du canal Seine-Nord Europe (CSNE). C’était au tour du Département de la Somme d’en faire autant lors de sa dernière assemblée plénière de l’année, le 19 décembre dernier. De sa poche : 70 millions d’euros. Au total, entre les collectivités territoriales, l’Etat et l’Europe, le coût prévisionnel est estimé, à ce stade, à 4,5 milliards d’euros hors taxes.
Mais avec les indices de coût de construction, sur une hypothèse de base à 1,5 % par an, et une réalisation de travaux entre 2017 et 2027, le coût prévisionnel atteint alors les 4,9 milliards d’euros constants. Reste que ces coûts n’intègrent pas la réalisation de quatre plates-formes multimodales qui relèveront, le moment venu, d’un financement spécifique des collectivités territoriales. Traduction : l’enveloppe pourrait grimper. D’où, d’ores et déjà, la possibilité d’un emprunt par la Société Canal Seine-Nord Europe (créée par ordonnance le 21 avril 2016), la répartition entre les partenaires des garanties à apporter à la société, et la recherche d’autres collectivités ayant intérêt à la réalisation de ce projet telles que certains départements de l’Ile-de-France.
Mais si l’idée n’est pas nouvelle, aucune avancée n’a été enregistrée à ce jour. Reste que pour finaliser le financement, les batailles et rebondissements n’ont pas manqué (cf. L’Action agricole picarde du 2 décembre 2016). «Les discussions avec le gouvernement ont été difficiles et âpres, rappelle Laurent Somon, président du Département. Pour ma part, il était totalement exclu de paraître abandonner le projet […], comme d’augmenter de façon irresponsable la participation de notre collectivité […], exclu, enfin, de céder sur notre demande d’une égalité de traitement dans les travaux que réaliserait la société de projet sur les différentes plates-formes du canal.» Et de demander à tous les conseillers de voter à l’unanimité.
Pas de vote unanime
Hostiles au projet depuis le début, les représentants d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV) ont voté contre. «Ce projet est tout sauf écologique», insiste Blandine Denis, présidente de ce groupe. Entre la forte pression sur le réseau hydraulique, notamment de l’Aisne et de l’Oise, et l’impact sur les nappes phréatiques, ce sont des zones entières de biodiversité qui sont menacées.» Quant au développement économique, les écologistes n’y croient pas plus. «C’est un projet du début du XIXe siècle, qui est tout sauf structurant en dépit de ce que croient les élus, enfonce-t-elle le clou. Je ne crois pas que ce soit un secteur porteur. Le rail a, à mon sens, plus de valeur ajoutée que le fluvial. C’est un projet inutile. Croyez-vous vraiment que les camions d’Amazon vont circuler sur les péniches ? Non, bien sûr. Et le tout pour un coût exorbitant de l’ordre de 5 milliards d’euros, alors qu’il y a d’autres urgences.» En toute logique, EELV a voté contre, ainsi que le PCF, dont son président de groupe, Jean-Claude Renaux, estime que «les budgets seront dépassés à l’évidence».
Si la Somme à gauche a voté pour, ce n’est pas sans quelques réserves sur le financement. «La Région Hauts-de-France a pris le complément de ce que ne voulait pas payer Valérie Pécresse. Vous dites que la Somme n’a pas augmenté sa part de financement, mais je vous rappelle que l’argent des Hauts-de-France, c’est aussi celui des Samariens. Nous estimons donc que vous auriez dû être plus rigoureux dans les négociations», ajoute le président du groupe, Francis Lec. La majorité ayant été atteinte, le protocole a été voté.
Financement
- Région Hauts-de-France : 352,65 M€
- Région Ile-de-France : 110 M€
- Département du Nord : 200 M€
- Département du Pas-de-Calais : 130 M€
- Département de l’Oise : 100 M€
- Département de la Somme : 70 M€
- Autres acteurs : 50 M€
- Total collectivités : 1 012,65 M€