Agroalimentaire
Ces entreprises qui restent en Russie malgré la guerre
Faut-il continuer de faire fonctionner les usines de production agroalimentaire dans un pays sous la menace d’une invasion comme dans celui qui en est à l’origine ou les fuir ? La question, posée à Bonduelle et Lactalis, reçoit la même réponse tandis que Saipol (groupe Avril) change son fusil d’épaule.
Faut-il continuer de faire fonctionner les usines de production agroalimentaire dans un pays sous la menace d’une invasion comme dans celui qui en est à l’origine ou les fuir ? La question, posée à Bonduelle et Lactalis, reçoit la même réponse tandis que Saipol (groupe Avril) change son fusil d’épaule.
C’est la question que beaucoup de monde se pose et elle est arrivée lors d’une conférence de presse de présentation des résultats semestriels de Bonduelle, le 4 mars dernier. À l’heure qu’il est, le géant français du légume transformé n’envisage pas de fermer ses trois usines de transformation situées en Russie qui emploient environ 900 personnes. «Notre position, c’est de ne pas ajouter à cette guerre une crise alimentaire. C’est dans ce sens-là qu’on met tout en œuvre pour garantir l’approvisionnement et préparer la campagne 2022», a déclaré le directeur général du groupe Guillaume Debrosse, le 4 mars.
Bonduelle possède une usine à Belgorod (légumes surgelés) près de la frontière ukrainienne, et deux autres à Timashevsk et Novotitarovskaya (légumes conserves), dans le sud du pays, près de la mer Noire. Bonduelle affirme être en train de travailler à «sécuriser» l’importation de semences et de plaques métalliques nécessaires à la fabrication des conserves (pois, haricots, maïs). Concernant l’Ukraine, «les magasins sont encore bien achalandés par les stocks, mais à un moment donné se posera la question de continuer à approvisionner, et de voir dans quelle mesure on peut utiliser les corridors sanitaires pour acheminer nos produits de la Hongrie vers l’Ukraine», a ajouté Guillaume Debrosse.
«Honorer les engagements»
Le son de cloche est le même du côté du géant mondial du lait, Lactalis : «Notre mission, partout où nous avons des implantations, est de nourrir la population et de proposer un débouché à la production de lait», a indiqué le groupe Lactalis le 4 mars. «Tant que la sécurité de l’ensemble de nos employés et l’intégrité de nos installations sera effective», le groupe «honorera ses engagements», ajoute-t-il. Lactalis assure mettre à l’arrêt ses sites de production, en Ukraine et en Russie dès que la sécurité de ses collaborateurs et de ses partenaires «est engagée.». Enfin, les sites Lactalis en Russie «continuent à produire et les produits à être commercialisés. Nous respectons les dispositions gouvernementales concernant la situation dans le pays», conclut l’entreprise.
Saipol revoit sa stratégie
Autre entreprise française à avoir des intérêts en Ukraine, le groupe Avril. Sa filiale Saipol, qui valorise «plus de la moitié» de la collecte oléoprotéagineuse française, a annoncé le 7 mars vouloir réorienter vers l’alimentaire le tournesol destiné aux biocarburants en réaction à la guerre en Ukraine. «Disposant d’une réserve d’oléoprotéagineux destinés à l’usage énergétique, Saipol a d’ores et déjà pris la décision d’orienter toute sa production d’huile de tournesol vers le marché alimentaire afin d’assurer la continuité d’approvisionnement des industriels, et notamment de Lesieur», selon un communiqué. Avril, dont la marque Lesieur est «100 % origine France», tient à rassurer sur la disponibilité de son huile alimentaire. Le groupe dit travailler en parallèle à «identifier les meilleures alternatives possibles aux huiles d’importation utilisées pour les marques distributeur ou la RHD».