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«Ce qui m’importe, c’est de garder les éleveurs, mais aussi les filières»

Le 15 février, lors de l’assemblée plénière du Conseil départemental, son président, Laurent Somon, a annoncé le renforcement des aides au secteur agricole à hauteur de 3 M€. Interview du président.

Laurent Somon (LR), président du Conseil départemental de la Somme : «Il y a un véritable ras-le-bol des éleveurs par rapport aux revenus plus qu’insuffisants qu’ils tirent de leur travail.»
Laurent Somon (LR), président du Conseil départemental de la Somme : «Il y a un véritable ras-le-bol des éleveurs par rapport aux revenus plus qu’insuffisants qu’ils tirent de leur travail.»
© AAP

Comment se porte l’agriculture dans notre département ?
L’agriculture arrive encore à tenir dans la Somme parce qu’elle pratique la polyculture, mais cela n’évite pas totalement les fragilités auxquelles elle peut être exposée en cette période de crise agricole. Il y a un véritable ras-le-bol des éleveurs par rapport aux revenus plus qu’insuffisants qu’ils tirent de leur travail, quand ils en tirent un. Nous avons d’ailleurs une quarantaine d’agriculteurs qui touchent le RSA (Revenu de solidarité active).

Selon vous, d’où vient la crise agricole actuelle ?
Le vrai problème est celui du prix de revient. Il y a trop d’intermédiaires. Les agriculteurs devraient se regrouper sous forme des coopératives d’antan pour être plus forts face aux transformateurs et distributeurs. Il ne suffirait pas de grand-chose pour que la donne change. Outre la question des prix, il y a aussi le poids des normes et des charges qui entravent les investissements qui s’imposent aux éleveurs pour être dans la course.
C’est d’autant plus important que les agriculteurs font travailler tous les artisans locaux et ont des salariés. Ils créent pas mal d’emplois induits. C’est précieux en ces temps de crise économique. Ce qui m’importe, donc, est de garder les éleveurs, mais aussi les filières.

Vous avez eu dernièrement une rencontre avec les services préfectoraux et le Conseil régional sur la crise de l’élevage. Qu’en est-il ressorti ?
Nous avons fait le point sur les dispositifs en place pour aider les éleveurs à traverser la crise afin de voir le dispositif le plus pertinent que nous pouvions mettre en place, sans être redondants dans les aides. De fait, l’Etat et la Région ont pris des mesures d’urgence. Or, en période de récession, on ne peut pas qu’être sur des mesures d’urgence. Aussi, nous, nous concentrons sur des mesures structurelles. Une fois cela dit, ni les uns, ni les autres n’avons de recettes miracles à proposer.

Quel est le montant que vous avez décidé d’allouer à ces mesures structurelles ?
Malgré la forte contrainte budgétaire et la loi NOTRe, nous avons fait le choix, contrairement à d’autres Départements en France, non seulement de maintenir un soutien, mais de le développer  dans  l’agriculture. Nous allons renforcer nos aides au secteur agricole à hauteur de trois millions d’euros pour 2016, contre environ 500 000 € aujourd’hui. C’est ce qui sera inscrit au budget primitif voté au mois de mars.

En cette période d’économies sur tous les secteurs dans lesquels intervient le Département, ne craigniez-vous pas de déclencher de vives remarques ?
Si, dans les chiffres bruts, cela apparaît comme une hausse conséquente des aides octroyées à l’agriculture, tel n’est pas le cas dans les faits, puisque la compétence économique relève désormais du Conseil régional. C’est donc une réaffectation d’une partie du budget que nous avions pour le développement économique. Par ailleurs, du fait que la compétence soit à présent régionale, il faudra établir une convention avec le Conseil régional.

