Céréales : jusqu’à quand semer du blé ?
En bas-champs du Marquenterre et de Cayeux, beaucoup d’agriculteurs n’ont pas commencé leur semis de blé. Les quelques jours sans pluie en octobre et l’accalmie de ces derniers jours ont été consacrés aux récoltes de betteraves et maïs. D’autres agriculteurs ont implanté une partie de leur sole, mais certaines parcelles sont partiellement à l’eau et seront probablement à ressemer ultérieurement, en partie ou en totalité.
Les questions les plus souvent posées sont les suivantes :
Modification d’assolement
Les agriculteurs prévoient généralement et, en toute logique, d’implanter du blé derrière betteraves et maïs et d’implanter des cultures de printemps derrière du blé.
De nombreuses parcelles ont été matraquées lors des récoltes de betteraves et maïs fourrage. Par contre, les parcelles en précédent blé, avec une culture intermédiaire, ont gardé une bonne structure. Si la fin de l’automne et l’hiver sont secs, il sera plus facile de rentrer dans les parcelles avec précédent blé, que dans les parcelles avec précédents maïs et betteraves.
Vu les conditions exceptionnelles de l’année, il est possible de modifier son assolement et la rotation et d’implanter des blés derrière blés et des maïs derrière maïs.
La présence de cultures intermédiaires, moutarde le plus souvent, et les apports d’effluents organiques ne posent pas de problèmes au niveau agronomique.
Quant à la règlementation zones vulnérables, l’administration départementale est informée de la situation et à l’écoute du monde agricole. Elle saura dans l’application de la règlementation, tenir compte de ces aléas climatiques à condition d’être tenue informée de l’évolution de la situation et d’agir en toute transparence.
Date de semis de blé
La question des dates limites de semis se pose en bas-champs. Les agriculteurs disposent en effet de stock de semences traitées. Les dates butoirs de semis sont très liées aux besoins des variétés en vernalisation. La vernalisation est un processus nécessaire pour le passage de l’état végétatif à la montaison des épis. Ce processus s’acquiert par un séjour du blé à des températures froides (de 3° à 11 °). Les besoins en vernalisation varient de quinze jours pour les variétés alternatives à soixante jours pour les variétés très hiver.
C’est avant tout la note d’alternativité de la variété qui est le critère déterminant.
- En novembre – décembre, voire janvier, il est encore possible de semer pratiquement toutes les variétés, même les variétés hiver comme Bermude, Bergamo, Expert, Selekt, Pakito, Premio (notes d’alternativité de 2) et Rubisko, Allez-y, Altigo, Barok, Koreli, Oxebo, Dinosor (notes d’alternativité de 3). Certes, nous ne sommes plus dans les dates optimales de semis, le potentiel de rendement est en retrait par rapport à un semis d’octobre mais il reste correct.
A notes d’alternativité égales, il faut privilégier les variétés les plus tardives pour les premiers semis. Au 15 janvier, il est préférable de semer des variétés précoces comme Pakito ou Altigo plutôt que des variétés tardives comme Bermude ou Bergamo. Les dates d’épiaison et de maturité seront décalées et risquent de retarder les récoltes pour les variétés tardives.
- En février, seules les variétés plus alternatives pourront être implantées sans risque, pour que les besoins en vernalisation soient couverts. Des variétés comme Alixan, Apache, Fluor, Graindor, Soissons, SY Tolbiac (notes d’alternativité de 4) et Cellule, SY Moisson (notes d’alternativité de 5) conviennent à cette date de semis.
- Début mars, il faut s’orienter vers des variétés alternatives comme Sposor, Bagouyon (notes de 6), Cézanne (notes de 7), Altamira (notes de 8) puis ensuite vers des blés de printemps.
- Après le 15 mars, il semble plus judicieux de s’orienter vers d’autres cultures (orge de printemps, pois,…)
A ces dates tardives, encore plus qu’en semis précoce, il faut privilégier les semis en bonnes conditions. En bas-champs, mieux vaut semer en bonnes conditions au 15 février qu’en mauvaises conditions au 1er décembre. Les semis de février, implantés en bonnes conditions, gardent un potentiel correct de l’ordre de 80 q.
A ces dates (décembre à mars), les densités de semis conseillées se situent autour de 350 grains /m² sans dépasser les 400 grains au m².