Céréales immatures : un atout pour approvisionner les méthaniseurs
Le nombre de projets de méthanisation est en forte augmentation actuellement.
Pour approvisionner les méthaniseurs, différents gisements sont possibles : les coproduits (pulpe, déchet d’industrie agroalimentaire…), les effluents d’élevage et la biomasse, que l’on peut produire sur son exploitation. Cette biomasse est principalement issue d’ensilage de céréales immatures, maïs, sorgho…
La production de céréales immatures, récoltées au printemps, présente de nombreux avantages. Tout d’abord, elles sont plus productives que celles récoltées à l’automne (8 à 10 tms/ha au printemps contre 2 à 3 tms/ha en récolte d’automne). Au vu des essais que nous réalisons, elles ont aussi l’avantage d’avoir un rendement très régulier, car il y a moins de risques climatiques, notamment la sécheresse en été, qui peut impacter le rendement. Au niveau du choix des espèces, il y a toujours une graminée qui sera dominante dans le mélange (pour assurer le rendement), soit un triticale, un seigle et parfois une orge d’hiver. Ces céréales peuvent être associées avec des légumineuses : vesce ou pois. Au vu des premiers résultats d’essais, le seigle tire son épingle du jeu avec des rendements souvent proches de 10 tms/ha, un peu supérieurs aux autres mélanges et un pouvoir méthanogène équivalent aux différents mélanges (triticale pois, orge d’hiver, triticale pois vesce,…).
En ce qui concerne les seigles, ils présentent l’avantage de ne pas être sensibles à la JNO (Jaunisse nanisante de l’orge). Il y a des différences importantes entre les lignées et les hybrides. Les lignées sont plus sensibles à la verse. Les hybrides, qui sont plus tolérants aux maladies, semblent présenter un rendement un peu supérieur aux lignées. Afin de confirmer ces différents points, la Chambre d’agriculture Hauts-de-France a implanté à Monceau-sur-Oise un essai où l’on retrouve trois variétés de seigle (une lignée et deux hybrides), différents mélanges à base de triticale, de l’escourgeon et du blé. L’objectif de cet essai est de mesurer la productivité des différents couverts à deux dates de récolte, le 25 avril et le 15 mai et de mesurer le pouvoir méthanogène à chaque récolte.
En ce qui concerne la conduite de ces cultures, l’idéal est de ne pas les semer après le 20 octobre. Les cultures étant récoltées avant la montée à graine des adventices, il n’y a pas besoin de désherber. Au niveau de la fertilisation azotée, il faut apporter entre 80 et 150 U d’azote à définir en fonction du potentiel, du type de sol et du reliquat sortie hiver. Compte tenu du cycle des cultures, il n’y a pas besoin de produits phytos (fongicide, régulateur de croissance…).
Ces cultures avec peu d’azote apporté, sans produits phytosanitaires, qui produisent de l’énergie et stock du carbone, offrent une porte d’entrée à des pratiques vertueuses.
Pour observer ces différents couverts sur le terrain, rendez-vous le mardi 11 juin, à Catenoy (60).