Quelles sont-elles ? Avec qui et depuis quand vous y travaillez ?
Nous planchons sur le sujet depuis mai dernier. Nous avons beaucoup échangé avec les organisations professionnelles agricoles, telles que la Chambre d’agriculture et les coopératives, pour définir les besoins en mesures structurelles. Ce qu’il en est ressorti est qu’il fallait s’engager dans la structuration de la production animale. Cette voie n’est pas ma danseuse de la République, c’est celle qui est la plus pertinente, et, par ailleurs, je connais bien le sujet.
Pour ce qui est des mesures structurelles, nous avons retenu trois thématiques. La première porte sur le financement de diagnostics de typologie d’élevage pour permettre ensuite aux éleveurs de mieux définir une trajectoire les sortant de la crise. L’enveloppe dédiée à cette thématique est de 860 000 €.
La seconde thématique concerne, elle, les évolutions techniques culturales. Plus précisément, nous allons accompagner plusieurs démarches, à savoir celles de la ferme 3.0, l’agriculture biologique, les mesures agricoles environnementales, ou encore la valorisation des effluents. L’enveloppe se monte à 70 000 €.
La dernière thématique a trait à l’augmentation de la valeur ajoutée au travers des circuits courts, de l’approvisionnement dans la restauration hors domicile, que ce soit dans les écoles et les collectivités, par exemple, la diversification de le vente aux particuliers, ou encore notre programme Eclosia qui soutient le développement d’initiatives économiques et soucieuses de l’environnement.

«Nous regrettons le faible soutien à l’agriculture bio»

Petite passe d’armes au cours du débat d’orientation budgétaire entre le président du Département, Laurent Somon, et Blandine Denis, l’une des présidentes du groupe Europe Ecologie - Les Verts. «Vous envisagez d’augmenter les aides à l’agriculture, de multiplier par six le budget pour celle-ci, soit de passer de 500 000 € à trois millions d’euros, alors que ce n’est même plus une compétence obligatoire du département !», tacle l’élue écologiste.
Aider l’agriculture, son groupe n’y voit aucune objection, au contraire, mais à la condition que ce soit une «une agriculture de qualité, celle qui permettra de préserver la ressource en eau de la terre, celle qui protège la santé de nos enfants. Aussi regrettons-nous dans vos choix le faible soutien à l’agriculture biologique». La preuve ? Le pourcentage de la part de ce soutien en 2015, soit 4 % (cf. l’enveloppe de 20 000 € sur 500 000 €). Une même enveloppe, mais cette fois-ci sur trois millions d’euros, soit 0,6 % du budget. Une «aumône», s’esclaffe-t-elle.


Le débat d’orientation budgétaire s’inscrit dans un projet de refondation

A période nouvelle, en raison de la nouvelle organisation territoriale définie par la loi NOTRe, comme du choix des électeurs en mars 2015, faisant basculer le Département à droite, son président, Laurent Somon, a proposé une «refondation du Conseil départemental». La suppression de la clause de compétence générale a entraîné, de facto, la disparition de certaines des actions du Département. A cela s’ajoute une baisse brutale de la dotation globale de fonctionnement obligeant à revoir les dépenses de la section de fonctionnement du budget de la collectivité. Parmi les changements, une baisse des effectifs territoriaux, un contrôle des versements sociaux, des choix plus fins dans les grands projets d’infrastructures, une meilleure planification des grands travaux dans les collèges, mais aussi une action économique limitée à la promotion touristique et au développement agricole. Le niveau d’investissements est maintenu autour de 75 M€ par an, avec un volume d’emprunt entre 40 et 50 M€. Pour mettre en œuvre cette «refondation», la majorité départementale a pris sept engagements pour les cinq prochaines années : ne pas augmenter les impôts départementaux, améliorer la qualité des routes départementales, favoriser le maintien à domicile des personnages âgées à domicile, encourager le retour à l’emploi des allocataires du RSA, poursuivre la modernisation des collèges, accompagner chaque commune et chaque intercommunalité dans leurs projets pour le cadre de vie des habitants, et participer à un développement du sport et de la culture équilibré sur le département.
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